Bénévoles du comptoir alimentaire
Déjà, dans notre société de consommation, la pauvreté isole ceux qui en souffrent. Imaginez comment vivent actuellement ces personnes avec la distanciation et le confinement.
À Saint-Hippolyte, on estime que plus de 60 % des bénéficiaires qui fréquentent le Comptoir Alimentaire vivent seuls. Depuis mars 2020, le ralentissement de l’économie et les nombreuses pertes d’emplois ont obligé 15 nouveaux bénéficiaires, familles et célibataires à faire appel à ce service. Heureusement, chaque semaine, ils trouvent chez nos invisibles remarquables du mois plus qu’un soutien alimentaire, ils maintiennent des liens sociaux, essentiels pour tout être humain.
Lourde solitude
C’est connu, encore plus que la pauvreté, la solitude pèse lourd chaque jour chez plusieurs personnes au Québec et dans le monde. Ainsi, pour eux, chaque semaine, leur visite au pavillon du lac Bleu permettait avant le confinement d’échanger et de briser temporairement cet isolement. Auprès des bénévoles, ces invisibles mais pourtant remarquables personnes, ils retrouvaient des visages connus et accueillants. Même qu’en hiver, ils partageaient durant quelques minutes café et commentaires sur l’actualité et parfois, sur leur vécu. Heureux, ils repartaient sachant aussi qu’auprès de ces invisibles remarquables, ils sont connus et attendus.
Un confinement qui change tout
Mais depuis mars, cette sortie hebdomadaire a changé. Plus question de contacts et de moments d’échange à l’intérieur du Pavillon. C’est plutôt une attente extérieure dans une longue file, devant respecter la distanciation de deux mètres. Ainsi, anonyme derrière un masque et silencieux, pas question d’échanges sur l’actualité et encore moins sur leur quotidienneté. Rendu à la table, chacun recueille rapidement sa boîte et quitte le pavillon. Pas question de socialisation. Heureusement, ils reconnaissent au-dessus des masques, le sourire au coin de l’œil d’un des invisibles remarquables connus. Probablement que chaque bénéficiaire aurait besoin de plus de contact, mais pour le moment, c’est impossible!
Au moins, petite consolation, une boîte les attend. Préparée par ces bénévoles, aux yeux des bénéficiaires, elle représente plus qu’un soutien alimentaire, c’est aussi un geste d’attention. « Voici ce que nous avons préparé pour vous! »
Conseillers, employés municipaux et bénévoles au secours
Situation encore moins aidante lorsque ce fut aussi au tour de l’équipe de nos invisibles remarquables du mois d’être à son tour confinée. Ayant été en contact avec une personne affectée, cette mesure nécessaire les a obligés à faire appel à de l’aide extérieure. Sous l’initiative du vice-président, une large mobilisation s’est ainsi mise en branle. Sont alors venus à leurs secours, durant quelques semaines : Louis Croteau, directeur du Service des sports, plein air et vie communautaire, Chantal Lachaîne, conseillère municipale et plusieurs bénévoles anciens et nouveaux recrutés par Bruno Allard, conseiller municipal dont Stéphanie Bouvrette, directrice de l’école du Grand-Rocher qui a joué un rôle remarquable de coordination ainsi que les membres du personnel de l’école dont la technicienne en service de garde. Au dire des bénéficiaires, ces généreuses personnes ont aussi assuré des liens sociaux indispensables par leur accueil, leur gentillesse et leur compréhension.
Prêts à de nouveaux défis
Heureusement, depuis cet incident fâcheux, tous nos invisibles remarquables ont repris leur bénévolat sans séquelle. Mais un autre défi se présente à eux, celui d’assurer une partie du financement de leur organisme tout en composant avec le confinement. Si par le passé, sous l’égide de Moisson Laurentides, les deux guignolées annuelles permettaient un apport financier, les conditions actuelles obligent cet organisme à procéder autrement. Déjà, un encan virtuel a été mis en place. Voir https://encanmoissonlaurentides.encanweb.ca. Ce sera probablement une des formules que le Comptoir Alimentaire vous proposera. Bien sûr, toute contribution monétaire est appréciée et, comme par le passé, une sollicitation postale sera mise en place. Peut-être y aura-t-il de nouvelles formules ? C’est un rendez-vous à suivre dans l’édition de décembre du Sentier