Aujourd’hui, certains événements de la Seconde Guerre mondiale restés secrets ou très peu connus sont dévoilés. Pour éviter des insurrections, l’Angleterre envoie des prisonniers allemands dans ses anciennes colonies, dont le Canada.

 

De 1940 à 1946, plus de 35,000 de ces prisonniers seront répartis dans une vingtaine de camps, dont 10 au Québec. Dans ces camps, il y a des conflits, car les Canadiens gèrent les camps, les Britanniques en ont la responsabilité et la prise de décisions alors que la discipline à l’intérieur des camps est l’apanage des officiers allemands. Parmi les prisonniers, plusieurs professions sont représentées, médecins, ingénieurs, professeurs, dentistes ou cuisiniers, et rapidement les camps s’organisent. Des groupes se forment dans le but de déjouer la surveillance. Une radio bricolée et cachée dans un sofa réussit à capter Berlin, heureusement sans toutefois pouvoir émettre. Des tunnels sont creusés et plusieurs tentatives d’évasion s’avèrent infructueuses. Certains planifient de se rendre en Gaspésie où des sous-marins auraient été envoyés dans la baie des Chaleurs pour les récupérer.

 

Complot et permission

Au camp Grande Ligne, situé près de Saint-Jean-sur-Richelieu, un comité secret se forme sous le nom HariKari Club et complote le plan d’une évasion massive, prévoyant tuer tous les gardiens et saboter centrale électrique, dépôt de munitions, aéroport, etc. Un prêtre catholique allemand les dénonce et une opération secrète transfère 200 prisonniers dans l’Ouest canadien, ce qui met fin au projet. Mackenzie King est mis au courant et décide de ne plus accepter d’autres prisonniers.

 

À Farnham, dans les Cantons de l’Est, un camp de plusieurs centaines de prisonniers est établi et est principalement composé d’officiers de l’armée du IIIe Reich. Disciplinés, ils ont la permission, sous bonne garde, d’assister aux offices religieux du dimanche et de circuler dans la ville. Pour la vie courante, le « programme des travaux » permet aux internés de s’adonner à des tâches rémunérées. Ainsi, les Allemands peuvent ouvrer le bois, réparer des chaussures ou coudre des vêtements pour la modique somme de 0.50 $ par jour. Des loisirs agrémentent la vie des détenus, des équipes sportives s’organisent, des films sont présentés et une bibliothèque est mise sur pied. Quelques-uns ont formé un orchestre qui donne régulièrement des concerts et performent à l’occasion à des fêtes communautaires ou des mariages.

 

Allemands dans nos champs

Il faut garder en mémoire que les Canadiens savent que l’Allemagne est en guerre, mais ignorent les horreurs d’Auschwitz ou Dachau. Avec ce camp de prisonniers sur son territoire, la ville de Farnham est devenue une zone militaire sous haute surveillance. La main-d’œuvre faisant défaut pour les travaux dans les fermes et les vergers, de 1944 à 1946, l’armée canadienne permet à certains détenus de travailler sur une base volontaire chez certains agriculteurs des environs. Selon la convention de Genève, ils sont logés, nourris et rémunérés. Sous la responsabilité des agriculteurs et contraints par un couvre-feu strict, les prisonniers d’origine allemande laissent une forte impression parmi leurs nouveaux gardiens. Beaucoup parmi eux surprennent leurs hôtes francophones, car ils parlent un très bon français, ce qui déplaisait aux autorités militaires canadiennes qui ne communiquaient qu’en anglais à l’aide d’un interprète allemand.

 

Pour en savoir plus

La fin de la guerre n’amène pas la liberté immédiate. Plusieurs mois s’écoulent avant de pouvoir finalement retourner en Allemagne. Cependant, en voyant leur pays ravagé, quelques-uns reviendront au Canada, mais pour y vivre, cette fois-ci, en citoyens libres. Pour en savoir plus, le film La vie d’un héros de Micheline Lanctôt et la série télévisée 39-45 en sol canadien (s1 ép2) diffusée à www.TV5Unis.ca et www.icitou.tv.

Autres sources : www.erudit.org/fr et www.tourismebrome-missisquoi.ca