Tout sur terre est né de l’eau. Sans elle, il n’y aurait pas d’existence sur terre. « On nomme ce phénomène la sortie des eaux. Cela est survenu entre 500 millions et 400 millions d’années. Les végétaux sont les premiers à conquérir la terre ferme puis les mollusques et les vertébrés suivirent. Rien n’est laissé au hasard, car la sortie des eaux s’explique par un appauvrissement de la vie marine en raison de multiples crises biologiques, favorisant ainsi la conquête de nouveaux environnements », explique l’anthropologue Jean-Sébastien Pariseau

 

L’eau est source de vie. Ici, elle a une présence si forte qu’elle abreuve de partout notre environnement. Dans d’autres pays, elle se fait économe, pour ne pas dire avaricieuse. Au Québec, nous aurions presque l’impression de vivre dans le fœtus du liquide amniotique.

 

L’eau est une grande voyageuse. Les eaux souterraines, les sources, les ruisseaux, les rivières, les lacs, le fleuve et enfin l’océan ne cessent de circuler, de cheminer. Elle peut se faire riante, chantante, fraîche, claire ou même glauque lorsqu’elle ne peut circuler à son goût. Elle a aussi le pouvoir de devenir méchante lorsqu’elle se fait envahissante en dépassant ses limites et en créant des inondations quasi incontrôlables.

 

Il y a aussi la pluie, la neige et même nos larmes qui font partie de son univers. Elle mérite notre respect. Il est peut-être affligeant que nous ayons tenté de la contrôler et l’obliger à changer son parcours. Elle se rebiffe de plus en plus souvent et acquiert alors une puissance qui s’approche de la colère. Ne tente-t-elle pas alors de nous punir ? Ne serions-nous pas un peu comme Narcisse qui, fasciné par son reflet qu’il contemple sur la surface de l’eau, finit par s’y noyer ?

 

Il serait plus juste de s’allier à la vision de Paul Claudel qui écrit en 1929 dans L’oiseau noir dans le Soleil levant que « l’œil véritable de la terre, c’est l’eau. Dans nos yeux, c’est l’eau qui rêve. Nos yeux ne sont-ils pas cette flaque inexplorée de lumière liquide que Dieu a mise au fond de nous-mêmes ?»