Il était une fois le cœur à l’envers

Quelle triste expression! Elle résume pourtant bien une peine si grande que les larmes ne viennent plus puisque le cœur est à l’envers. Peut-on espérer, rire, se confier, vivre lorsque notre cœur n’est plus dans le bon sens ? Qu’existe-t-il alors ? Que reste-t-il aussi ? Comment le remettre à l’endroit ?

 

Vivre avec un cœur ainsi posé suppose une tragédie, un drame, une sensibilité qui sont à l’origine de bien des larmes, d’actes manqués, peut-être aussi de bien des suicides. Le printemps s’en vient, mais ce cœur ne s’en réjouira pas. Il ne verra pas vraiment l’éclosion presque magique de la vie qui reprendra de partout. Comme si le cœur à l’envers était aussi aveugle.

 

Fragilités, doutes, incompréhensions, chagrins sont les ficelles qui retiennent, comme une marionnette abandonnée et pendue par un clou dans le fond d’un placard, un cœur du mauvais côté de la vie.

 

Et je pense à cette phrase de l’auteur allemand Gunther Grass, prix Nobel de littérature, mort en 2015 et auteur du célèbre roman Le Tambour, « Quand j’ouvris dans toutes les directions les fenêtres qui m’étaient promises, j’étais sûr, étant amorti, de ne rien voir. » ou « Les yeux ouverts, la déesse connait la cécité du ciel. » Comme j’aimerais être une fée qui aurait le pouvoir de remettre tous les cœurs à l’envers, à l’endroit!