L’histoire se passe au début des années 70. Le personnage principal, Jack Waterman, âgé de 40 ans, part à la recherche de son frère Théo, disparu mystérieusement quelque part en Amérique. Il a été vu la dernière fois à Gaspé. C’est là que commence l’enquête. Jack rencontre une jeune fille de 20 ans, métisse, née à La Romaine. Il la nomme la Grande Sauterelle.
– Vous vous appelez Jack ?
– C’est comme ça que mon frère m’appelait. Quand on était petits, on se donnait des noms anglais et on trouvait que ça faisait beaucoup mieux!
Elle décide de l’aider. Elle connaît bien l’histoire des tribus indiennes et la géographie de l’Amérique du Nord. Jack a lu tous les grands auteurs de la littérature américaine. Ils cherchent la piste qui va les mener à Théo. Ils prendront deux mois pendant l’été pour se rendre jusqu’à San Francisco. Ils trouvent un chat qui les suivra tout le long du voyage. Ils passent par Québec. À Toronto, ils s’informent sur Étienne Brulé, le premier blanc à avoir visité ce site indien. Dans chaque ville importante, ils fréquentent les bibliothèques pour trouver des livres d’histoire, parce que Théo s’intéressait beaucoup aux voyages des Canadiens français en Amérique du Nord. Ils visitent les musées par intérêt personnel. Souvent ils s’arrêtent et posent des questions aux policiers sur Théo. Ils se promènent dans un minibus Volkswagen, très en vogue à l’époque, dans lequel ils mangent, dorment, lisent, etc. Ils passent par Chicago, traversent le Mississippi, arrivent à Saint-Louis où ils rencontrent un journaliste qui a connu Théo. À Independence, ils prennent la Piste de l’Oregon où les chariots commençaient leur long périple en 1840, pour traverser les Rocheuses avant l’hiver pour se rendre sur les terres de l’Ouest. Ils passent par Fort Laramie (baptisé du nom d’un trappeur français Jacques Laramée). Ils campent dans les parcs qui parsèment le territoire.
Ils s’informent sur les guerres entre les Indiens et les Blancs, les 60 millions de bisons tués pour affamer les Indiens; le 7e Régiment de Cavalerie avec le général Custer; la mitrailleuse Gatling, etc. En 1890, avec l’assassinat de Sitting Bull, chef de tribu des Sioux, les guerres cessèrent.
Une des belles phrases inspirantes du livre est la suivante : en parlant de On The Road de Jack Kerouac, la fille dit : « Qui n’a pas relu n’a pas lu ». Dans ce livre, Kerouac un Franco-américain raconte son voyage à travers les États-Unis, dans les années cinquante. Un classique.
Les auteurs américains mentionnés sont nombreux. Sauf Gabrielle Roy qui est canadienne et Jack Kerouac cité plus haut, Walker Chapman, The Golden Dream, Mark Twain, William Faulkner, Gregory M. Franzwa, The Oregon Trail Revisited, et Timothy Severin, Explorer of the Mississippi. À Chicago, ils rencontrent Saul Bellow, Prix Nobel de littérature en 1976. Il discute avec eux en français et leur apprend qu’il est né à Montréal.
Ils retrouvent partout des traces des Français qui ont marqué l’Amérique : Samuel de Champlain, Étienne Brulé, Jean Nicolet, Louis Jolliet et le Père Marquette, Cavelier de la Salle, d’Iberville et La Vérendrye, Lamothe-Cadillac, Henri de Tonti, Nicolas Perrot, Pierre-Charles Le Sueur, Greysolon Dulhut, le père Louis Hennepin, Pierre Pépin, Radisson et Desgroseillers, etc. Ils suggèrent un livre de référence pour mieux comprendre leur influence, écrit par Benoit Brouillette La pénétration du Continent américain par les Canadiens français : 1763-1846.
Volkswagen Blues est un livre qui présente une belle histoire, celle de nos ancêtres francophones, que l’on appelait les Voyageurs, ceux du « nous sommes nés d’une race fière » de l’Ô Canada. Le style est vivant, les références géographiques, historiques, littéraires, musicales et militaires contribuent à améliorer notre culture générale. Finalement, il trouvera son frère à San Francisco.
Poulin, Jacques, Volkswagen Blues, Montréal, Leméac éditeur, 2015.