L’installation de Pierre Coursol et de sa femme Louise Pariseau, sur leurs lots, au lac de l’Achigan, en 1880, ressemble sans doute à celui des Beauchamp, des Limoges et des Forget, leurs voisins.
« Il leur a fallu transporter à dos d’homme, provisions, outils, vaisselle, meubles et literie, car il n’y avait ni routes, ni habitations, ni animaux domestiques », rappelait Alfred Benjamin Cruchet2, voisin et chroniqueur à l’Avenir du Nord. Celui-ci rappelait dans sa chronique que Pierre Coursol, mort à 90 ans en 1907 « a d’abord élevé à la hâte un misérable chantier en s’attaquant à la forêt pour y construire un camp temporaire. Quand la farine et le lard manquaient, il fallait aller à pied en chercher à Saint-Jérôme et à Glasgow (sic), heureux quand on avait de l’argent pour payer ou que l’on acceptait de nous faire crédit ».
Ouverture du 10e rang
Selon la carte de l’arpenteur Leclaire, la famille Coursol occupe en 1886, plusieurs lots sur le 10e Rang. Il semble, selon cette chronique, qu’une de leurs sources principales de revenus ait été l’exploitation hivernale du bois de charpente pour alimenter les scieries en bordure du lac de l’Achigan.3 L’été, ils cultivaient quelques champs péniblement dégagés des souches et des pierres. Entre les roches très présentes, ils réussissaient avec un travail acharné à cultiver herbacées, foin et luzerne pour nourrir un petit troupeau de vaches laitières qui, avec celles de leur voisin, alimentaient la beurrerie en bas du village. Certains champs productifs étaient réservés aux céréales, avoine, blé et lin pour leur alimentation et celle des animaux.
bardeaux de pin, source de revenus
« L’hiver venu, poursuit le chroniqueur, ils allaient dans la montagne abattre des pins, les fendre et glissaient ce bois de bardeaux devenu glisse-neige jusqu’à la maison où on les fabriquait. Madame Coursol, elle-même, coupait, sciait, fendait le bois et le traînait jusqu’à la maison pour faire du bardeau jusqu’à une heure avancée de la nuit. Elle en fit jusqu’à 50 000 dans un hiver. Quel courage ! Mais quand la faim talonne, il faut bien se remuer ! Le printemps venu, on le chargeait dans une voiture que le cheval tirait sur un mauvais sentier de bât jusqu’au grand bac sur lequel on chargeait le tout pour se rendre, en ramant jusqu’à la décharge (du lac de l’Achigan) et de là atteindre Glasgow (sic) par le Chemin du Roi. Les bardeaux vendus à vil prix, on s’approvisionnait tant bien que mal, plutôt mal, et l’on reprenait la route du chantier avec de quoi manger ».
Hommes politiques
« Personnes de haute stature, les membres de cette famille imposaient par leur taille, leur présence et leur humour joyeux », souligne Cruchet. Les Coursol ont été très impliqués dans le monde politique de la municipalité naissante. Il semble qu’Octave I Coursol, fils de Pierre, ait été maire durant les années 1868 à 1881 et 1884 à 1890, entrecoupé du passage de Jean-Baptiste Beauchamp, maire de 1881 à 1884. Pierre Coursol a été échevin durant tout le mandat de son fils Octave I et durant celui de Jean-Baptiste Beauchamp. Puis, ce fut au tour du fils, Octave II Coursol, d’être élu maire de 1894 à 1908 après une interruption de 1890 à 1894, où M. Dorion a été maire. Tout porte à croire que la confiance que les électeurs ont accordée durant près de 40 ans à cette famille d’hommes politiques provient du fait qu’elle faisait face comme eux aux défis de survie.
Bien implanté dans la communauté, Octave II avait comme conjointe, Azilda Beauchamp, fille de Théophile Beauchamp, pionniers du lac de l’Achigan. Leur fils Napoléon Coursol a épousé Marceline Amanda Labelle, fille d’Amable Labelle, frère de Delphis Labelle, également famille pionnière de Saint-Hippolyte. Vers les années 1910, les derniers membres de cette famille se sont installés dans la région de Ferme-Neuve.
1 Michel Bouchard, Bardeau de cèdre blanc de
l’Est, Centre de recherche industrielle du
Québec, 2006.
2 Avenir du Nord — 10 mai 1907, page 1 Notice
nécrologique de A.B. Cruchet.
3 Parmi les trois scieries au lac de l’Achigan,
il y avait celle de M. Labonté, acquise de
M. Desmarais et celle de Louis Brière acquise
de Jos Limoges.