Mon père faisait partie du club Richelieu.
A cette époque aussi, le club distribuait des cadeaux aux jeunes faisant partie des plus pauvres de la ville de Québec.
Je l’ai souvent accompagné, ou plutôt il voulait que je l’accompagne! C’était probablement sa façon de me faire comprendre combien j’étais une enfant privilégiée.
C’est le regard de ces petites filles qui me touchait vraiment. Je représentais ce qu’elles auraient aimé être. Oui, bien sûr, il y avait la joie des cadeaux qu’on leur apportait, mais il y avait ce regard qu’elles posaient sur moi, non pas envieux, mais attristé de leur propre sort que, malgré moi, j’illustrais devant elles.
J’étais ce qu’elles auraient aimé vivre! Ma présence leur démontrait à quel point, elles ne l’étaient pas.
Je revenais de cette distribution de cadeaux, toujours un peu triste.
Cette année, pourtant, avec le confinement, je pense à tous ceux et celles qui vivent encore plus difficilement leurs privations.
Mais, il faut aussi prendre conscience, que peu importe la classe sociale à laquelle on appartient, j’ai peine à penser aux tristesses, aux violences qui doivent se développer dans certaines maisons lors de ce confinement.
J’ai si peur que ce virus engendre un autre virus : celui de la violence.