Ma bande dessinée coup de cœur ce mois-ci s’intitule Ces jours qui disparaissent. Elle est l’œuvre de Timothé Le Boucher, un jeune bédéiste français d’à peine trente ans qui en est déjà à son quatrième album. J’ai adoré cette bande dessinée et je ne suis pas le seul comme en témoigne les différents prix qu’elle a remportés, dont le Prix des libraires de bande dessinée 2017 remis lors du Festival d’Angoulème, l’un des plus prestigieux festival de BD au monde.
Je dois avouer qu’en lisant les premières pages, je n’ai pas été particulièrement attiré par les illustrations. Elles sont fortement inspirées par l’esthétique typique des mangas. Toutefois, j’ai rapidement embarqué dans l’univers de l’auteur, saisi par la profondeur du scénario de ce thriller psychologique.
On y suit Lubin, un artiste de cirque un peu rêveur qui, après une mauvaise chute, est victime d’un phénomène étrange. Il réalise qu’il perd des journées. En effet, un jour sur deux passe sans qu’il ne s’en aperçoive. Mais le plus inquiétant survient lorsqu’il réalise que pendant cette journée perdue, une autre personnalité prend possession de son corps. Cette «personnalité» prendra rapidement l’initiative de créer un contact avec lui en se filmant. Lubin entre dans le manège et c’est ainsi qu’il réalise que son double est très différent de lui. Plus le temps passe et plus les absences de Lubin se prolongent. Ce qui le fait s’éloigner des gens qu’il aime, car ces derniers ne savent plus à quel moment son identité première refera surface.
Ce récit laisse place à bien des questionnements sur la dualité du personnage principal. Si la deuxième personnalité devient plus présente que la première, laquelle a le plus de droit de décision sur le corps? Qui devient le parasite de l’autre?
Les droits pour une adaptation cinématographique ont été achetés. On comprend pourquoi, cette BD est tellement rythmée qu’elle a presque l’air d’un storyboard de film. Elle pourrait être adaptée sans grande modification au scénario original.
Timothé Le Boucher est sans aucun doute un bédéiste à surveiller, sa nouvelle BD «Le patient» est d’ailleurs sortie il y a quelques mois.
Prenez note que toutes les bandes dessinées dont il sera mention dans cette chronique sont disponibles à la bibliothèque de Saint-Hippolyte.
Gil Brousseau