Pour le 40e anniversaire du journal Le Sentier, les piliers, Monique Beauchamp, Jean-Pierre Fabien et Michel Bois demandent à ceux qui pro­posent des textes d’essayer d’expliquer pourquoi ils écrivent.

 

Dans mon cas, c’est simple, écrire m’aide à vivre, à donner un sens à mon existence et à me permettre de vivre selon mes principes.

Je suis né dans l’eau bénite. Mon imaginaire a été marqué par la religion catholique. Ayant appris par cœur Le petit catéchisme, le devoir, l’aide aux autres et le service à la société étaient des vertus dominantes. De plus, en 1960, le cri du cœur du président Kennedy a résonné partout dans l’univers : « Ne demandez pas ce que votre pays peut faire pour vous. Demandez ce que vous pouvez faire pour votre pays. »

J’avais onze ans. Mon avenir était tracé : finir des études qui correspondent à mes talents, trouver un emploi à la hauteur de mes capacités et fonder une famille en trouvant une compagne qui m’accepterait. Malgré mon handicap, je me considérais comme chanceux, né dans le plus beau pays du monde, avec des parents travaillants et entreprenants, des tantes et des oncles bienveillants et des enseignants qui m’ont bien instruit et formé en se basant sur les connaissances fondamentales.

J’ai eu la chance d’étudier dans un collège classique, à une époque guidée par la méritocratie. Les jeunes étudiants catholiques

étudiaient (JEC) et les jeunes ouvriers travaillaient (JOC). « Les vaches étaient bien gardées » et « les portes des placards » bien cadenassées. Choyé par la vie, en trouvant la compagne parfaite, en obtenant un poste d’enseignant à temps plein à 22 ans, sans stress et avec trois mois de vacances annuelles, j’avais trouvé ma place. Je suis devenu le père de trois

garçons en santé et de huit petits-enfants grâce à mes trois excellentes brus. Avec ma conjointe, nous avons construit notre maison, j’ai dû avoir trois emplois pour payer l’université à mes trois garçons. J’ai pris ma retraite après 36 années d’enseignement en 2009, un peu malgré moi… Le bénévolat a toujours fait partie de ma vie pour combler mes temps libres. J’ai continué.

L’ouverture de la Librairie communautaire dans Tricofil en 1975, le scoutisme avec les jeux à courir dans les bois, hiver comme été, avec plus de 120 jeunes de 1981 à 1996, la plantation de 2,3 millions d’arbres, 12 heures par jour en mai et juin de 1991 à 2013, la réception des 24 enfants de Tchernobyl pendant deux mois d’été en 1994 dans des familles de la région. Toutes ces activités donnaient un sens à ma vie.

En vieillissant, j’ai diminué les activités physiques intenses. La chance a fait en sorte que Jacques Grand’Maison m’a téléphoné en 2008 pour me demander de le rencontrer à l’évêché. Il m’a remis ses 50 livres en me demandant de les résumer. J’avais déjà commencé cet exercice en 1990. Je m’amusais à résumer en deux pages, avec les meilleures citations, les deux livres que je lisais par mois.

En 2018, Jean-Pierre Fabien a assisté à Saint-Jérôme à ma présentation de l’œuvre de Jacques Grand’Maison. Il m’a invité à écrire dans le journal Le Sentier. Une belle activité qui m’a aidé à passer à travers le confinement. Depuis, encouragé par mon bénévolat au Sentier, j’ai publié mes textes dans cinq revues et cinq journaux, dont le Métropolitain, le journal des francophones de Toronto. Pour le 40e anniversaire du journal Le Sentier, j’ai commencé une activité différente et très enrichissante, faire des portraits de personnages qui animent la vie communautaire locale et aident tout le monde à donner un sens à notre voyage sur le vaisseau Terre.

J’en profite pour remercier les responsables du journal pour leur appui et les gens de Saint-Hippolyte qui me lisent. À 74 ans, je constate que je commence à récolter ce que j’ai semé. Je vise la sagesse, mais selon Aristote, on ne peut l’atteindre avant 80 ans. De temps en temps, je fais encore des folies… C’est la vie. Et ça continue. Actuellement, je suis membre du CA de quatre organismes. J’aime lire de la poésie. Elle procure quelques moments d’éternité. En partant pour mon dernier « camp », je chanterai ma chanson préférée Valderi, Valdera et je réciterai les derniers vers de ce beau poème d’Aragon : Que la vie vaut la peine.