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La 333, de « cordon » parfois meurtrier à artère cauchemardesque!

Avec la collaboration spéciale de Denis St-Onge

 

La route 333 mobilise depuis longtemps des énergies de la part des paliers administratifs municipaux et provinciaux.

 

Du maire Alphonse Desjardins (1923 à 1935) à Bruno Laroche, maire en poste depuis 2011, ce seul lien d’accès direct entre le territoire hippolytois et le réseau routier montréalais est régulièrement l’objet de décisions et d’investissements. Et au cours des 100 dernières années, malgré de nombreuses transformations pour faciliter son parcours, aujourd’hui c’est son intersection avec la route 117 (boulevard du Curé-Labelle) qui devient matin et soir, un cauchemar pour ses usagers.

 

Son parcours en « montagnes russes » d’autrefois

Lorsqu’on parcourt cette route aujourd’hui, il est facile de percevoir à quoi elle ressemblait avant les années 1970. À cette époque, nous ressentions même physiquement le choix approprié de son nom : des Hauteurs. Des « murs » de falaises dynamitées, présents aujourd’hui sur son parcours, rappellent les hauteurs à gravir autrefois dans certains endroits. Et, d’une façon amusante, elle avait beaucoup en commun avec la regrettée attraction de la Ronde, appelée : « La Pitoune » et ses montées abruptes, ses descentes en virage et certains parcours inondés au printemps et glacés en hiver qui étaient redoutés. Certains endroits, lieu de nombreuses sorties de routes et d’accidents mortels, conservent même une réputation peu enviable. C’est le cas de « la courbe d’Albert Ward », coin de la 104e avenue, en 1979.

 

Défis routiers pour répondre aux attentes économiques

Historiquement, les premiers tracés et travaux effectués sous l’administration d’Alphonse Desjardins (1923 à1931) désirent créer un lien rapide avec Saint-Jérôme afin de profiter de son économie et de ses services. Ce lien rapide répond aussi aux demandes des vacanciers de plus en plus nombreux et favorise l’économie touristique que ceux-ci génèrent. Mais, c’est surtout sous les administrations des maires Félix Maillé et Ernest Goyer (1940 à 1960) et l’impulsion des gouvernements unionistes de Duplessis qu’on s’attaque courageusement aux grands travaux routiers qui défient la topographie de son parcours; or, cela n’est pas facile lorsque la municipalité ne possède aucun équipement mécanique.1 Chaque contrat ainsi octroyé comporte donc une large part de profit financier aux entrepreneurs qui devaient y fournir tout l’équipement.

 

Un effet villageois, unificateur

Cette route favorise également les déplacements entre les sept mini-sociétés de rang2 du territoire qui se sont développées dans une grande autarcie au détriment du village et de l’administration municipale. Ainsi, dès 1958, la première école centrale construite au village et la deuxième en 1962, sonnent la fin des huit écoles de rang sur le territoire. Puis sous l’égide du Cercle paroissial des loisirs de Saint-Hippolyte, présent au village depuis 1947, des activités regroupent de plus en plus l’ensemble des citoyens du territoire. Ce qui a pour effet d’unifier les nombreuses organisations autour des points d’eau sous une même organisation villageoise. Ce mouvement unificateur sera amplifié par la suite sous l’administration du maire Roger Cabana (1975 à1981) qui bonifie ces activités en offrant des lieux organisés, une administration et des employés du Service de loisirs et de sport municipal. Ainsi, le village ignoré autrefois et maintenant relié par une voie rapide devient un lieu administratif et commercial important durant quelques années.

 

1 L’administration de Gérard Thériault (1963 à 1971) procède à la construction du garage municipal actuel qui est assez vaste pour entreposer le nouveau matériel routier acquis.

2 Chapitres 2 et 5, Antoine Michel LeDoux, SAINT-HIPPOLYTE Sur les chemins de son histoire, 2020 p. 189 Vivre dans un environnement sain et dynamique. (à paraître en 2021).

Indication, en haut, au centre de la côte du cordon dans l’Augmentation de la Seigneurie des Mille-Îles.

