Imaginez. Le Sud de la Floride en décembre. La température avoisine les 27oC, le soleil luit la plupart du temps et la flore et la faune sont toujours au rendez-vous. Cet endroit est l’un des meilleurs endroits pour observer les oiseaux de très près. De mon côté, mes promenades ont lieu dans l’île Estero, à Fort Myers Beach, sur la côte ouest de la péninsule floridienne. La mer est un véritable garde-manger pour la faune aviaire.
Aires d’hivernage pour oiseaux
Ainsi, plusieurs espèces d’oiseaux qui passent l’été au Canada, vont choisir de demeurer l’hiver en Floride. Et je ne parle pas des humains que nous avons baptisé affectueusement les snowbirds, je fais référence aux représentants de la gent ailée. Les bécasseaux, les sternes, le Pélican blanc d’Amérique, certains pluviers et chevaliers, entre-autres espèces, reviendront nicher dans le nord dès que le printemps sera revenu. Pour l’instant, ils arpentent divers habitats dont les plages infinies de sable blanc. Ils sont à la recherche de poissons et d’invertébrés marins.
Paradis en péril?
L’eau est presque partout en Floride et la nappe phréatique est proche du sol. Les palétuviers, appelés mangroves en anglais, sont des arbres qui s’insèrent merveilleusement bien dans le paysage aquatique et forment une sorte de labyrinthe inextricable entre l’eau et la terre. Sur l’île d’Estero, dans les 50 dernières années, 40% du territoire a été développé afin de satisfaire à l’appétit grandissant des promoteurs voulant construire davantage d’édifices pour accommoder les personnes venues séjourner dans ce coin de paradis. Le résultat n’a pas été bénéfique pour les écosystèmes naturels. Les milieux humides, les forêts de pins, de taxodiers, de chênes et les mangroves ont été sacrifiés et ont ajouté un stress encore plus grand sur les réserves d’eau si nécessaires et qui demandent à être partagées…
Une espèce de cigogne en Floride
Prenons le Tantale d’Amérique, par exemple. Cet oiseau qui appartient à la famille des cigognes et qui est le seul représentant de cette famille en Amérique du Nord, niche dans les forêts de taxodiers, des arbres poussant directement dans l’eau. Ce gros oiseau possède une tête sans plumes, un long bec, un corps blanc et beaucoup de noir sur les ailes. Ses longues pattes noires lui permettent de circuler dans les plans d’eau où il attrape des poissons et, occasionnellement, un bébé alligator ou un serpent! Le Tantale d’Amérique peut claquer du bec pour saisir sa proie en 25 millièmes de seconde, ce qui représente un record de rapidité dans le monde de l’ornithologie! Ce qui est alarmant, c’est que cet oiseau comptait auparavant environ 150 000 individus en Floride et, depuis les années 1990, son effectif a chuté à tout près de 10 000 individus. Les raisons de son déclin s’expliquent par la destruction de son habitat (les forêts centenaires de taxodiers) et le drainage des eaux douces. Même si certains refuges sont des exemples de conservation faunique (le Corkscrew Swamp Sanctuary de Naples), l’avenir demeure toujours incertain. On a remarqué plus récemment que certains tantales se déplacent vers la Caroline du Nord pour y vivre. Si cela pouvait avantager l’espèce, ce serait un moindre mal.
Des joyaux à découvrir
La nature nous laisse découvrir ses joyaux tous les jours. En Floride, c’est particulièrement vrai en hiver. En quatre jours d’observations d’oiseaux, j’ai pu voir plus de 50 espèces différentes, et ce, sans forcer la note. Les oiseaux résidants comme migrateurs sont au rendez-vous en ce début décembre. Souhaitons que cela puisse encore continuer pour les années à venir…