Combien de gaz à effet de serre (GES) émet annuellement votre voiture si vous laissez tourner le moteur, au ralenti, 10 minutes par jour ? Combien de dollars sont sauvés, annuellement, par une personne qui évite cette pratique ? Est-ce que « couper » le moteur permet de lutter efficacement contre le réchauffement climatique ?
L’hiver est arrivé en trombe cette année : dès la mi-octobre, le givre annonciateur de froid envahissait le pare-brise de votre voiture et vous incitait (déjà ?) à utiliser votre démarreur à distance. Quel confort que d’entrer dans une voiture chaude et de n’avoir qu’à passer un coup d’essuie-glace pour prendre la route! Pourtant, en regardant de plus près, on constate que ce geste n’est pas si anodin qu’il en a l’air…
Bon pour l’environnement
Selon diverses sources consultées, la marche au ralenti du moteur d’un véhicule léger consomme entre 1,6 et 2,5 litres d’essence par heure. Chaque litre d’essence consommé produit environ 2,3 kg de CO2. Sur une base annuelle, un moteur qui tourne au ralenti 10 minutes par jour va consommer tout près de 100 litres d’essence et émettre 230 kg de CO2. C’est plus de trois fois le poids moyen d’une personne adulte! Et 100 litres, à 1,25 $ le litre, c’est quand même 125 $ qui s’envolent carrément en fumée… remplie de CO2!
« Éviter la marche au ralenti est une mesure concrète et pertinente pour lutter contre les GES et faire des économies », affirme sans ambages François Lafortune, chargé de cours au Centre universitaire de formation en environnement de l’Université de Sherbrooke. Le docteur en chimie est catégorique : «… l’adoption de tout comportement visant la réduction de consommation de carburant va de soi. Éviter de faire tourner le moteur de votre véhicule au ralenti est un de ceux-là! Non seulement il évite l’émission de GES, mais il vous permet, en plus, de réaliser des économies… ». Selon lui, utiliser le démarreur à distance pour des périodes dépassant 2 à 3 minutes, laisser tourner le moteur alors que le véhicule est immobilisé (en attendant que votre douce moitié descende du train, ou encore, au service à l’auto de votre chaîne de restauration rapide) ne sont que quelques exemples de pratiques qui pourraient être évitées.
Il termine en soulignant que de plus en plus de modèles de véhicules disposent maintenant d’un coupe moteur lorsque les freins sont appliqués. Ces systèmes permettent donc de n’utiliser le moteur que lorsque le véhicule est en déplacement.
Le chauffe-moteur pour combattre les GES ?
En hiver, l’utilisation d’un chauffe-moteur permet de diminuer le « besoin » de laisser tourner votre moteur au ralenti. Cet appareil peu coûteux réchauffe le liquide de refroidissement, qui, à son tour, réchauffe le bloc moteur et les lubrifiants. Selon le ministère des Ressources naturelles du Canada, en plus de permettre au moteur de démarrer plus facilement, l’utilisation de ce dispositif lui permettra d’atteindre sa température de fonctionnement plus rapidement. La chaleur tant attendue chauffera votre habitacle d’autant plus rapidement!
Règlementation
Le défunt programme “Coupez le moteur!” du Gouvernement du Québec a accordé, jusqu’en 2011, de l’aide financière aux municipalités qui désiraient sensibiliser leurs citoyens à couper le moteur d’un véhicule immobilisé. Plusieurs grandes villes du Québec ont profité de cette occasion pour adopter des règlements visant à interdire la marche d’un moteur au ralenti pour une période excédant trois minutes, sous peine d’amende. Comme le souligne toutefois Isabelle St-Germain, chargée de projet au Conseil régional de l’environnement des Laurentides, seule la ville de Bois-des-Filion s’est dotée d’un tel règlement sur le territoire desservi par l’OBNL.
Saint-Hippolyte : sensibilisation
Questionnée par le journal Le Sentier à propos de la position de la municipalité de Saint-Hippolyte sur le sujet, Geneviève Simard, directrice de l’environnement, rappelle qu’une campagne de sensibilisation a été réalisée en 2015. Un feuillet explicatif avait alors été expédié à tous les foyers de la municipalité et des affiches avaient été installées sur les bâtiments municipaux. Les employés avaient aussi été sensibilisés aux effets néfastes de cette pratique. Selon Mme Simard, les effets positifs de cette campagne se font encore sentir, du moins en ce qui concerne les employés municipaux qui fréquentent l’hôtel de ville.
Bruno Allard, conseiller municipal responsable de l’environnement, dit réfléchir à la possibilité de redéployer des pancartes de sensibilisation à la marche au ralenti sur les bâtiments de la municipalité ainsi que sur les commerces intéressés par l’initiative.
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