Quel émerveillement d’assister aux habiletés acrobatiques de l’arboriculteur hippolytois Jacques Moreau qui depuis plus de 30 ans n’hésite pas à se lancer au sommet des arbres pour « dompter » ces poids lourds qui menacent dans leur chute des bâtiments.
Pendant toutes ces années, pas un arbre « accroché » ou malencontreusement brisé par du mauvais temps lui a tenu tête, affirme fièrement Jacques Moreau. « Il faut savoir anticiper les angles de chute de l’arbre avant d’effectuer une coupe même parfois légère d’une branche ou d’un tronc qui le précipitera dans sa chute. Parfois, ce sont de légers craquements ou des soubresauts de mouvement de branches qui indiquent la réaction à venir de l’arbre. Et il faut se tenir toujours prêt et toujours au-dessus des branches. J’en connais plus d’un qui se sont fait “fouetter” traîtreusement par des branches dans leur descente. Il faut être prêt à tout! » Et l’entraide est importante dans ce métier. Il arrive qu’un concurrent m’appelle pour avoir mon point de vue sur une situation. Je n’hésite pas. Je me rends sur place et, si je peux, j’aide. La vie, c’est précieux!
Partage de l’expérience
Jacques Moreau est toujours accompagné dans son travail par une personne au sol. « Cela permet d’avoir un angle complémentaire de la situation, partage Marc-Antoine Langlois qui l’assiste depuis plus de 20 ans dans ce travail. On apprend beaucoup en travaillant avec des plus habiles que nous, conclut celui qui est lui-même monteur de charpentes d’acier depuis 12 ans. À huit, il m’arrivait souvent d’accompagner mon ami Jonathan, un des fils de monsieur Moreau, sur les lieux du travail de son père. Nous lui donnions un coup de main pour ramasser les branches, mais j’aimais surtout le regarder travailler ».
Le travail au sol est aussi très important pour celui qui est dans l’arbre. Selon ses demandes, on fixe des câbles placés de façon stratégique soit, pour retenir une branche ou une partie du tronc dans leur chute ou le tronc lui-même et surtout pour guider l’arbre dans un angle qui n’occasionne aucun bris. C’est un art que monsieur Moreau possède très bien. Patiemment, il observe et anticipe les mouvements possibles d’une branche ou d’une partie du tronc. Il teste continuellement la solidité des branches qu’il pousse avec la lame de sa scie mécanique qu’il actionne d’une seule main. Il coupe de petites parties seulement, surveillant chaque fois la réaction brusque et spontanée qui pourrait précipiter l’arbre subitement au sol.
Sécurité avant tout
Peu importe le temps et les efforts déployés, concluent ces travailleurs qui relèvent des défis qui semblent parfois impossibles à des profanes. L’important, c’est de réaliser ces défis sans aucune blessure ou bris de bâtiment. C’est pour cela que les gens font appel à nous. Ils nous font confiance et on se doit de leur dire ce qui est possible ou non de réaliser. Notre vie en dépend, parfois. Ainsi, Jacques Moreau ne s’aventure jamais à tenter de couper des branches ou des arbres près des fils électriques entre les poteaux de l’Hydro. « Ces ouvrages doivent être confiés à des employés ou des sous-traitants qui ont l’équipement approprié pour les réaliser. D’ailleurs, eux aussi sont très prudents et ils n’hésitent pas à enlever le courant dans les fils électriques avant de procéder à toutes réparations. »