Chapelle Ste-Anne du lac Connelly, effondrée en soirée du 15 mars 2019
La chapelle Ste-Anne du lac Connellyâ s’est effondrée, presque sans bruit selon les voisins, vers 21 heures le 15 mars 2019. Selon les constatations du voisinage interrogé et du service d’incendie de Saint-Hippolyte appelé sur place, tout semble que le poids de la neige ait eu raison de ce btiment déjà affaibli par des prélèvements structuraux effectués à l’automne dernier.
Cette chapelle était le témoin patrimonial hippolytois d’une forte période de villégiature dans les années 1960 et 1970. Ce lieu dominical de culte avait cessé d’être utilisé en 2008, faute d’une participation financière suffisante des paroissiens pour en assumer les frais de chauffage et d’entretien. Cette menace de fermeture planait depuis longtemps, malgré la vie liturgique riche de témoignages de Jacques Grand’Maison qui y a assumé les dernières célébrations religieuses de 1984 à 2008. La présence assidue d’une chorale à l’animation dynamique était très appréciée et de nombreux visiteurs venaient pour entendre le prône très actuel, de ce chanoine sociologue.
90 ans au service des catholiques résidents et villégiateurs
L’histoire de ce coin de pays hippolytois nous indique qu’une première chapelle fut construite en 1929, sur un terrain offert par la famille Lavoie, sur un emplacement en pente, visible du lac comme cela se faisait à l’époque, coin de l’actuelle 117e et 121e Avenue. Elle permettait aux paroissiens éloignés de près de huit kilomètres (cinq milles) de l’église-mère du village d’assister plus régulièrement aux offices religieux dominicaux printaniers, estivaux et automnaux et lors des temps forts de la liturgie catholique. Aux dires des membres des familles Lavoie, Sigouin, Sylvain, Villeneuve et autres qui la fréquentaient, sa structure rudimentaire, soulevée du sol par des poteaux qui présentaient en dessous un vide accessible, et son toit et ses murs non isolés, la rendaient difficile à chauffer.
Don monétaire «du ciel »
Alphonse Sylvain et ses frères aiment se rappeler le temps où, le dimanche durant les offices, ils se glissaient sous les madriers du plancher qui s’étaient espacé en séchant et qui laissaient passer, au désagrément des paroissiens, la monnaie échappée de leur poche au moment de la quête. Ses frères, lui et quelques voisins guettaient, à l’obscurité, le bruit des pièces de 5¢ ou 10¢ qui tombaient « du ciel ». C’était une recherche à l’aveugle pour repérer le premier de ses mains sur le sol, cette monnaie de grande valeur pour eux. Ils dépenseraient leurs trouvailles en friandises à la salle de danse chez Anthime Sigouin, actuellement Dépanneur Marché du coin.
Nouvelle chapelle
En 1943, la présence de plus en plus grande de villégiateurs à cette époque très religieuse qui devaient assister à une des deux, voire trois messes dominicales, une deuxième église a été construite sur le 8e Rang, actuellement chemin du lac Connelly. Ce terrain, aussi offert par la famille Lavoie, offrait plus d’espace de stationnement aux automobiles de plus en plus nombreuses. Pour construire cette deuxième église plus vaste et munie d’un jubé, on récupéra une partie des matériaux de l’ancienne église. Au dire des témoins de cette époque, il tellement de bois sur le lieu de cette première église, que le nouvel acquéreur s’en servit pour construire trois chalets.
La nouvelle chapelle, d’abord rudimentaire, a été graduellement isolée et les murs furent lambrissés de panneaux de bois naturel et verni qui lui donnaient un cachet rustique. La petite pièce qui servait de sacristie a aussi été réaménagée deux fois pour rendre plus confortable la présence du célébrant entre les offices du dimanche, les baptêmes et premières communions. Le samedi, plusieurs mariages et anniversaires de mariage y ont aussi été célébrés. La proximité du Restaurant des Nations et de la salle de réception de l’Hôtel-Motel Beausoleil, en facilitait l’organisation.
Offices bilingues
La cohabitation des familles francophones et anglophones a toujours été très présente à Saint-Hippolyte. Si durant la majorité de l’année, il y avait plus de francophones qui assistaient aux offices religieux, la saison estivale ramenait des paroissiens anglo phones soucieux de poursuivre leur pratique religieuse. À partir des années 1960 et 1970, des messes bilingues, en partie ou en totalité, étaient alors célébrées par les officiants, le samedi et le dimanche. Pour encourager la participation, selon le renouveau liturgique proposé par le concile Vatican II 1, les paroissiens trouvaient, dans le banc devant eux, un livret de messe, soit en anglais ou en français et, selon les années, comprenant les deux langues. L’homélie était répétée une fois en français et une fois en anglais. L’abbé Goulet, à l’instar de certains politiciens de l’époque, amorçait son homélie dans une langue et la poursuivait, spontanément dans une autre. Je me rappelle, enfant que nous n’étions pas seul alors à demander à nos aînés : « Qu’est-ce qui dit ? Qu’est-ce qui dit ? », pour nous entendre dire, gêné…« Je l’sais pas ! ».
1 Ouvert le 11 octobre 1962 par le pape Jean XXIII et se terminant le 8 décembre 1965 sous le pontificat de Paul VI, il symbolise une ouverture au monde moderne et à la culture contemporaine, et il prend en compte les progrès technologiques, l’émancipation des peuples et la sécularisation croissante.