Une œuvre du peintre Roger Thériault illustre avec grand honneur la page couverture du livre du 150e de la Municipalité de Saint-Hippolyte qui sera dévoilé le 24 octobre.
« Aussitôt que j’ai vu cette toile accrochée chez Yves Dagenais, je voulais qu’elle figure sur la page couverture du livre que j’élaborais, vous avoue votre humble serviteur. Quel génie artistique a déployé Roger Thériault dans sa réalisation lorsqu’on observe les jeux subtils d’ombres et de lumières qui présentent cette fin de journée hivernale! »
Fin observateur
Ses enfants, Chantal et Alain, conjoints et les nombreux élèves qu’il a eus, sont tous d’accord pour affirmer « qu’il était maître dans les détails qui donnaient aux paysages et aux personnages peints une apparence de réel », affirme sa fille Chantal qui, elle aussi, a touché du pinceau, auprès de son père. « Dans son coin ménagé de la maison, assis durant de longues heures, il travaillait inlassablement ses œuvres, retouchant çà et là des éléments. Et, périodiquement, se levant et faisant péniblement quelques pas, il prenait du recul, examinait un détail, penchait la tête, changeait parfois l’angle du chevalet cherchant un angle différent de la lumière et, se rassoyait, ajoutait à quelques endroits quelques retouches. Satisfait et visiblement heureux, on l’entendait chantonner. »
Vie fascinante
À observer son parcours, de son enfance à sa vie adulte, on peut dire qu’il était « plein de talents ». Du p’tit gars de Vanier (Ontario), atteint enfant de la polio, développant alors de grandes habiletés en dessin, au musicien classique (violon) ayant étudié au Conservatoire de musique de Montréal; il est devenu artiste de cabaret dans les années 1950, accompagnant Willie Lamothe dans ses tournées. Puis, répondant à la demande de son frère Gérard Thériault (maire de 1963 à 1971) il vient le rejoindre à Saint-Hippolyte et ensemble, ils fondent Tério Design (création entre autres du logo de la bière Boréale). Versatile et artiste complet : musique, chant et peinture, son œuvre et ses réalisations produites sur plusieurs années sont gigantesques. De plus, bon vivant et toujours le cœur sur la main, il trouve moyen de réunir les gens autour de lui dans un club au nom évocateur d’AMICO où se réunissent « tous les bons amis »!
Transposition été à hiver
Comme historien, cette toile qui montre le village de Saint-Hippolyte avant le grand feu de 1933, année de la destruction de la première église, du presbytère et de la salle paroissiale, m’a interpellé, curieux d’en connaître la ou les sources iconographiques qui l’ont inspiré. Tout de suite m’est venue en tête une carte postale largement connue, reproduction elle aussi d’une toile du village, en été. Source, sans doute principale, quelques différences subtiles existent tout de même entre la toile en été de la carte postale et celle, en hiver de Thériault : les arbres défoliés dévoilent la présence de la montagne où coule le ruisseau du lac Renoir vers la baie des Labelle, au lac de l’Achigan et des couleurs différentes ont été ajoutées sur quelques maisons.
De photos à dates différentes à une carte postale composée
Allant plus loin dans mes recherches et cette fois, examinant des photos anciennes retrouvées, je remarque sur celles-ci certains des éléments de paysages anciens qui ont inspiré la toile de la carte postale. Mais, surprise! Découpant l’image en deux, j’avance que possiblement, l’auteur de la toile de la carte postale semble s’être inspiré de photos prises avant et après 1933, réunissant les éléments dans un même décor. Ainsi à gauche, on reconnaît les profils sous les arbres de l’église et de la galerie du presbytère, éléments présents sur une photo avant 1933. On les retrouve également sur une carte postale, elle-même produite à partir d’une toile. À droite sur la carte postale, les arbres inclinés et la route en terre ainsi qu’une partie des bâtiments au village semblent être inspirés d’une photo prise après 1933, à cause de la présence de la deuxième église sur cette photo. On constate aussi que le créateur a ajouté sur sa toile la maison de Laurier Labelle et de celle de la famille Papineau, s’inspirant probablement de la partie droite de la photo avant 1933.
Conférence et publications sur Roger Thériault
Composant avec les incertitudes des dangers de la COVID-19, une conférence et des publications sont en élaboration sur ce Grand Hippolytois qui a marqué à sa façon la vie artistique et sociale de Saint-Hippolyte. Nous vous en informerons.
La carte postale : objet de souvenir et de publicité, hier comme aujourd’hui
La carte postale, inventée dans les années 1865, quelques années après l’utilisation du papier pour fixer une photo (1847) et utilisée comme courrier sans enveloppe, avait comme but, selon son créateur, un professeur autrichien Emmanuel Hermann, de simplifier le système postal. Dès les années 1900, cette forme de correspondance connait un engouement et plus encore avec le développement de lieux d’activités touristiques et de villégiature. On estime que plus de 800 millions 1 de cartes postales ont été en circulation jusqu’à la fin des années 1960. Bien que les sujets principaux des cartes postales soient, autrefois comme aujourd’hui, des lieux, édifices et commerces, objets de visites touristiques, les imprimeurs ont développé très tôt un procédé pour appliquer de la couleur sur des photos anciennes en noir et blanc. Par ce phénomène, les transformant en les colorant et y ajoutant parfois des éléments disparus que l’ajout de la couleur harmonise, ils leur donnent une deuxième vie.
1 BAnQ : https://www.banq.qc.ca/archives/entrez_archives/branche_histoire/documents_iconographiques/cartes-postales/index.html consulté le 15-09-20.