Le 16 février, Laurent Paquin venait présenter son 5e spectacle solo au Théâtre Gilles-Vigneault. Est-ce la curiosité de cet étrange titre ou la popularité de cet humoriste qui aura fait en sorte que la salle affichait complet? Sûrement un peu des deux, mais une chose est certaine son humour plus tranchant, corrosif, mais avec de belles réflexions a su faire rire un public fidèle et toujours fébrile suite à sa venue.
Rachelle Elie en première partie
Elle est native de Toronto et avec son charmant accent anglophone elle vient réchauffer la salle avant l’arrivée de Laurent Paquin. Elle a été comédienne avant de joindre le rang des humoristes en 2019. Son parcours est assez remarquable, elle a notamment cumulé le plus de temps de scène dans la programmation du Zoofest 2022 et sa participation à son premier Gala Juste pour rire fut soulignée. Son aisance scénique à raconter des anecdotes a conquis l’auditoire. Elle nous confie qu’il y a 27 ans, elle a épousé un gynécologue et que les atouts féminins n’ont pas de secrets pour lui. Elle ne craint pas les sujets délicats ni de nommer les choses, faisant ainsi réagir la salle par ses propos assez directs. Elle est de la génération X, mais elle rejoint toutes les tranches d’âge. Son franc-parler et sa dérision ont su lui attirer des applaudissements d’appréciation.
L’histoire du Crocodile distrait
Laurent a 5 ans quand il invente sa première blague pour faire rire ses parents. Le sujet est un crocodile distrait, qui met du sucre dans son hamburger et de la moutarde dans son café. En septembre dernier, il a publié cette histoire pour la littérature jeunesse.
Une entrée sous les néons
Des néons fluorescents éclairent la scène afin d’accueillir celui qui saura nous en faire voir de toutes les couleurs. Dès son entrée, Laurent nous dit « les débuts de shows c’est ma force » et il ne mâche pas ses mots afin de nous exprimer ses questionnements face au bonheur. Selon lui, il n’a pas le bonheur facile. Pourquoi et comment on est heureux et pour combien de temps, etc. Très sérieusement, il affirme « j’suis plus vieux que mon père quand il est mort » et il enchaîne en nous parlant de la fameuse bucket list (liste de rêves), mais que lui ne ferait jamais. Par exemple, un marathon et le nudisme en précisant qu’il ne combinerait pas les deux, ou du parachutisme, car il est conscient que le gars qui serait derrière lui l’utiliserait pour amortir le choc lors de la descente, etc. Ou bien « aller en Australie, car les araignées y sont si grosses qu’elles sont déductibles d’impôts quand tu en écrases une ».
Laurent déclenche beaucoup de rires suite à ses blagues qui sont dites avec un aplomb parfois déroutant. Il nous parle des animaux qui ne sont pas heureux en citant l’orignal. Comment pourrait-il être heureux? Il dort debout et se promène avec un support à vélo sur la tête! La bêtise humaine fait partie de ses sujets ainsi que la peur de tout dans la vie. Un autre objet de discussion est le karma, ce principe selon lequel notre sort serait déterminé par le bilan de nos vies antérieures. Notre humoriste nous parle des livres qui traitent de cela tout comme ceux de la croissance personnelle ou de la pensée positive, en affirmant « cela peut faire du bien d’y croire pour certaines personnes. Moi, cela fait 15 ans que je vois mon chiro… ». Les rires suivent cette réflexion émise parmi bien d’autres. Il n’aime pas les proverbes ou les phrases toutes faites du genre : la nuit porte conseil, vivre le moment présent. Le temps est un sujet important et il nous en nomme sur tous les temps en jonglant avec les homonymes.
Le bonheur est la somme des petits bonheurs
Cette phrase, que Laurent nous a dite vers la fin du spectacle, est à l’opposé de ce qu’il affirmait plutôt, mais à sa façon il aura contribué à notre bonheur le temps de cette soirée. Même s’il a infligé quelques écorchures au passage avec sa bonhommie et ses textes si bien ciselés, on ne pourrait lui en tenir rancune. Pour clore le tout, Laurent s’accompagne de son ukulélé pour nous interpréter quelques chansonnettes. Après une prestation de près de deux heures, il reçoit une ovation de plusieurs minutes. Par la suite, c’est avec un plaisir évident qu’il rencontre les spectateurs.
Pour infos : theatregillesvigneault.com
Photo : courtoisie
