Qui a gagné les parties de hockey entre les jeunes Atomes de Prévost, Saint-Sauveur et de Saint-Hippolyte ? Nous sommes en janvier 1980, mon plus vieux Philémon veut jouer au hockey. Je l’inscris au club de Prévost pour des parties le samedi matin contre une équipe de Saint- Hippolyte ou de Saint-Sauveur, sur la patinoire locale de Shawbridge. Une fois sur deux, il neige et nous, les parents, nettoyions la patinoire avec les grattoirs. La vie est belle à regarder les jeunes jouer, debout sur le bord de la bande, les pieds dans la neige, avec une petite flasque de remontant prescrit par le médecin. Les jeunes sont contents. Mon fils a été chanceux d’avoir de bons entraîneurs comme Richard de Grâce, si mon souvenir est bon, qui était aussi l’entraîneur l’été au baseball. Il encourageait les jeunes, sans se prendre pour un coach de la Ligue nationale de hockey. Je viens de m’informer auprès des deux villes, les équipes de hockey interclubs qui jouent à l’extérieur, ça n’existe plus, depuis plusieurs années.
J’ai trois petits-enfants qui habitent Gatineau, où il se passe quelque chose que je ne connaissais pas. L’année dernière, dans l’ère pré -COVID-19, j’ai vu mes petits-fils jouer pour s’amuser, le vendredi soir, sans compétition, dans le programme Accès-Hockey de la ville. Chaque jeune du même âge, qui ne joue pas dans une ligue organisée, fille ou garçon, transsexuel ou transgenre, reçoit un équipement fourni par la ville et les parents payent 40 $ seulement pour toute la saison. Le même temps de glace, 2-3 minutes, à tour de rôle, une heure par semaine, pour chaque jeune. Pas de contact, pas de commotion cérébrale, pas de ligue nationale en vue, pas de stratégies ou de jeux complexes de la part des entraîneurs, etc. Juste jouer pour le fun. Son rôle n’est pas très glorieux, il se limite à ouvrir la porte du banc et à changer les joueurs à tour de rôle. J’ai été surpris, moi qui croyais que Saint-Jérôme était la capitale mondiale du hockey mineur, d’apprendre que ce système n’existait pas ici.
Je m’interroge. Le thème de l’identité québécoise est de plus en plus présent dans l’actualité. Un bon moyen pour se définir comme un vrai Québécois ne consiste-t-il pas à jouer au hockey ? Au moins dans une ligue de garage comme celle des Boys ? Les questions concernant l’identité sont à la mode. Après « avoir jeté le bébé avec l’eau du bain », avec la Révolution tranquille, dixit Jacques Grand’Maison, nous les Québécois ne savons plus qui nous sommes. Notre plus grand « héros » national Elvis Gratton a bien essayé de nous définir : canadien français, français canadien, etc. Ne croyez-vous pas qu’une bonne définition serait : Un vrai Québécois est celui qui adore le hockey ou qui a joué dans une équipe de jeunes, sur une patinoire extérieure, pendant quelques années ?
Finalement, qui des équipes de Saint-Sauveur, Saint-Hippolyte et Prévost, selon vous a gagné le plus de parties dans la saison ? Tous les jeunes qui ont joué, simplement… et leurs parents qui grattaient la patinoire… au lieu de pitonner…
Mon prochain texte présentera le très beau roman Le rocket de Roch Carrier sur la vie de Maurice Richard, notre héros national. En voici un extrait : « Les partisans réclament des buts, ils lui donnent la responsabilité de représenter sur la patinoire la race canadienne-française. Cette race ne veut pas perdre. » (p. 168)