Avez-vous déjà pensé qu’en 2019, nous aurions pu célébrer les 150 ans d’existence non pas de la municipalité de Saint-Hippolyte, mais celle de… Miramont ou de Haut-Mont ou de Monteaubois ?
Ce changement de nom, devenu aujourd’hui souvenir cocasse, a été rapporté le 29 septembre 1976, dans un article de L’Écho du Nord, sous la plume d’Henri Prévost, journaliste et aujourd’hui, collègue très actif à la Société d’histoire de la Rivière-du-Nord. Il a été porté dernièrement à mon attention par l’efficace documentariste de la Société, Véronique Claveau. Cet épisode révèle bien l’esprit d’innovation qui existait à cette époque dans notre municipalité.
Ère d’avenir
Les fêtes du centenaire qui ont eu lieu, en 1969, ont mobilisé les Hippolytois dans des activités récréatives. Cet événement a aussi créé une visibilité régionale et provinciale avec une première participation à l’émission La Soirée canadienne, télédiffusée sur le réseau Télé-Métropole.1 Les Montréalais découvrent ainsi, qu’au-delà des lacs connus depuis la Première Guerre mondiale comme des lieux recherchés de villégiature, il existe aussi une vie active à Saint-Hippolyte. Activités récréatives, spectacles de chants et de musiques orchestrales 2 dans les nombreux hôtels autour des lacs attirent autant que les clubs sportifs et communautaires qui offrent en plus, une formation reconnue et la chance aux athlètes de participer à des compétitions de niveau national. 3
Choix démocratique
C’est probablement dans cette lancée de visibilité, amorcée sous les politiques des maires Gérard Thériault (1963-1971) et Lucien Watier (1971-1975), lui-même, vedette de la radio montréalaise, que l’administration du maire Roger Cabana (1975-1981) de concert avec la Chambre de commerce de l’époque désirait ce changement de nom. Pour eux, Miramont, « serait certainement plus facile et plus invitant à prononcer dans toutes les langues que Saint-Hippolyte, qui, selon eux, les reléguait dans le temps et dans l’espace ». Afin de démocratiser le choix de cette nouvelle dénomination, le Conseil et la Chambre de commerce avaient lancé, en mai 1976, un concours chez les citoyens. Douze noms ont ainsi été soumis à un jury professionnel composé de Gilles Verronneau de l’Écho du Nord, Christiane Noël du Journal des Pays-d’en-Hauts et d’Yves Chapleau de la firme de publicité Cabana Séguin Inc.
Roger Cabana, maire visionnaire
Ce jury avait retenu trois noms qui ont été soumis à leur tour, aux choix des membres élus du conseil municipal, soit Miramont, Haut-Mont et Monteaubois. Aux dires du maire et de ses conseillers, « le nom Miramont convient mieux au développement économique et démographique prévu pour cette région, située avantageusement à 15 minutes de la zone aéroportuaire de Mirabel ». À cette époque, les municipalités des Basses-Laurentides fondaient beaucoup d’espoir dans un « boom » possible de développement économique et résidentiel autour de cet aéroport international, inauguré en 1975, et qui a vu son dernier vol, en 2004, à la suite d’une décision du gouvernement fédéral de retransférer les vols internationaux à Dorval, devenu depuis, Aéroport Pierre-Elliot-Trudeau. Roger Cabana et plusieurs autres développeurs de la municipalité y fondaient beaucoup d’espoir, étant lui-même, propriétaire du domaine résidentiel en développement, Cabanac, au lac Morency.
Rue Miramont, lac de l’Achigan
Finalement, ce changement de nom ne s’est pas fait. Prenant conscience des bouleversements administratifs que cela entraînerait ainsi que des confusions possibles auprès des citoyens et des coûts élevés d’impression de documents et de graphisme sur le territoire, l’administration n’a pas cru bon d’aller plus loin. Un souvenir est pourtant resté de ce choix de nom, celui d’une rue sans impasse, au lac de l’Achigan, à droite de la 347e Avenue. Je me demande si, aujourd’hui, les résidents de cette rue connaissent l’histoire de son nom.
1 Une deuxième émission sera réalisée en 1976.
2 Voir, articles de A.Michel LeDoux, Le Sentier, septembre à décembre 2016.
3 Voir, articles de A.Michel LeDoux, Le Sentier, juillet à septembre, 2017.
Hélas, mais qui a vu son dernier vol, en 2004, suite à une décision du gouvernement fédéral de re transférer les vols internationaux à Dorval, devenu depuis, Aéroport Pierre-Elliot-Trudeau.