En juin dernier, une grande réception s’est tenue à Saint-Hippolyte afin de célébrer le 40e anniversaire de notre journal communautaire, Le Sentier.

 

À cette occasion, j’ai été invité à la fête, et surtout, j’ai été honoré par la réception d’un petit carton relié à un fin cordage avec la mention : « Alain Chaurette, journaliste ». Ce dernier, accroché à mon cou m’a d’abord rappelé le scapulaire et les médailles de Saint-Joseph que l’on épinglait à nos sous-vêtements quand j’étais enfant. C’était l’époque des symboles religieux, aux temps forts de la foi catholique.

 

Après la soirée, je suis rentré chez moi, gonflé à bloc. Cette reconnaissance inattendue de mon nouveau statut, malgré ma vocation tardive, m’a ému au plus haut point. Puis, une question m’est venue : « Comment pourrais-je mettre à profit mon nouveau métier?» Nombre d’hypothèses se sont déroulées dans ma tête, sans qu’aucune ne soit retenue. Et je me suis endormi.

 

Une nuit de rêves

Après un tel choc émotif, j’ai rêvé toute la nuit. J’ai fait un songe improbable, mais tellement réel dans mon subconscient. Eh oui, j’ai réussi à obtenir une entrevue avec Vladimir Poutine. Assis face à face, au bout d’une longue table ovale à n’en plus finir, monsieur Poutine s’est livré généreusement à l’exercice. Certes, je n’ai pas osé le tutoyer, car une telle formulation : « Écoute mon Vladimir » aurait pu le froisser et par le fait même, me faire condamner au Goulag!

 

Passons à l’entrevue

AC :  Parlez-moi de votre parcours scolaire.

VP :  J’ai appris à lire très jeune malgré quelques difficultés. Je crois savoir que notre alphabet est fort différent du vôtre. Alors que vous apprenez d’abord A.B.C., moi, j’ai commencé par K.G.B. Au secondaire, j’ai eu des problèmes de santé mentale. On m’a déclaré « artistique » ou plutôt « autistique », je crois. Un éminent psychiatre m’a évalué plus tard avec un diagnostic moins lourd. On m’a classé « espère-guerre ».

AC :  Vous voulez dire « Asperger »?

VP :  Oui, c’est ça. Faut me pardonner, je suis dyslexique en plus d’être obsédé par le mot « guerre ».

AC :  Connaissez-vous quelques artistes québécois ou canadiens?

VP :  J’ai entendu parler de Lisa Leblanc, celle qui chante Ma vie c’est d’la marde. Au fait, si un jour vous la croisez, dites-lui donc de ma part que sa vie, à côté d’la mienne, c’est d’la p’tite merde.

AC :Parlez-moi de votre vie sexuelle.

VP : Ça monsieur, s’est top secret.

AC : Nous, on connait votre « goulasch », mais que pensez-vous de notre mets national, la poutine?

VP :  Pour un peuple ayant longtemps trempé dans l’eau bénite, n’avez-vous pas l’impression, d’une certaine manière, de manger du prochain avec une telle appellation?

AC :  Quelles sont vos œuvres musicales préférées?

VP :  J’adore Ouverture 1812 de Tchaïkovski*. Je dois cependant dire que ce n’est pas tant la musique qui me donne des frissons, mais les coups de canon qui retentissent à la fin de l’œuvre. J’ai aussi longtemps « trippé » sur la musique de Richard Wagner. Mais aujourd’hui, même le nom de Wagner me donne des boutons. C’est un mot désormais banni de mon vocabulaire.

AC :  Quelles sont vos aspirations les plus profondes?

VP :  J’en ai qu’une seule, soit de devenir le futur TSAR de Russie. Mais à défaut, je me contenterai d’être une STAR!

AC :  Merci mon Vladimir

 

*Ouverture 1812 : Œuvre musicale commandée à Tchaïkovski afin de commémorer la victoire de l’armée russe contre les troupes de Napoléon. Cette dernière se termine par une salve de coups de canon spectaculaire.