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Sommes-nous prêts pour « la grande histoire » de Saint-Hippolyte ?

À peine deux mois, et l’année du 150e de Saint-Hippolyte sera du passé. Qu’en retiendrons-nous ? Quels en seront les legs historiques laissés sur la connaissance de son histoire ?

Il est de coutume de célébrer des étapes, des événements : anniversaires, rencontres, mariages, fondation et autres. Ces occasions se prêtent à célébrer et à marquer des étapes et des réalisations de toutes sortes. Dépenses particulières, cadeaux, voyages et autres attentions soulignent souvent leur importance. Qu’en sera-t-il du 150e de Saint-Hippolyte ? Qu’en retiendrez-vous ?

Premier livre historique à paraître
Depuis à peine huit mois, un livre historique est en élaboration sur le vécu des Hippolytois et leurs réalisations lors des 150 dernières années et plus, d’existence. Huit mois 1 c’est un « exploit » lorsqu’on pense au travail à réaliser ! Pas facile à Saint-Hippolyte. Absence d’archives de la paroisse et de la Municipalité, disparues lors du feu de 1933, destruction de plusieurs bâtiments, presque la moitié du village, lors du feu de 1944. À cela s’ajoutent les « grands ménages » faits lors des déménagements du bureau municipal. Encore aujourd’hui, rien n’a été accessible pour le livre !

Histoire encore si proche !
Par chance, plusieurs Hippolytois ont conservé des souvenirs précieux. Ceux de leur enfance, de leur famille et certains des événements qui se sont déroulés dans leur coin d’appartenance, autour des lacs. Témoins précieux, ils ont partagé photos et documents d’époque. Avec eux, lentement et parfois lors de plusieurs rencontres, il a été possible de replonger dans le passé au fil de l’émergence des souvenirs. Les enregistrements réalisés, écoutés et ré-écoutés plusieurs fois ont été transcrits. Événements, dates et noms, si rarement écrits derrière les photos, ont été validés et replacés dans les contextes historiques. Car pour réaliser une oeuvre réellement historique, il faut en valider tous les faits rapportés !

Légendes, hypothèses et « qu’en dira-t-on » familial, ne constituent pas l’histoire
Pas facile de dégager parfois le véridique d’une situation racontée. Anecdotes, témoignages parfois cocasses et amusants enjolivent souvent un récit, mais, jamais ils ne peuvent servir de vérité, sans être validés deux, voire trois fois. C’est en cela que l’historien se distingue du conteur. Du témoignage reçu, il est en mesure d’en contextualiser le temps, l’espace et le continuum des événements historiques locaux, régionaux, nationaux, voire mondiaux.

 

50 ans d’existence, 1919
Qui s’en souvient ? La Grande Guerre avait pris fin, en novembre 1918. On imagine facilement qu’en ce 8 février 1919, les Hippolytois étaient encore très préoccupés par ce terrible cataclysme humain et matériel qui a fait dix millions de morts et huit millions d’invalides. Grande Guerre reconnue comme ayant été la plus destructrice ! Lors des célébrations, Mélasippe Richer était maire de 1914 à 1923 et Parfait Michaud, curé (1917-1924). Peu de choses subsistent. Les chemins d’hiver facilitaient peu les déplacements vers la première église au village. Sobriété des réjouissances et manifestations religieuses constituaient l’essentiel de ces événements.

 

La Petite Histoire, 1939
À l’été 1939, rapporte Denise Marcoux dans l’édition du Sentier d’octobre 2002, une jeune fille de 18 ans, Monique (Barré) Dufresne, en vacances au lac de l’Achigan, rédige une Petite histoire de Saint-Hippolyte pour un concours scolaire. Elle y recueille des témoignages des anciens de cette époque. Monsieur Desjardins, 82 ans, dont le père a participé au feu 2 de 1837 à Saint-Eustache, et ceux de sa femme, 74 ans, petite-fille de Thophile (sic) Beauchamp qui raconte comment son aïeul « est parti de New Glasgow avec sa femme et ses deux filles et a parcouru sept milles pour atteindre son lot acheté au lac Kilkenny 3 ». De leur part, Phonsine (sic) Gohier et son mari parlent de leurs fréquentations à la première école construite sur le passage des Labelle4 où, avant d’entrer, car ils marchaient pieds nus pour ménager leurs bottines ». Son mari, alors bedeau, parle du coût d’un baptême, mariage et enterrement. Cette jeune étudiante décrit aussi le profil du représentant de la justice au village, monsieur Fournel, appelé bonhomme Fournel. « Il faut le voir, rapporte-t-elle, dans son uniforme d’agent de police […] grand, maigre, à la démarche fière pour ses soixante ans.[…] Sa figure rusée abrite des yeux inquisiteurs. […] Son sourire quelque peu narquois […] concrétise l’esprit finaud et fier ».

Histoire du village de Saint-Hippolyte, 2001
En 2001, d’autres anecdotes et récits sont présentés dans le Sentier. C’est davantage du village et de ses résidents dont il est question. On y découpe arbitrairement le temps en trame de cinquante années, illustrée de photos de ces époques et où on associe des événements et des témoignages glanés dans des sources écrites et orales. Cela donne une assez bonne perspective de l’histoire du village. Bien sûr, la vie au village compte très peu dans celles de l’ensemble du territoire hippolytois. À ces époques, comme encore aujourd’hui, c’est dans les mini-sociétés de rang, actuellement de lacs, que résident et vivent la presque totalité des Hippolytois. C’est donc surtout celle-là qui sera présentée dans le livre à venir.

1 : On accorde, en général, à un chercheur, un temps de 24 mois et plus pour la réalisation d’une monographie. Et il dispose habituellement, des dossiers d’archives déjà élaborés pour sa réalisation.
2 : Expression pour désigner la Rébellion des Patriotes de Saint-Eustache.
3 : Ancien toponyme du lac de l’Achigan, inscrit sur les cartes des arpenteurs Bouchette (1823), Quinn (1867) et Leclair (1886).
4 : Actuellement, rue Morin.