« Impossible de reprendre le dessus depuis la fermeture due à la COVID-19 », partage avec regret Patrice Morin, fébrile, car il est en attente de la conclusion d’une offre d’achat acceptée et qui devrait être conclue en novembre prochain.
La Cabane à sucre Nantel, comme d’autres cabanes à sucre membres de l’Association des salles de réception et érablières du Québec, a dû fermer ses portes, en mars 2020, en pleine saison des sucres. Selon cette association, l’arrivée de la COVID-19 a fait beaucoup de mal aux producteurs sucriers québécois. Des 241 cabanes inscrites en 2019, 140 seulement ont renouvelé leur permis en 2021.1 « Beaucoup ont dû emprunter comme dans mon cas, confiait Patrice Morin2. Les dettes s’accumulent, les fournisseurs facturent des pénalités parce que l’établissement est fermé, mais les comptes continuent pourtant à entrer : assurances, électricité, chauffage au propane et autres. Et, malheureusement, tous les contrats en publicité donnés inutilement coûtent cher ! »
Maintenir un héritage familial
Monsieur Morin, rencontré en 2018 dans le cadre des recherches pour le livre du 150e de Saint-Hippolyte 3, racontait alors comment en 2001 avec Jocelyne, il avait pris la direction de ce commerce. « Nous voulions continuer à offrir aux Hippolytois et aux visiteurs, les réputés mets traditionnels du temps des sucres offerts depuis 1985 par mes parents. »
Réceptions et fêtes à l’année
Ouverte à l’année, cette institution hippolytoise sous leur direction avait poursuivi une solide réputation bien au-delà du cadre régional laurentien. Les mets concoctés selon la tradition familiale du temps des sucres étaient fort appréciés; et la salle de réception qui pouvait accueillir jusqu’à 200 personnes pour les banquets et mariages était recherchée. « Pour offrir tout cela à l’année, nous étions conscients que les 1000 érables entaillés et le sirop produit rentabilisaient à peine les desserts durant quelques semaines à la période des sucres. Pour prolonger la saison et offrir à l’année ces repas lors des réceptions et des fêtes, il nous fallait acheter, mais quand tout est fermé, il n’y a aucun revenu! »
À vendre depuis longtemps
Le projet actuel de vendre n’est pas nouveau, nous avait confié alors monsieur Morin, en 2018. La cabane avait été mise sur le marché en 2013, après que ce dernier eut été victime d’un accident de moto sur le chemin des Hauteurs, près de l’embranchement des ex-Jésuites. « Depuis que je porte une prothèse de bois à la jambe, c’est compliqué de faire les choses soi-même, avait-il confié alors. Vendre me désole, surtout devant l’investissement d’énergie fait au cours des années par mon père et mon oncle Denis. Ce serait même difficile pour mes filles, si elles voulaient poursuivre ce commerce. Leur en faire don, il y aurait des coûts en gain de capital, sans compter tous les autres frais fixes à payer! »
Projet de lotissement possible
Depuis longtemps, monsieur Morin se préparait pour une vente éventuelle. En 2015, il avait fait cadastrer les lots à la municipalité et à la MRC. La propriété compte ainsi trois parties qui peuvent être vendues séparément : la maison privée, la cabane et l’érablière. Selon monsieur Morin, il est ainsi possible de bâtir une vingtaine de maisons résidentielles dans un environnement boisé de qualité. Actuellement, un projet est sur la table. Le Sentier vous tiendra au courant des prochains développements.
1 Gabriel Béland, La Presse, 14 mars 2021.
2 Luc Robert, Vente de la Cabane à sucre Nantel en trois sections, Le Nord 1er juin 2021.
3 Antoine Michel LeDoux, Entrevue réalisée en 2018.