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Comment écrire un bon texte pour un journal 2e partie

André Noël était un journaliste chevronné de La Presse. Il a remporté de nombreux prix pour ses articles. Il a écrit un guide utile et pratique : Le style. Conseils pour écrire de façon claire et vivante. Le texte qui suit est un résumé de ses conseils.

 

L’importance des émotions

Noël explique que depuis quelques années, des journalistes américains explorent un champ encore vierge : celui des émotions. Certains d’entre eux militent même contre la conception traditionnelle du journalisme. L’exemple d’un texte d’Agnès Gruda Auschwitz, 60 ans après : une plaie ouverte, revient deux fois comme exemple à suivre.

 

La Deuxième Guerre mondiale suscite toujours autant d’émotion

Il écrit : Vos articles doivent susciter des émotions, pas seulement s’adresser à la raison. Il faut des témoignages vivants. Les enfants font d’excellents professeurs de journalisme. Le rôle d’un intervieweur c’est de forcer l’intimité, tout en restant amical. La plupart du temps, les journalistes cherchent à obtenir des informations – ou des émotions – auprès de leurs sources.

 

Les partisans du « journalisme intime » ont développé une expertise réelle, dont on peut profiter dans la rédaction des features. Il faut questionner sur les émotions et sur les motivations profondes… Essayer de capter le « monologue intérieur », ce qu’ils ressentent. Les articles deviennent plus vivants quand on les illustre avec des témoignages. Il faut chercher l’angle humain, le fameux human interest. Une des écrivaines les plus lues au Québec – plus de 4 millions de livres vendus – Louise Tremblay D’Essiembre abonde dans le même sens que Noël. À la radio de Radio-Canada, récemment elle affirmait : « Je parle surtout de l’intériorité pour rejoindre l’imaginaire des femmes d’ici ».

 

Les mots à éviter

Il faut éviter « les longs mots soporifiques, de quatre syllabes et plus, abstraits, académiques », les adjectifs, les pléonasmes, les subordonnées, les virgules, « les adverbes (qui) donnent souvent l’impression que l’auteur n’est pas sûr de ce qu’il avance, les mots chargés comme racisme et sexisme ». Il faut éviter une lecture des événements « au second degré imagé et métaphorique » qui oblige le lecteur à interpréter. La devise du mauvais journaliste : tout dire sans rien connaitre, tout connaitre sans rien savoir.

 

Les références au latin ou au grec

Les références au latin rappellent trop de mauvais souvenirs et indisposent le lecteur par leur côté élitiste, catholique, collège classique, etc. « L’Antiquité gréco-latine, qui a cessé d’être enseignée à nos jeunes depuis la création des cégeps, nous a donné L’épée de Damoclès, la boite de Pandore, le talon d’Achille, franchir le Rubicon. Les expressions latines hantent nos pages : Audi alteram partem, carpe diem, mens sana in corpore sano… tant pis si la majorité des lecteurs n’ont pas étudié le latin. On le fera entrer de force dans leurs têtes de cancres. »

 

La récente demande des profs d’histoire de cégep, au ministère de l’Éducation, d’abandonner l’enseignement de deux des plus grandes civilisations du monde, les Grecs et les Romains, donne raison à Noël. Ce mouvement avait été amorcé en 1966, par Guy Rocher, le Père de la Révolution tranquille. « Bien des journalistes parsèment leurs articles de vieilleries, des mots inspirés de la vie quotidienne du Moyen Âge comme sellette, haro sur le Beaudet, cloué au pilori, croiser le fer, la quête du Graal. Elles sont à proscrire. »

 

Conclusion

Pour Noël, un de nos plus grands journalistes fut Pierre Foglia, qui avait « un style magnifique ». Ses textes « sont remplis d’originalité et d’humour, musicaux, sans cliché. C’est le style qui fait le chroniqueur ». Bizarrement, ceux qui ont lu les articles et les livres de Foglia peuvent se demander s’il suivait les conseils de Noël…