Nathalie et Max… mariés depuis 25 ans, deux enfants.

  • Notre relation ne tient qu’à un fil ! J’étais absolument certaine de passer notre vie ensemble, mais voilà que mon mari rêve de « polyamour ».

Max justifie son changement de cap :

  • Oui, j’essaie de lui faire comprendre que j’ai le cœur assez grand pour aimer plusieurs personnes à la fois… et pourquoi pas plusieurs femmes ?
  • Oui, mais cela ressemble à de la polygamie ! argumente Nathalie. La polygamie ne fait pas partie de notre entente de départ…
  • Non, je ne te parle pas de polygamie. Je conserve ma parole de continuer d’habiter avec toi et les enfants, d’assumer mes obligations financières envers notre famille. Je ne ferai pas vivre d’autres femmes. Je continue de t’aimer, je t’ai toujours aimé et je t’aimerai toujours. Il faut que tu comprennes qu’il me manque quelque chose. C’est personnel. Je veux explorer autre chose que nous deux.
  • Et ce quelque chose, c’est quoi ? demande Nathalie.
  • Je veux atteindre mon plein potentiel.
  • Alors, si je veux maintenir notre statut matrimonial d’exclusivité amoureuse et sexuelle, j’empêche ton épanouissement personnel.
  • Tout à fait !

Nathalie s’effondre. Après quelques questions, Nathalie découvre qu’en réalité Max a déjà débuté, depuis déjà deux ans, ce style de vie qu’il nomme « le polyamour ». Il dit ne plus vouloir être dans le mensonge et souhaite, au contraire, être honnête avec elle… C’est pourquoi il voulait aborder ce sujet aujourd’hui avec un témoin neutre.

Doublement sous le choc, Nathalie réussit à dire quelques mots.

  • Tu me présentes le polyamour comme un projet, une orientation nouvelle pour nous deux… et je me rends compte que ton soi-disant projet porte déjà un mensonge. Comment peux-tu penser que je puisse encore te croire, que tu puisses être capable d’honnêteté envers moi ?

Nathalie poursuit.

  • Maintenant que j’y pense, je commence à mettre bout à bout les indices qui m’affolaient. Des changements que j’observais, depuis deux ans justement. Tu mettais toute ton énergie à me démontrer que je capotais ou que j’avais trop d’imagination. JE NE PEUX PAS CROIRE que depuis tout ce temps-là, tu me mentais. Je te disais que…
  • ta présence, ton implication dans notre couple se faisait rare;
  • ton langage et ta vision du monde devenaient de plus en plus « ésotérique »;
  • tes expériences extrasensorielles, y compris l’utilisation de certaines drogues, te déconnectaient de toi, de nous et de la réalité;
  • ton discours de père ressemblait à celui d’un adolescent qui veut « tripper » avec ses enfants et non pas à celui d’un adulte qui veut éduquer.

 

Depuis quelques années, j’entends des couples comme Max et Nathalie vivre dans la confusion totale. Confusion entre « je choisis de vivre selon certains concepts ou certaines valeurs » ou « je suis en quête de bien-être ou du bonheur »; « je maintiens et renouvelle un projet dans une intention de durée » ou « j’opte uniquement pour le moment présent, le renouvelable et l’expérience sensorielle immédiate sans prendre en considération les conséquences » qui ébranlent la sécurité affective, intellectuelle et physique si essentielle à l’équilibre humain et familial.

 

Il est où le bonheur, il est où ?

À la suite de cette première rencontre, Max accepte avec Nathalie d’entreprendre une réflexion un peu plus large que de pointer comme unique solution ce changement de mode de vie et de valeurs qu’il qualifie comme un « essentiel besoin à l’actualisation de son plein potentiel ». Au fil des rencontres, Max et Nathalie constatent que l’amour, la confiance et l’espoir ont fait la force et la réussite de leur projet Mariage. Toujours, ils se sont senti « engagés et heureux de l’être ». Ensemble, ils ont discuté sur comment, dans ce nouveau mode de vie polyamour, ils pourraient concrètement maintenir ces trois ingrédients de réussite.

 

Après mûre réflexion, Nathalie affirme que son admiration (base de son amour) pour Max a déjà commencé à s’effriter.

  • Je te vois maintenant comme un consommateur qui, pour se donner bonne conscience à son infidélité, se loge dans le concept du polyamour ! Ma confiance en Moi, en Toi et en notre projet Mariage n’en finit plus de s’interroger… En ce moment, j’ai un état de vigilance, d’inquiétudes et de doutes que je n’ai jamais eu auparavant. Pour ce qui est de l’espoir de la durée de notre relation, laisse-moi te dire que tout en moi dit « non ».

Au-delà d’une ou de plusieurs filles dans ton lit, ce sont ces trois grandes valeurs qui sont en moi fragilisées et le seront de plus en plus. « Engagée et heureuse de l’être » n’est déjà plus là. À la lumière de qui je suis et ce qui a toujours fait du sens pour nous deux, de ce que je souhaite d’une relation amoureuse… je refuse le polyamour.

De son côté, Max a dû apprendre la différence entre un concept et une valeur et un bien-être et un bonheur. Il a constaté que se choisir voulait dire choisir, pour lui et Nathalie, l’amour, la confiance et l’espoir et que ces trois grandes valeurs nécessitent la fidélité, la liberté et la fécondité à leur projet initial.

 

*Bien-être : La satisfaction de nos besoins. (Boris Cyrulnik)

*Bonheur : L’actualisation de nos élans créateurs. (Guy Corneau)

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