Le 19 février en soirée et le 20 février en après-midi pour les groupes scolaires, Le Malade Imaginaire la 4 ième représentation, une des œuvres de Molière fut jouée sur la scène du Théâtre Gilles-Vigneault. Afin de bien rendre cette pièce, huit acteurs chevronnés ont performé pour nous ce soir-là et ont rendu avec justesse les textes et mises en situations où les faits historiques côtoient la comédie avec le plus grand art.
Pourquoi la 4 ième Représentation ?
Il faut savoir que Molière né Jean-Baptiste Poquelin a interprété Argan, lors de la dernière représentation du Malade Imaginaire soit le 17 février 1673, juste avant de mourir à l’âge de 51 ans.
Près de 350 ans plus tard, présentée par les productions de La Comédie Humaine fondée en 2005 par Martin Lavigne et dont il est également responsable de cette formidable mise en scène, huit acteurs ont évolué lors de cette magnifique prestation théâtrale, afin de nous offrir ce qui s’apparente le plus à une commedia dell’arte (forme de comédie parue en Italie vers 1550 et qui tend vers le genre dramatique en vers ou en proses cherchant à faire rire ou sourire).
Témoins de ce voyage théâtral, notre imaginaire s’est retrouvé au 17 ième siècle, pendant que Molière s’apprête à jouer cette pièce au Théâtre Royal de Paris avec la Troupe du Roi. Bien entouré de ces acteurs Molière nous invite à assister d’une certaine manière à son chant du cygne.
Un synopsis d’une autre époque …
Sur la scène on retrouvait les acteurs qui interprétaient au moins deux rôles dont : ( Pierre Chagnon) dans celui de Molière, qui endosse l’identité d’Argan le Malade Imaginaire, un hypocondriaque qui use des médicaments de façon exagérée. Ayant une santé fragile, il est anxieux particulièrement lorsqu’il prend moins de remèdes. Les vautours rodent autour de sa fortune tel que son épouse Béline (Mireille Deyglun) qui trompe son mari tant au sens propre qu’au sens figuré avec le notaire Bonnefoy (Claude Tremblay), cet acteur y joue également Diafoirus le médecin de confiance et mercantile d’Argan. Angélique (Marie-Ève Trudel) la fille de ce dernier, souhaite lier sa destinée à Cléante (Simon Fréchette-Daoust) mais Argan ne l’entends pas ainsi; il voudrait que Thomas Diafoirus (Nicolas Germain-Marchand) fils de son médecin Diafoirus, devienne le futur époux de sa progéniture, et ainsi notre malade imaginaire pourra continuer à se faire soigner et enrichir son « bon « docteur. Le personnage de la servante Toinette (France Parent) a un côté très revendicateur car elle tient tête à son patron Argan ce qui était plutôt rare durant ces années-là. Elle a un fort caractère et de connivence avec le frère de son employeur Béralde (Jean-François Blanchard), ils essaieront de démontrer que Béline n’est pas de bonne foi envers son mari et qu’elle n’attend que sa mort afin de récolter tous ses avoirs et retrouver son amant le notaire. De même qu’ils feront équipe afin de prouver qu’Angélique aime son père sincèrement et qu’elle est prête à sacrifier son bonheur pour lui alors Argan se ravisera et acceptera de donner la main de sa fille à Cléante.
Des incursions modernes et des réflexions
Lors de la présentation de la pièce alors que l’on ne s’y attend pas, les acteurs se sont mis à évoluer en dansant sur des airs de : Alors on danse (Stromae), Hound Dog (Elvis Presley) et de A Sky Full Of Stars (Coldplay). Introduire une telle modernité dans une pièce du temps de Louis XIV, quelle belle audace ! Dès que la musique s’arrête les comédiens reprennent là où ils ont laissé comme si de rien n’était. Du grand art, la preuve en fut faite par ces acteurs qui ont su nous prouver leur savoir-faire et l’amour de leur métier. Suite au spectacle on pourrait se demander : Et si Molière voudrait que l’on s’interroge sur les médecines abusives ou se laisse-t-on trop facilement berner par des gens qui ont notre confiance ?
Quand la troupe de comédiens viennent saluer les spectateurs une salve d’applaudissements vient couronner leur immense talent, leur authenticité artistique. Si nos oreilles se sont délectées de ces textes si bien rendus, nos yeux se sont émerveillés devant la beauté des costumes et du décor. Avec un peu d’imagination Molière aurait sûrement approuvé!
Pour infos : www.theatregillesvigneault.com