La grande détermination, c’est le sens du Prix honorifique Chris Stirling remis à Raymond Lévesque cet été. L’athlète de 67 ans, qui avait annoncé une retraite partielle des courses de très longue distance, s’est laissé envouter par un tout nouveau défi : un 25e triathlon avec le Xtrème CanadaMan/Woman.
Alors que Lévesque brille déjà fortement au firmament des athlètes amateurs québécois, il a choisi, au tout début de l’année 2019, de tendre encore plus vers les étoiles, grâce à des grimpées cumulant 4000 mètres d’ascension en s’attaquant à l’épreuve d’endurance extrême à Lac-Mégantic.
En hommage à nos ancêtres
Ainsi, il appert que le Québec fait bonne figure dans l’univers des courses de longues distances. Depuis 2017, avec le slogan « atteignez les étoiles avant minuit », l’organisation Endurance Aventure a mis en place ce triathlon pour « rendre hommage aux bâtisseurs canadiens qui ont su s’adapter aux rudes éléments de la nature et faire de la forêt et des grandes étendues du Québec leur terre de subsistance et d’appartenance ». Le parcours est pittoresque et c’est l’une des seules courses du genre où l’athlète voit constamment, au fil de l’épreuve, son objectif final, soit l’ASTROLab du Mont-Mégantic. Ce parcours s’inspire de la mythique course Norseman, qui a lieu depuis 2003 en Norvège.
En escalade vers l’ASTROLab
Lévesque était le doyen de l’édition 2019, alors que, sur 279 inscriptions et 180 participants présents le jour de l’événement, seuls 145 individus — 25 femmes et 120 hommes — ont terminé le parcours Xtrème Solo. Il leur a fallu faire 3,8 km de nage dans le lac Mégantic, 180 km de vélo en dénivelé positif de 2500 mètres et 42,2 km de course en dénivelé positif de 1500 mètres.
La dernière partie de la course se compose littéralement d’escalade de quartiers de roc gigantesques et de racines déstabilisantes émergeant du sol, dans un ultime effort pour rejoindre l’ASTROLab du parc national du Mont-Mégantic. Lévesque a remporté la première position dans sa catégorie, dépassant les performances de près d’une quarantaine d’hommes inscrits pour l’événement, toutes catégories d’âge confondues, avec une course de 16 heures 52 minutes et 7 secondes.
L’imprévu dans l’aventure
Et si ces éléments ne vous ont pas encore étonné, ajoutez à votre perspective que des événements imprévisibles ont ralenti l’Hippolytois. Dans ce type de course, qui débute à 3 h 40 du matin, les participants sont laissés à eux-mêmes, et ils doivent se constituer une équipe autonome de soutien pour les approvisionner au fil du parcours. Or, l’alternateur de leur voiture a subitement rendu l’âme au coeur de l’épreuve, ce qui a perturbé gravement la logistique de la journée. Lévesque a dû compléter sa course avec une partie de son équipement en moins, mais il a pu improviser en comptant sur de bons samaritains et sur la débrouillardise de sa famille, son épouse Marie, son fils Yan, et ses petits-enfants Justin et Alyssa ayant sa réussite à coeur. L’Hippolytois confie, le sourire aux lèvres, « qu’on sait comment ce genre de journée débute, mais que l’on ne sait jamais comment elle va finir… »
Compter sur les siens
Si la famille de Lévesque est aux premières loges depuis longtemps dans tous ses événements, c’est la première fois où les proches pouvaient concrètement aider Raymond tout au long de la compétition. C’est ainsi que son fils Yan le supportait physiquement en s’assurant que l’athlète de 67 ans ne perde pas l’équilibre, malgré la fatigue, dans l’escalade laborieuse des blocs de roc vers le sommet. Les deux petits-enfants ont aussi pu courir plusieurs kilomètres au côté de leur grand-père, faisant de cette journée le plus beau de tous les triathlons que l’Hippolytois ait jusqu’alors effectués.