Crédit : Hélène Champoux, Mario Nadon, Saint-Jérôme en mots et en images, Commission du 150e anniversaire de Saint-Jérôme, 1984, p.11.

Un cordon « intru » dans des cantons britanniques

Historiquement, le territoire hippolytois s’est développé sur des portions de trois cantons. Ces portions étaient administrativement divisées en rangs orientés d’est en ouest selon le fleuve Saint-Laurent. Cette orientation fut celle également des rangs qui se sont déployés pour relier les habitations sur les lots. Voir chemins anciens 1 .

 

Or, le chemin des Hauteurs, connu autrefois sous le nom de « cordon » 2 diminutif de son nom d’origine « côte du Cordon » est un héritage toponymique de l’époque de l’Augmentation de la Seigneurie des Mille-Îles d’où il débute. Aujourd’hui encore, sur les anciennes parties seigneuriales dans les villes actuelles, certaines routes conservent ce toponyme : côte St-André, côte St-Antoine et autres.

 

Chemins anciens

  • Au sud-est, on retrouvait la « côte John » (aujourd’hui la côte Saint-André) en provenance de Saint-Jérôme et Sainte-Sophie. Cette route a donné naissance au chemin des Hauteurs, dans son prolongement nord, sur les lots du 2e
  • À l’ouest, à partir de Mount Pleasant (Shawbridge), les 3e, 4e et 6e rangs d’Abercrombie ont longtemps été les principaux chemins d’accès vers le village. En 1890, l’arrivée de la voie ferrée du Canadien Pacifique et l’implantation d’une gare à Shawbridge consolident ces voies routières.
  • À l’est, le chemin du Roi reliait la petite communauté de Kilkenny à New Glasgow. Des témoignages recueillis rapportent que les familles pionnières au nord-est du lac de l’Achigan l’ont utilisé pour accéder à leurs lots et pour s’approvisionner en denrées et en biens achetés à New Glasgow avant le développement du village de Saint-Hippolyte. Cet embranchement situé à l’extrémité est du territoire joignait le chemin Masson11 qui se dirigeait vers Sainte-Adèle et qui liait New Glasgow, New-Paisley (Sainte-Sophie) et Sainte-Anne-des-Plaines à Terrebonne.
  • Au nord, par le chemin Masson menant à Sainte-Adèle, le 8e rang d’Abercrombie a été ouvert afin que les exploitants forestiers puissent avoir accès aux terres des 1er et 2e rangs de Wexford.

 

1 Antoine Michel LeDoux, SAINT-HIPPOLYTE Sur les chemins de son histoire, 2020 p. 18 (à paraître en 2021)

2 Cordon : désigne la limite terminale d’une série de lots parallèles en milieu rural et utilisé sous le Régime français.

Denis St-Onge appartient aux grandes familles St-Onge et Boivin qui ont marqué la vie hippolytoise. Depuis longtemps, il s’intéresse à la généalogie et à l’histoire de ces familles et à leurs nombreuses ramifications. Il est un collaborateur précieux.

 

parcours anciens du chemin des Hauteurs

Comme beaucoup d’archives municipales des époques anciennes sont disparues, il est difficile de préciser les dates et l’ampleur des premiers projets d’aménagement qui y ont été effectués, au cours des 150 dernières années sur cette route. Mais, selon nos recherches, l’étude de la carte de Leclair de 1887, des témoignages partagés et l’observation de traces encore visibles au sol dans certains lieux, nous vous présentons ce que nous croyons être des parcours anciens de cette route. Nous sommes toujours curieux d’en valider la pertinence selon vos connaissances et souvenirs personnels. N’hésitez donc pas à les partager. Merci.

N.B. Pour faciliter le repérage, nous avons tracé les parcours anciens en pointillés sur le parcours actuel et laissé les indications commerciales et des rues.

Chemin des Hauteurs : secteur courbe d’Albert Ward (chemin du lac Connelly). Courtoisie : Denis St-Onge et A.M. LeDoux

Chemin des Hauteurs, secteur lac Maillé. Courtoisie : Denis St-Onge et A.M. LeDoux

Chemin des Hauteurs, secteur côte Saint-André (autrefois côte John). Courtoisie : Denis St-Onge et A.M. LeDoux