Il était plusieurs fois les oies blanches

Elles envahissent le ciel du Saint-Laurent! On les entend jacasser tant pendant le jour que pendant la nuit. En octobre et début novembre, elles quittent l’île Bylot au nord-est de la terre de Baffin, située à mille cinq cents kilomètres au-delà du cercle polaire. C’est là qu’elles ont passé l’été, et viennent d’entreprendre leur retour vers le sud et se rendront jusqu’en Caroline du Nord et du Sud! Elles parcourent chaque année près de 8,000 kilomètres de migration.

 

Faut avouer que c’est un périple exceptionnel qui mérite notre admiration. Pourtant, ce qui me semble le plus extraordinaire dans cette migration, c’est l’entraide qui existe entre ces grands oiseaux. Elles volent en formant un grand V, d’abord pour la vue, car si elles étaient en ligne droite, elles ne pourraient suivre des yeux leur trajet, mais ceci leur permet aussi de faciliter leurs vols et de mieux comprendre les enjeux du vent.

 

Au cours de ce long voyage, elles ne cessent de s’entraider. L’oie de tête qui doit affronter les forces parfois contraires à leur avancée se fatigue vite et immédiatement, une autre vient la remplacer. C’est une belle image de coopération, une belle idée de communauté. Ce serait peut-être un exemple à suivre pendant cette période difficile que nous traversons.

 

Si nous ne pouvons nous attrouper comme le font les oies, nous pourrions prendre leçon de l’entraide qui caractérise leurs relations et ainsi ne pas oublier que si n’avons plus le droit de nous rencontrer à plusieurs, nos voix, comme celles de ces grandes oies, pourraient nous aider à voler un peu moins au ras du sol. Un téléphone, une conversation avec ceux que nous aimons ne pourraient que nous aider à traverser ces cieux qui sont pour le moment nuageux et nous apparaissent, sûrement à tort, sans horizon.

 

C’est aussi un long voyage que l’humanité traverse. C’est pourquoi, comme les oies blanches, notre premier devoir est de s’entraider pour que cette route s’ouvre vers un ciel tout en ouverture.