Fille du fleuve, vivant maintenant dans le nid de la forêt, allant chaque été revoir les mouvements de la marée où j’ai vécu tous mes étés d’enfance, il m’a été impossible de ne pas relier ce que nous vivons en ce temps de confinement à ce qu’est l’étale, moment entre deux marées, entre le flot et le jusant, où le courant est nul!
Tant à la marée montante que descendante, le flot du Saint-Laurent se met à l’étale. Il se repose, ne monte ni ne descend pendant environ une demi-heure. Depuis la crise de la COVID-19, j’ai l’impression que la terre, notre monde est aussi à l’étale. Le confinement a interrompu les liens entre les êtres humains, la vie sociale s’est arrêtée, les amitiés sont aussi en pause. Chacun chez soi, on est à l’étale. Alors, il faudrait peut-être demander à la lune qui dirige les allées et venues des marées de se remettre à l’œuvre pour qu’elles reprennent leurs mouvements, que la vie alors retrouve son flux et son reflux, que notre vie tant sociale, familiale qu’amicale retrouve sa vie.
Mais dans tout ce que nous sommes en train de vivre, une grande question demeure : qui est la lune ? Où se cache-t-elle ? Comment la retrouver pour lui demander de reprendre son véritable rôle : celui de diriger les marées de notre monde et que cesse cet étale où notre vie est à l’arrêt!