Lorsque la neige fond en avril, les premières teintes de vert que nous pouvons entrevoir dans la forêt sont les mousses sur les rochers ou sur les souches. Elles demeurent vertes au sortir de la saison froide. Jetons un coup d’œil sur ces vivants qui occupent une place de choix dans la chaîne de vie.
De l’eau à la terre ferme
Les mousses sont de minuscules végétaux qui poussent en colonies sur différents substrats. Elles sont probablement les premières espèces végétales à avoir délaissé l’eau pour s’établir en milieu terrestre. Il y a des points de jonction entre les algues et les mousses. En même temps, comme les mousses vivent sur terre, elles s’éloignent des algues qui sont complètement aquatiques. Les mousses ont besoin d’eau pour survivre et même si elles sont des plantes à part entière, elles sont non vasculaires puisqu’elles sont dépourvues de racines et de tiges.
Du groupe des bryophytes
Tout comme les hépatiques, les anthocérotes et les sphaignes, les mousses sont apparues sur Terre, il y a plus de 400 millions d’années et elles sont présentes partout sur la planète. Toutes ces plantes ont été classées dans le groupe des bryophytes. La bryologie est la science qui étudie ces vivants. En général, ces plantes poussent à l’ombre et préfèrent le soleil du matin et celui de la fin de journée. Elles peuvent faire des réserves d’eau de pluie et sont capables de tolérer la sécheresse lorsque la situation se présente. Ces plantes sont autotrophes, ce qui revient à dire qu’elles sont en mesure de synthétiser des sucres et produire de l’oxygène en captant l’eau, le gaz carbonique et la lumière solaire par leurs feuilles. C’est le phénomène de la photosynthèse qui se réalise ainsi chez ces menus vivants.
Des plantes pionnières
Si nous extirpons un individu qui correspond à une mousse et qui est installé sur le sol, nous verrons à quel point ce vivant est petit et chétif. Nous disons souvent que l’union fait la force, et c’est justement un adage qui correspond bien à la vie des mousses. Lorsque ces vivants s’installent, ils sont nombreux à s’agglutiner les uns aux des autres. C’est ce qui fait leur beauté et leur singularité. Tout comme les lichens, les mousses sont des plantes pionnières. Cette expression nous ramène à la colonisation première des roches et du sol nu par les plantes colonisatrices. Par leur présence et l’humus qu’elles ne viendront qu’à former avec les années, les décennies voire les siècles, des plantes herbacées, des arbustes et éventuellement des arbres pourront éventuellement y trouver une place pour s’y installer et pour croître.
Se reproduire par des spores
Les mousses et autres bryophytes se reproduisent par des spores qui sont souvent contenues dans des capsules situées au-dessus des feuilles. Lorsque les conditions d’humidité sont adéquates, les spores s’échappent de l’organe reproducteur et se répandent au gré du vent. Si ces spores minuscules tombent dans un substrat humide, de nouveaux individus pourront y germer.
La sphaigne et les tourbières
Les sphaignes sont des bryophytes qui forment le sol des tourbières, des écosystèmes uniques où vivent plusieurs plantes de la famille des bleuets sans oublier quelques spécimens de plantes carnivores. La tourbière est une zone tampon entre le lac et la forêt. Lorsque cette petite mousse pousse dans ce substrat humide, elle ne cesse de croître, ce qui fait que la mousse de sphaigne, après des milliers d’années, peut atteindre 60 mètres de profondeur. Lorsque cette mousse s’assèche, elle deviendra de la tourbe qui est vendue dans les pépinières et qui sert aussi de filtre pour certaines installations septiques. Si ces milieux peuvent être exploités par l’humain, il ne faut surtout pas oublier d’en conserver plusieurs pour permettre la régénération des espaces et des espèces vivantes. Pour identifier les mousses, les sphaignes et autres bryophytes, je vous conseille de consulter la Flore des bryophytes du Québec-Labrador écrite par Jean Faubert.