Une chercheuse à « l’espérance têtue »… C’est l’image qui me vient quand je pense à sa détermination. Aujourd’hui, Gisèle va bien. Elle a « navigué en eaux troubles » sans jamais chavirer malgré les vagues extraordinairement musclées. Voici ce que Gisèle a pris le temps de m’écrire suite à l’une de mes conférences donnée dans le cadre Les Matinées Pierrette-Anne Boucher.

Je vous livre son témoignage comme un cadeau… une expérience qui donne à penser.

 

Samedi 1er juin 2019

Ouf… gros brassage d’émotions ce matin. La conférence « Sauve-toi, ça presse » a ramené des images de mon passé. Des émotions pas drôles du tout. J’anticipais un peu que ça pourrait arriver, j’étais déjà dans un certain état de fébrilité au départ. Et puis il y eut une boule au niveau du plexus solaire qui ne m’a pas quittée. Et un sentiment de malaise, de mal de cœur qui m’habite encore en ce début d’après-midi. J’ai écrasé quelques larmes, retenu le torrent qui s’annonçait.

 

Une question que tout le monde se pose

Quand une dame a demandé « pourquoi elle n’a pas quitté ce couple malsain, pourquoi est-elle restée là à se faire détruire ? », j’ai eu envie de lui répondre. Répondre que je ne savais pas que je vivais dans un milieu malsain. Que toute cette merde s’était installée au compte-goutte. Que j’avais été élevée dans une marmite qui goûtait la même chose. Que je ne savais pas que la vie pouvait se vivre autrement. Que cette personne avait essayé de voler mon essence, mon âme, sans que je m’en rende compte. Que j’étais tellement épuisée que je n’avais pas la force de réagir. Que j’ai eu la chance immense d’avoir un ange dans ma vie, quelqu’un qui a tenu ma main pour ne pas que je me noie le temps que j’apprenne à nager. Quelqu’un qui a vu qu’il y avait une étincelle de vie en moi. Elle savait que cette étincelle je la voyais aussi et m’y raccrochais de toutes les forces qui me restaient. Cet ange, c’est Pierrette-Anne.

 

Sortir des eaux troubles

Quand je suis sortie de cette maison du malheur, j’avais l’air d’un zombie. Je marchais, agissais « par cœur », par automatisme. La reconstruction a été lente, difficile. L’histoire partait de loin. Oui, ça prend beaucoup de courage pour se reconstruire, mais on n’en est pas vraiment conscient à ce moment-là. Tout ce qu’on veut, c’est que le manège s’arrête. On ne veut plus jouer à ce jeu-là. On ne sait même pas qu’on a plein de brume dans notre tête. On est dans un état presque comateux, on ne ressent plus. Ni douleur physique, ni douleur morale.

 

Mon tuteur de résilience, je l’ai trouvé à 38 ans. J’ai eu une bonne étoile, j’ai rencontré Pierrette-Anne. Ça, c’est le facteur chance. Je l’ai gardée avec moi, décidée à faire un bon bout de chemin avec elle. Ça, ça a été la meilleure décision du reste de ma vie. La chance de l’avoir rencontrée et le choix que j’ai fait de travailler fort pour avoir une vie meilleure, c’est la plus belle chose qui pouvait m’arriver. Ce que vous entendez là, madame, c’est un aperçu de comment ça arrive et comment on s’en sort. Dites-vous bien qu’on n’entre pas dans une relation de manipulation par choix, on se fait happer par le manipulateur, comme la mouche par une toile d’araignée.

 

Il est là le bonheur, il est là

Aujourd’hui, il est dans la lecture de ce généreux témoignage de Gisèle. Il est dans l’espoir qu’elle nous donne. Il est dans le privilège que j’ai eu de la rencontrer et de l’accompagner. Merveilleuse Gisèle. Merci.

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