Sylvain Miller présente son exposition photographique Dans une goutte d’eau dans la salle multifonctionnelle de la bibliothèque jusqu’au 10 juin. Venez découvrir ces images inédites. Elles ont une valeur artistique indiscutable. Elles dévoilent une incroyable profusion de petits organismes lacustres. Leurs formes minuscules ou microscopiques ont été grossies pour qu’on puisse aisément en observer les détails.

 

Sylvain Miller est biologiste. Il a fait carrière en enseignement. Il y avait un microscope de bonne qualité à l’école. C’est dans le cadre de ses cours qu’il a commencé à cueillir des organismes dans les milieux aquatiques pour les faire observer aux élèves. Et puis… il y a une dizaine d’années, il a acheté ses propres microscopes et un filet à plancton.

Choix des photos

Au cours des ans, Sylvain a accumulé plusieurs milliers de photos, surtout d’organismes vivants qui habitent dans l’eau. Les clichés qu’il a sélectionnés proviennent principalement des milieux aquatiques des Laurentides. Plusieurs ont d’ailleurs été pris au lac Cornu.

 

« C’est vraiment une rétrospective de toute la photo que je fais là depuis une vingtaine d’années. Je veux montrer la diversité de la vie en milieu aquatique », indique-t-il. Les organismes proviennent de milieux hétérogènes. Ils vivent dans différents habitats des lacs. Leurs particularités varient en fonction de la profondeur des eaux qu’ils fréquentent, de leur proximité des berges, etc. Chaque cliché possède sa note explicative. On peut ainsi cerner un peu mieux ce qu’on regarde. Il possède dix caméras. Ses prises de vues relèvent de plusieurs techniques photographiques. Bien sûr, le cadrage et l’amplification confèrent à ses photos une indiscutable valeur artistique.

La photographie en plongée

Plusieurs organismes qu’on retrouve dans l’eau sont visibles sans assistance. Ils peuvent donc être photographiés en milieu naturel. C’est le cas de plusieurs types de plancton. Les cyanobactéries, quant à elles, sont vraiment microscopiques. Mais comme elles vivent en colonies de plusieurs millions d’individus, on peut voir à l’œil nu des agrégats d’environ un millimètre de diamètre.

 

Qu’il soit en plongée sous-marine ou en apnée, Sylvain utilise un équipement léger qu’il apporte dans tous ses déplacements. « Je ne descends jamais dans l’eau sans une caméra », dit-il. Avec une lampe de plongée, il peut détecter les mouvements des individus. Avec l’expérience, il en est venu à en reconnaître plusieurs à la façon dont ils nagent. Si le mouvement est saccadé vers l’avant, ce sera un copépode. S’il bouge en montant et en descendant, ce sera une daphnie. S’il reste immobile, ce sera une colonie de cyanobactéries.

Il travaille principalement en macrophotographie, avec un objectif fixe de 35 mm, ce qui l’amène à s’approcher très très près de ses sujets. Pour y arriver, il doit contrôler sa flottabilité et ses mouvements. La patience est son mot d’ordre lorsqu’il est en plongée. « Il s’agit d’être là souvent, dit-il, et à un moment donné, on a des opportunités. » Il prend aussi des photos avec un téléobjectif pour aller chercher les animaux qui sont plus loin. Comme il y a peu de lumière sous l’eau, le flash constitue un élément important de son équipement.

 

La photographie sous microscope

Au début, Sylvain recueillait quelques litres d’eau qu’il filtrait ensuite pour en isoler les échantillons. Depuis qu’il utilise le filet à plancton, la cueillette s’est simplifiée. Il n’a qu’à descendre le filet et à le remonter. Son laboratoire est doté de loupes binoculaires et de microscopes à trois oculaires. C’est sur ce troisième qu’on fixe la caméra. Il possède un appareil photo qui va projeter l’image sur un écran d’ordinateur, ce qui lui permet de voir en direct ce qu’il y a sous l’objectif. Et il utilise une caméra numérique pour prendre ses clichés. Ses photos ne subissent aucune modification. Simplement, il les nettoie, car la poussière a pu laisser des grains sur l’image.

 

 

Petite particularité. Les photos prises au microscope n’ont pas de profondeur de champ. Notre photographe fait donc appel à une technique de superposition. Il va prendre 20 ou 30 images différentes du même organisme, avec chaque fois une mise au point différente. Toutes ces images seront assemblées pour n’en faire qu’une grâce à un logiciel.

 

Conclusion

Sylvain Miller, qui a pris sa retraite depuis six mois, compte intensifier cette activité qui l’enthousiasme. « L’étude du plancton m’intéresse depuis de nombreuses années. Parce que c’est quand même fascinant, ce sont des organismes qui sont minuscules, qui sont presque transparents, mais on peut aller n’importe où dans un lac ou un étang et on va en trouver. » La preuve qu’il s’agit pour lui d’une passion : « Je pense que dans notre vie, ma conjointe et moi avons visité à peu près cinq villes. Mais on connaît à peu près tous les milieux humides, autant en Europe qu’au Canada! »