Georges Loulou, 2012
Georges Loulou, l’Égyptien et le négociateur, a été maire de Saint-Hippolyte durant deux mandats, de 1985 à 1993. Héritier d’une culture commer-çante du Moyen-Orient, il a apporté une ouverture culturelle sur le Monde à sa municipalité d’adoption.
Sous son égide, l’hôtel de ville est devenu une Communale (2) jumelée à un hameau français. Le maire Loulou a vu au bien-être des citoyens avec la construction d’un réseau municipal adéquat d’aqueducs, la mise en place d’un programme environnemental de protection des ruisseaux et des lacs. Son administration a accordé de grands appuis financiers au monde culturel et des arts hippolytois.
Libanais égyptien (1)
Georges Loulou a vu le jour au bord de la Méditerranée, à Alexandrie, dans cette ville où l’Histoire est présente à chaque pas. Ses grands-parents, d’origine libanaise, se sont établis en Égypte et s’y sont adaptés. Georges Loulou y a vécu jusqu’à l’âge de 25 ans. Diplôme de comptable agréé en poche, après avoir fait son service militaire obligatoire, il l’a quitté en 1962, avec son amoureuse égyptienne de l’époque pour migrer au Québec.
Voir la vie en face et s’adapter
Mais l’amour ne dura pas, et le voilà seul dans ce pays neuf. Lui qui avait l’habitude de se baigner dans la Méditerranée jusqu’en novembre et qui connaissait les hivers très doux de sa contrée d’origine (la température à Alexandrie ne descendant pas en bas de 10 degrés), il est surpris par l’hiver québécois rigoureux. Côté travail, deux semaines après son arrivée, il travaille comme comptable dans un bureau montréalais. On ne lui reconnaît cependant que deux ans sur les cinq ans d’études faites en Égypte. Il reprend le chemin de l’école. Années difficiles avec les contraintes du travail et des études à temps partiel. Pendant quatre ans, il ne prend pas de vacances. La solitude de son appartement lui convient et il apprécie le climat social paisible sans agitation politique du Québec. « J’ai aimé la paix, la tranquillité d’esprit, le travail assidu, ce qui a été bénéfique pour mes études. »
Prendre racine
Mais Georges a vécu une vie familiale intense, valeur importante pour lui. Il fait la rencontre d’Andrée Girouard, une Québécoise, et, ensemble, ils fondent une famille de deux enfants et autant de petits-enfants. « Certes, épouser une Québécoise facilite l’intégration sociale et culturelle et permet de se redonner une nouvelle famille basée sur des liens vécus différemment. Les concessions sont faciles même si parfois, dans l’éducation des enfants, la mentalité antérieure refait surface à l’improviste. Ici, au Québec, tout est axé sur le côté pratique du quotidien. On voit la réalité en face, même pour la mort. J’aime la responsabilité de chacun face à lui-même. »
Inauguration de la Communale, en présence des conseillers, du maire Georges Loulou et des citoyens, 1987.
Bienvenue à la liberté
En Égypte, tout était centré sur la hiérarchie patriarcale. Les principes et les exigences du milieu familial entravaient la liberté individuelle. De plus, la minorité chrétienne, dont il est issu, vivait en vase clos, repliée sur elle-même. Il était difficile d’échapper aux conventions. « J’apprécie la liberté des Québécois, le respect de l’intimité des autres et l’importance de la vie privée. J’aime la distance que chaque personne ou chaque couple met entre soi et la famille élargie ou les amis. Ici, on téléphone, on n’arrive pas systématiquement chez les gens sans avertir. »
Ils ont recherché et partagé
L’immigration enrichit la société. « Au Moyen-Orient, on cherche à régler les choses à l’amiable, avec compromis et négociation. C’est en partie ce qui explique le succès commercial des Libanais dans le monde. Expo 67 a ouvert beaucoup de portes et depuis, le Québec assiste à un mélange incroyable de peuples, de cultures, de visions éducatives. » Georges Loulou a recherché, au Québec et à Saint-Hippolyte, une liberté sociale d’actions et de parole. Il a partagé sa vision d’ouverture sur le Monde
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1 : Ce texte est adapté en partie de celui de Jocelyne Annereau Cassagnol, Ces Hippolytois venus d’ailleurs, Le Sentier, paru en Mars 2012, p.7. GRAND MERCI à madame Annereau-Cassagnol pour son accord.
2 : Nom d’un bâtiment municipal européen. La municipalité de Saint-Hippolyte a été jumelée à un hameau français portant le même patronyme et a participé à des échanges de résolutions du conseil municipal et d’activités de loisirs.
