Les oiseaux chantent Noël


Les oiseaux chantent Noël

En cette période de confinement imprévu où nous gardons nos distances les uns des autres, les journalistes du Sentier vous invitent grâce à de courts récits, à poser votre regard sur des éléments positifs autour de vous. Comme eux, laissez-vous emporter par ces récits apaisants d’espérance en ce temps des Fêtes qui approche.

Jean-Pierre Fabien

La neige recouvre déjà le sol en ce début de décembre. Sans relâche, le vent souffle. Triste, mon regard se porte vers le paysage apaisant qui m’entoure. Soudain, sur le bord de ma fenêtre se pose un oiseau qui tente tant bien que mal de se maintenir en position. C’est un sizerin, un de ces petits oiseaux vivant dans les zones nordiques de la province. Sur son front se trouve la fameuse tache rouge caractéristique. Puis, subitement, il quitte son perchoir en s’envolant.

 

Mes souvenirs me ramènent alors aux douceurs de l’enfance, aux contes et histoires de Noël. Si un renne peut avoir le nez rouge et conduire le chariot du Père Noël, pourquoi ce petit Sizerin flammé à la tache rouge aperçu aujourd’hui ne pourrait-il pas devenir un heureux présage pour le temps des Fêtes si morose qui approche ? Le lendemain, je cherche le sizerin autour des mangeoires, mais il ne se pointe pas. Le vent a-t-il mal tourné ? Pourtant, quelques jours plus tard, lors d’une petite randonnée, j’entends au sommet d’un conifère plusieurs suii-it très aigus. Nul doute que mon sizerin est revenu.

 

Sauf que cette fois-ci, les chants étaient entonnés par toute une bande de ces oiseaux. Je pouvais voir dans le sapin vert les taches rouges frontales de ces oiseaux comme de miniatures lumières de Noël scintillantes. J’exprime alors avec émotion toute la joie qui m’habite. Je sais maintenant que, malgré ces temps imprévisibles et difficiles, Noël sera beau comme jamais cette année.

Antoine Michel LeDoux

 Quelle joie ce matin, en feuilletant fébrilement le vieux cahier familial retrouvé de la Bonne Chanson. Entre mes doigts, les pages défilent comme autant d’années de ma jeunesse. Enfant, je me rappelle certains soirs de décembre; mon père assis dans la berçante, mon frère et moi les pieds solidement ancrés sur les berceaux, mains agrippées; mes petites sœurs sur chaque genou de mon père, nous chantions à chœur joie. La voix de baryton de mon père, si rarement présent pour nous, résonne encore à mon oreille.

 

Trop jeune pour savoir lire, l’image illustrant chaque chant suffisait pour faire surgir les paroles par cœur. Quelques-uns de ces chants m’émouvaient davantage; c’était le cas du Noël des petits oiseaux. Et j’ignore pourquoi, bien que tous les autres textes et images fussent en monochrome bleu, de petites taches rouges étaient dessinées sur la tête des oiseaux de cette illustration. Aujourd’hui, libre de temps et confiné à cause de cette pandémie, j’en cherche encore la raison.

 

Étrangement, ils ressemblent aux oiseaux que mon ami Jean-Pierre m’a décrits, ce dernier les ayant observés près de la maison. Puis soudain, à la vue de cette page, une douce mélancolie surgit en moi : « Les verts sapins de la vallée, ce soir sont habillés de blanc […] » Et, me laissant emporter dans un état d’espérance, je me mets à chanter plus fort : « Le ciel est bleu, le printemps va renaître. Noël, Noël pour les petits oiseaux. Noël, Noël pour les petits oiseaux ». Allez, petits sizerins panachés de rouge et porteurs de bonheur, allez, allez, continuez à répandre votre espérance d’un temps meilleur!

Monique Beauchamp

Assise sur ma galerie bien emmitouflée, submergée par le poids du temps qui court, j’observe les dizaines d’oiseaux dans mon pommier. Un pommier généreux de branches cherchant à m’atteindre, portant encore des pommettes gelées. Étrange l’effet que peut avoir ces petites bêtes sur moi. J’avais oublié les petits bonheurs de la vie, ceux qui aident à passer à travers les épreuves. Seulement à les regarder virevolter autour des branches, de la mangeoire, se déposer, repartir rapidement avec la graine de chardon, les voir un à côté de l’autre à chercher de quoi se nourrir est un rappel à l’essentiel : la subsistance et le partage…

 

L’espoir prend place dans mon cœur et comme par magie réanime l’envie de me mettre en branle pour les décorations de Noël. Les lumières installées, j’attends la noirceur pour vérifier la disposition de celles-ci. Avant la nuit tombée, le ciel est en mouvement, change de forme, prend les couleurs de décembre. Des sizerins encore affamés prennent leur dernier repas. L’heure rosée et le reflet des lumières accentuent le rose des poitrines des oiseaux. C’est l’heure où tout s’enflamme! Il y aura un Noël!