Ce n’est pas un secret pour personne. Tout est chamboulé sur notre planète. La COVID-19 fait rage et nous menace tous. Ce bouleversement, qui dure depuis quelques mois, ne menace pas uniquement notre santé physique… mais également notre santé relationnelle.
Une once d’admiration
Au départ, pour qu’un lien doux existe, ça prend une once d’admiration entre nous. On ne peut pas se passer de cet ingrédient de base! Sinon, le regard que je porte sur toi et que tu portes sur moi risque de déclencher des sentiments et des comportements de rejet, d’évitement ou, pire encore, d’indifférence.
C’est mon entrée en matière pour vous dire qu’en ce moment, les propos qui circulent autour de ma génération, celle des 70 et plus, contiennent un danger. Celui de tuer l’admiration, je dirais même le respect pour les personnes âgées. Pas d’admiration : pas de liens doux entre nous!
Il est vrai que certains comportements inconscients, délinquants et déconcertants sont difficiles à comprendre et que plusieurs justifient quelques colères. Raison de plus, pour nous, personnes qui avons de l’âge et du vécu et qui sommes sous la loupe en ce moment, de bien mesurer l’impact de nos gestes concernant les mesures mises en place pour traverser le drame de la COVID-19.
Une once de transmission
Rappelons-nous le message de Jacques Grand’Maison, éminent sociologue et théologien de chez nous, qui nous parlait de l’importance de la transmission entre les générations. Je me rappelle ses paroles quelques semaines avant de mourir… Il me disait avoir une peur bleue d’une éventuelle cassure entre les générations. Les signes avant-coureurs qu’il nommait étaient le chacun pour soi, l’isolement et la perte des valeurs fondamentales comme le sens de l’autre. Il a levé, à plusieurs reprises, des drapeaux rouges pour nous dire de remettre l’humain au centre de nos préoccupations. Il ne nommait pas le coronavirus, il n’était pas encore parmi nous, mais il parlait d’un mal invisible, celui des valeurs molles, logées dans la nappe phréatique de notre société capable de nous diviser dans ce que l’humain a de plus sacré.
La COVID-19, invisible menace, peut, si nos peurs triomphent et que nos discours dénigrent, accélérer en sourdine l’idée que les personnes âgées ne sont qu’un poids lourd et inutile à porter. Imaginez alors, dans la tête et dans le cœur des jeunes, quelle serait dorénavant leur angoisse de grandir et de vieillir. Au drame de cette pandémie s’ajouterait celui du déclin des liens doux entre nous.
Une once de coude-à-coude
Ne sommes-nous pas faits pour nous serrer les coudes? Ne sommes-nous pas faits pour faire triompher la vie à tout prix, au-delà de l’argent ou de l’envie de trouver des coupables? Ne sommes-nous pas nés pour vivre, comme disait Aristote, humain pleinement humain? Et l’histoire, que dira-t-elle de nous… de nos comportements, de notre capacité à rebondir et à traverser dignement les zones de turbulences? « Le temps ne respecte pas ce que l’on fait sans lui », nous disait le Grand Jacques.