C’est le 9 mars que la célèbre drag queen Rita Baga est venue présenter son spectacle Créature, sur la scène du Théâtre Gilles-Vigneault. La salle bien remplie confirme l’intérêt que suscite cette artiste, puisque c’était un soir de supplémentaire dans le cadre de sa tournée amorcée en 2021. À l’image du personnage, les spectateurs pouvaient présumer que la soirée serait colorée, festive et étonnante.
Rita Baga se démarque
Depuis maintenant près de 15 ans, Jean-François Guèvremont transforme ses traits afin de donner vie à Rita Baga. Il maitrise très bien l’art d’être une drag queen et sa popularité ne cesse de grandir. Rita s’est fait connaître lors de ses passages aux émissions Big Brother Célébrités et au Canada’s Drag Race où elle s’est taillé une place de choix, tout en représentant son héritage francophone avec fierté. À souligner qu’elle fut la finaliste pour la première saison de cette téléréalité et qu’en novembre dernier elle fut l’une des neuf concurrentes pour Canada’s Drag Race : Canada vs The World.
Quand la créature apparaît
Ce soir, à la salle du TGV où toutes les tranches d’âge sont représentées, le public attend avec fébrilité que la drag queen la plus populaire en ville fasse son apparition. Alors que tous les regards sont rivés vers le décor, Rita apparaît sur le côté de la salle. Juchée de bottes aux talons vertigineux et arborant un costume exceptionnel, elle se dirige vers la scène. On dirait presque une vision intergalactique! Des applaudissements accueillent celle qui sait se faire remarquer. L’une des chansons en introduction fut Empire de Marie Mai et cela donne le ton à la soirée.
Un voyage musical unique
Rita échange quelques mots de bienvenue avec l’auditoire qui est ravi d’assister à la 86e représentation de sa tournée. Avant de disparaitre le temps d’un changement de costume, elle nous affirme comme une image à son spectacle « vous pourrez et vous devez être vous-même ». On peut voir au fond de la scène une capture vidéo présentant une planète. Une voix qui semble venir d’un autre monde nous informe de la venue de la Créature dans différentes décennies avec des succès s’y référant. Des effets spéciaux et des jets de lumière phosphorescents rendront encore plus spectaculaire la prestation de Rita. La mystérieuse voix nous annonce « la créature a lu sur nous les humains, elle se dit être notre déesse ». La reine des drag queen apparaît afin de nous faire vivre la folle époque des cabarets.
Avec sa coiffure blonde et sa sublime robe blanche où une cape de paillettes dorées complète le tout, la référence au « look » Marilyn Monroe est évidente. C’est d’une voix juste et assumée qu’elle nous offre Wilkommen (Cabaret), ainsi que When You’re Good To Mama. Elle poursuit avec L’objet popularisée au début des années 60 par l’inoubliable Guilda à l’humour un peu coquin. À travers cette drag queen on se souviendra de ce célèbre artiste travesti qui a fait les belles années du Théâtre des Variétés et de plusieurs boites de nuits montréalaises. La créature s’éclipse le temps de nous revenir avec une superbe robe clinquante annonçant les années jazz et de sa voix haut perchée, elle fait participer le public avec Cry Me A River.
Durant les années 70 et 80, les mœurs évoluent tout comme la musique. L’engouement pour les permanentes, les épaulettes et les effets spéciaux est bien présent alors que Rita nous offre un échantillon de cette période « disco » avec la fameuse boule suspendue au plafond. Avec Lady Marmelade, Knock On Wood ou Funkytown l’envie de danser se fait ressentir dans la salle. La reine de la drag nous rappelle la regrettée Dalida avec Gigi in Paradisco en chantant et en dansant avec une aisance remarquable. En approchant des années 90, Rita nous revient habillée et coiffée à la Céline Dion afin de se rappeler Ne partez pas sans moi et Incognito qui fut presque emblématique.
De la diversité en tout
Lors du spectacle il n’y a pas d’entracte, mais Rita se permet en quelque sorte une pause en échangeant avec les spectateurs. Cette interaction avec le public est presque thérapeutique pour elle et le tout est teinté d’humour. Cela lui permet de prendre le pouls des gens et de constater que finalement, il y a maintenant une belle ouverture envers les drag queens et qu’elles peuvent être de toute identité de genre ou d’orientation sexuelle. Rita nous précise que son spectacle est en constante évolution et que très bientôt elle atteindra l’objectif d’une centaine de représentations.
Elle poursuit en interprétant Man! I Feel Like A Woman! à la manière de Shania Twain et le public embarque dans sa belle folie. On a pu aussi apprécier le segment des top-modèles faisant référence à la populaire téléréalité Canada’s Drag Race. Elle fait une incursion dans l’univers de Katy Perry, d’Ariana Grande, Beyoncé et Rihanna. Plusieurs autres succès furent mis à l’honneur, mais celle qui la fascine c’est la chanteuse Adele. Avec Easy On Me ou la si belle Set Fire To The Rain suivie de Rolling in The Deep qui captive la salle, Rita conclue avec Hello qui nous charme tout autant que son interprète.
On se souviendra de Créature
Les costumes exceptionnels, la mise en scène, les clins d’œil aux années charnières de la musique, etc., tous ces éléments auront contribué à rendre ce spectacle des plus divertissants. Ajoutons à cela les multiples talents de l’artiste tout en étant la plus « hot » des drag queens. L’auditoire est conquis par celui qui incarne avec authenticité Rita Baga, une créature hors de l’ordinaire avec un talent extraordinaire. En guise d’au revoir elle philosophe en nous disant « la différence ne devrait jamais diviser, mais rassembler ». Au-delà de l’acceptation de la liberté des arts sous toutes ses formes, une ovation et des applaudissements bien mérités lui sont offerts.
Pour infos : www.theatregillesvigneault.com