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Bien manger à la maison. La cuisine raisonnée, le livre de base traditionnel au Québec

Le temps des Fêtes arrête le temps. Il nous incite à cuisiner chez nous, à revivre nos traditions. De plus, l’actualité « covidienne » nous oblige à modifier nos manières de nous sustenter, à nous centrer sur notre maison familiale, que les Romains nommaient domus et qui constituait le centre de leur vie. Nous redécouvrons ce milieu de vie, où on élève nos enfants, aide nos handicapés, soutient nos vieillards et maintenant où on travaille à distance. C’est le retour du fondamental, où on nait, on vit et on meurt, quoi!

 

 

La COVID-19, en obligeant la fermeture des frontières, l’arrêt du commerce international, nous pousse à être plus écolo, à consommer local, des pommes d’ici au lieu des kiwis d’Australie. Après plus d’un demi-siècle à s’épivarder, à visiter le monde, à surconsommer, nous sommes poussés par Gaïa à revenir à l’essentiel de la vie en société, à l’aspect naturel de la définition de l’humain selon Aristote que « l’homme est un animal social ».

 

Livres de recette, nouveaux et anciens

La quantité de livres nouveaux sur la cuisine est astronomique. Chaque vedette présente le sien, même le club de hockey nous propose Cuisiner avec les Canadiens. Ayant une formation en philosophie, je me suis demandé quels sont les fondamentaux dans ce domaine. J’ai consulté une excellente cuisinière, ma femme, qui possède encore les livres d’une autre grande cuisinière, sa mère. J’en ai aussi discuté avec des amies. Selon l’opinion générale, pour bien cuisiner au Québec, le livre de base le mieux adapté à notre situation géographique est La cuisine raisonnée des Sœurs de la Congrégation Notre-Dame.

 

La première édition remonte à 1919. La nôtre date de 1967, c’est la 10e. L’aspect pédagogique était important. Ce livre était utilisé pour enseigner les « secrets de l’art culinaire ». C’était avant tout un livre pour apprendre aux jeunes filles des couvents et des « écoles ménagères » à nourrir leur famille, avec un petit budget. Dans le titre, le qualificatif de la cuisine est « raisonnée ».

 

Une  édition 100e anniversaire

La première partie traite de l’alimentation : la valeur nutritive, calorique des aliments, la digestion, les rations et les substances alimentaires. La deuxième partie concerne l’organisation de la cuisine : l’approvisionnement, le stockage des denrées, suivi d’un lexique des techniques culinaires et manipulations. Évidemment, pour toutes celles qui ont connu l’enseignement des « sœurs » avant la Révolution tranquille, dont les célèbres cours de piano, cette deuxième partie se termine par l’art de recevoir à table. Suivi par la troisième partie qui suggère différentes recettes pour quatre à six personnes, toujours en insistant sur l’aspect nutritif et économique. Le grand chef Daniel Vézina explique dans la préface de l’édition du 100e anniversaire : « Ce qui est bien de ce livre-là, c’est la transmission des connaissances d’une génération à l’autre ».

 

N’oublions pas que, depuis les premières religieuses et infirmières arrivées en Nouvelle-France avec Jeanne-Mance en 1641, elles – dont 6000 Sœurs Grises en 1960 – ont nourri, pendant plus de 350 ans, les orphelins, les nécessiteux, les malades et les vieux, à partir des produits de leur ferme devenue le musée Maison Saint-Gabriel, que l’on peut encore visiter à Pointe-Saint-Charles. Cette maison a reçu les célèbres Filles du Roy. Pour un jeune qui entre dans la vie, ce livre de cuisine constitue la base d’une alimentation saine et économique. C’est un livre de base que l’on reçoit ou achète pour la vie. Contrairement à d’autres que l’on jette une fois la mode passée.