Marie-Josée Desjardins présente l’exposition PluriElles dans la salle multifonctionnelle de la bibliothèque jusqu’au 4 novembre. Elle nous dévoile une série de portraits féminins, aux visages désarticulés. « Je m’intéresse à l’unicité dans le désordre. La richesse réside dans nos différences », précise-t-elle.

Ses créations parlent de la place des femmes dans notre société. L’artiste crée des visages désarticulés pour sonder l’idéal de la beauté féminine. Elle nous les livre sous diverses apparences en y inscrivant autant leur détermination que leur vulnérabilité. « La force des femmes doit être célébrée. Nous sommes plurielles. C’est vous, c’est moi, c’est chacune d’entre nous dans toute la complexité et la beauté que représente l’identité. »

 

Processus

Dans une première étape, Marie-Josée compose un collage numérique à partir de banques d’images. Ce faisant, elle recycle l’image féminine. Consciente que ce travail est l’amalgame de photos existantes qui ne lui appartiennent pas, elle ne considère pas ses montages comme des œuvres personnelles. Toutefois ils deviennent le moteur de ses créations. Comme elle a déjà en tête l’idée de ce qu’elle veut peindre, la composition de ses images est souvent déjà bien installée.

Marie-Josée monte elle-même la plupart de ses cadres. Elle applique du gesso* transparent sur les toiles pour conserver la matière brute de la fibre. Elle utilise l’acrylique. Une fois la peinture terminée, elle la vernit. Puis elle brode certaines portions. Ça peut être le contour d’un œil ou des lignes le long des aplats de couleur. C’est ce qui lui permet d’obtenir de la texture. « Je trouve que ça enrichit l’esthétique de la composition », explique-t-elle. En intégrant la broderie à ses toiles, elle fait aussi un clin d’œil aux femmes d’une autre époque qui, après leur dur labeur quotidien, brodaient pour le plaisir. L’artiste précise qu’elle ne s’adonne pas à l’ultraréalisme. Elle traduit ses collages en peinture. Elle peint en fonction de son ressenti du moment.

 

Style

Marie-Josée ne s’identifie pas à un style de peinture, même si on dénote dans ses tableaux l’influence du cubisme et du pop art. Elle comprend qu’on fasse des références à ces deux écoles. En les regardant, on pense inévitablement au cubisme du fait de la désarticulation. Et lorsqu’on voit les peintures sur lesquelles elle répète les images, on entrevoit Andy Warhol.

 

Peintures

Lorsqu’on regarde ses œuvres, on remarque plusieurs composantes récurrentes. Marie-Josée met principalement l’accent sur les yeux, différents l’un de l’autre, l’un qui observe et l’autre qui est observé au même instant. Elle martèle le message que les femmes sont plurielles. Les cercles qu’elle peint autour des têtes de ses personnages ne réfèrent pas au sacré. Elle transpose plutôt son attachement aux cadres anciens. Ils témoignent de l’histoire. « J’interroge le médium qu’est celui de la peinture au regard de l’histoire de l’art en redonnant à celui-ci son rôle initial/primordial, soit celui de la création de portraits. » Quant aux mains apposées en demi-cercle au-dessus de la tête, « c’est la connexion, le partage, les caresses, l’amour, le toucher. Ça rejoint mon intérêt de vouloir exprimer une solidarité dans cette communauté de femmes que je crée ».

 

Tout au long de son baccalauréat, Marie-Josée a travaillé avec des tissus. Ils l’ont toujours attirée. Les images aux motifs élaborés qu’elle sélectionne pour les coiffes et les vêtements de ses peintures témoignent de cette passion. Les reproduire est un défi tant au niveau du rendu de la lumière que de celui des teintes. Ce qui la stimule, puisqu’elle le perçoit comme une énigme à résoudre.

Impression

Soucieuse de rendre ses œuvres accessibles à un grand public, Marie-Josée propose aussi des impressions de certaines de ses œuvres, en séries limitées. Elles sont photographiées par un studio de photo professionnel pour obtenir des reproductions de grande qualité. Ce qui donne des images uniformes avec une lumière parfaite. Elles sont imprimées sur du papier aquarelle. Elle a choisi ce papier à cause de sa texture. « Il rend mieux le médium de la peinture qu’un papier ordinaire », explique-t-elle.

Plurielles

Marie-Josée Desjardins multiplie les points de vue en proposant diverses perspectives. En fractionnant les images et en les superposant, elle propose un nouveau moyen de retranscrire la réalité. « Mes peintures sont uniques et plurielles à la fois. Je souhaite que le spectateur pose un regard différent sur l’autre, mais aussi sur lui-même », conclut-elle.

 

*Gesso : enduit à base de plâtre et de colle.