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Une histoire si proche ! Quand un malheur devient bonheur!

 

1922 Lucien Desjardins et Marguerite Paquette posent sur la roche devant l’école du rang, coins de la 217e avenue et du chemin du lac des Quatorze-Îles.

L’histoire de la vie des Hippolytois est riche de récits de vie touchants.1 En voici un tout à fait approprié, en ce mois de février, mois où les Romains se réjouissaient dans des fêtes, à l’arrivée des nouveau-nés dans leurs troupeaux.2

 

Cette histoire commence donc ainsi, comme il se doit. « Il était une fois… en 1935 à Saint-Hippolyte, au sein de cette mini-société de rang du lac des Quatorze Îles où, d’été en été, elle devenait de plus en plus florissante de vacanciers. »

 

Fuir la « maladie des villes »

Car à cette époque, plusieurs familles nombreuses de Montréal fuyaient l’atmosphère malsaine de Montréal pour se réfugier dans des petits chalets à la campagne. Car il y sévissait une terrible maladie, la tuberculose.  Pauvreté, insalubrité et absence d’équipements sanitaires dans les maisons contribuaient à la propager et, malheureusement, la médecine, faute de vaccin adéquat, ne pouvait la combattre. Si des organismes de charité comme l’institut Bruchési et la Colonie des Grèves de Contrecœur, 3 offraient des séjours à certains enfants pauvres, des familles entières se contentaient de petits chalets absents de tout confort. Ainsi, ils permettaient à leurs enfants de profiter aussi de l’air sain, de l’eau pure des lacs, du soleil et des grands espaces de la nature hippolytoise.

 

Tueuse aussi des adultes

Malheureusement, les enfants n’étaient pas les seules victimes de ce bacille sournois et contagieux. 4 C’était le cas aussi des adultes qui, une fois affecté, disparaissaient littéralement de la vie de leur famille qui ne pouvait les visiter durant leur long séjour dans un sanatorium à la campagne5, où l’issue était souvent incertaine.

1952- Famille d’Honoré Desjardins et de Marguerite Simard. De gauche à droite : Marguerite Simard, épouse d’Honoré Desjardins, Thérèse Desjardins (mariée à Laurent Létourneau), Cécile, religieuse et nièce d’Honoré Desjardins, Marguerite Paquette, veuve de feu Lucien Desjardins et ses enfants, Robert Desjardins, assis à l’avant, Yvon et Claude devant leur tante Françoise Desjardins, religieuse dans la Congrégation des Sœurs de la Providence comme sa cousine Cécile.

Marguerite Paquette

Donc, revenons en 1935, au lac des Quatorze Îles où entre en scène, Marguerite Paquette. Marguerite est de santé fragile. Elle a été hospitalisée l’année précédente pour un traitement de la tuberculose. Elle est l’invitée de son frère Rolland Paquette au chalet loué au lac des Quatorze Îles pour sa famille. Rolland, généreux, a tout de même réservé une chambre à Marguerite afin de lui faire profiter de l’air pur comme le recommandait son médecin traitant. Bien que parfois étourdie et vacillante sur ses jambes, Marguerite cherche à participer au quotidien de la maison. C’est ainsi qu’elle se donne le mandat quotidien d’aller puiser l’eau au puits, mis à la disposition près des chalets par la famille d’Honoré et Ludger Desjardins qui en sont les propriétaires.

 

Lucien Desjardins

Lucien Desjardins est l’un des fils d’Honoré. Il habite dans la maison paternelle, pas très loin du lac et des chalets et gagne sa vie en réalisant de petits boulots, ici et là tout en participant à la construction des chalets et au développement des propriétés de sa famille près du lac des Quatorze Îles. Ceux qui ont rapporté cette histoire ne précisent pas si Lucien avait remarqué depuis un petit moment le manège quotidien de Marguerite, puisant l’eau au puits où, par hasard il s’est trouvé là au même moment, mais ce qu’ils ont conservé est que, Lucien offre à Marguerite d’actionner la pompe et de transporter les chaudières remplies au ras-bord, jusqu’au chalet des Paquette.

 

Coup de foudre

Et, par hasard, il est également au rendez-vous, le lendemain puis le surlendemain et ainsi chaque jour qui s’allonge, il ne manque aucun rendez-vous. Et, ces rencontres s’allongent de plus en plus et sont meublées d’échanges de toutes sortes, de rires et de moments de détente, assis dans la pelouse verte et fraîche de l’été. Les fréquentations ont duré deux ans, puis à l’été 1937, Marguerite a épousé Lucien. Ils ont d’abord habité à Saint-Jérôme où Lucien travaillait au Canadian Pacifique Railways puis, durant les années qui ont suivi, ils se sont installés au lac des Quatorze Îles.

 

Resto à Margot

Durant plusieurs années, Lucien et son frère Léo ont construit des chalets de location. Léo, habile constructeur, marchait souvent soir et matin de Prévost, où il habitait, à Saint-Hippolyte avec son coffre à outils, pour se rendre sur ses différents chantiers. Il était très apprécié. Et, pendant que Lucien a continué de travailler au CP, à Saint-Jérôme, Marguerite a ouvert un petit resto où elle vendait de la crème glacée, des liqueurs douces, des chips et d’autres friandises. Ce resto mettait aussi à la disposition des clients, un téléphone public, très apprécié. Puis, Lucien construisit devant le resto, une salle de danse, où son jukebox était très apprécié des jeunes vacanciers.

 

1 Malheureusement, les responsables du livre du 150e ont décidé de les exclure de l’édition à venir!

2 Les Lupercales fêtes annuelles célébrées du 13 au 15 février, fin de l’année romaine, en l’honneur de Faunus, dieu de la forêt et des troupeaux.

3 Camps pour la jeunesse montréalaise : Bruchési, 1911, et la Colonie des Grèves de Contrecœur, 1917.

4 La tuberculose est causée par le bacille de Koch qui se loge dans les poumons et crée ainsi des cavités qui détruisent le tissu pulmonaire.

5 Au Québec, les premiers sanatoriums pour adultes seront : Sainte-Agathe-des-Monts (1908) l’Annonciation (1926) dans les Laurentides et d’autres suivront, au Québec.