C’est Ça… avec André Sauvé

Les 18 et 19 octobre dernier, le volubile humoriste André Sauvé nous livrait le contenu de son récent spectacle, simplement intitulé Ça, présenté au Théâtre Gilles-Vigneault.

Pendant plus d’une heure trente, la salle comble aura été les témoins auditifs de réflexions existentielles tantôt cocasses, tantôt profondes qui mettent en relation la complexité identitaire de l’être humain et la place que nous occupons dans ce monde en constante évolution.

 Mais qu’est-ce que c’est que « ça » ?

Dès le lever du rideau et juché sur ce qui semble être une réplique de la surface de la Terre, André nous déclare : « on vient de ça qui a su ». Cette soirée était l’opportunité de réaliser combien la vie est bien faite, que chaque élément a une raison d’être. Car selon lui, on se demande tous : « c’est quoi notre place dans l’univers » ?

Comparer l’animal à l’être humain

Bien connu pour son débit rapide, André enchaîne les observations et les cas de figure sans même reprendre son souffle. Il s’intéresse entre autres à l’instinct de survie des bêtes sauvages et à la chaîne alimentaire, où chaque animal est à la fois prédateur et proie. Ceux-ci s’exposent quotidiennement au danger pour survivre : quelle dualité!

Dans un autre segment, André explore la reproduction ; chez les animaux, non seulement cela semble être une corvée, mais cela paraît assez pénible pour bien des espèces. L’orignal traîne un panache extrêmement lourd et doit se battre ; quant au saumon, il remonte une rivière à contre-courant pour s’apercevoir, rendu à destination, qu’aucune femelle ne l’attend… les œufs ont été pondus et laissés là pour la fécondation!

Ces gestes qui révèlent la personnalité

Avec ce troisième spectacle, André analyse également la gestuelle des gens pour deviner leur personnalité. C’est de façon très comique qu’il s’exécute sur scène. Une imitation qui a provoqué un fou rire général fut celle d’une femme avec le genou qui plie mal et une main constamment en l’air comme pour héler un taxi. « Elle est toujours en retard, sa valise a fait trois fois le tour du monde, mais cette femme-là n’en a rien vu, car elle a raté tous ses avions », en déduit avec certitude l’humoriste.

« La bouche qui traîne de la patte »

C’est mi-blagueur, mi-sérieux qu’André confie que lorsqu’il parle, il en est déjà rendu à quelques paragraphes plus loin dans sa tête : « Par exemple, pour moi le show est déjà fini depuis au moins trente minutes. Qu’est-ce que vous faites encore là, vous ? », demande-t-il aux spectateurs. Ce qui l’amène à faire quelques remarques judicieuses sur l’action même de la parole. À son avis, c’est épuisant de toujours parler sans arrêt, de formuler de longues phrases pour communiquer le moindre petit détail à son interlocuteur. « Quand on est avec des gens et qu’on ne dit rien, on se fait demander “Pourquoi tu ne parles pas ?” Or, on ne demande jamais : “Et toi, pourquoi tu parles ?”… Ça risquerait de créer un malaise! »

Une quête intérieure

André maîtrise l’art de tirer des leçons de vie à partir de l’humour. Un exemple probant est lorsqu’il raconte qu’il est déjà allé en Inde pour se recentrer sur lui-même et faire le vide. « Ah ça, pour faire le vide, je me suis vidé! J’ai été tellement malade! », s’exclame-t-il alors qu’on s’y attendait le moins. Il ajoute que malgré tout, il en a tiré une belle leçon de vie : « ce n’est pas parce que l’on va au bout du monde que l’on devient quelqu’un d’autre ». Comme il le dit si bien, il ne sert à rien de s’aventurer trop loin lorsque ce que l’on cherche, ou quand on se cherche soi-même est juste ici, avec nous.

L’importance de laisser les choses aller, de cesser de vouloir avoir le contrôle sur tout est au cœur de Ça. « Faisons ce que l’on a à faire, et ce sera ce que ce sera ». De sages paroles qui auront certainement fait du bien à plus d’une personne dans la salle.

Pour clore le spectacle en beauté, une douce lumière et une musique apaisante accompagnent le dernier message qu’André souhaitait transmettre à son public : « Il paraît que dans l’œil d’un cyclone, tout est calme ; c’est un endroit de silence et de paix ». À méditer… Pour infos : www.theatregillesvigneault.com