Un incendie détruit le pavillon Roger-Cabana
La recherche de cause n’a pas été nécessaire pour déterminer que l’incendie qui a détruit le pavillon Roger-Cabana le samedi 5 mai en après-midi était d’origine volontaire. Ce haut-lieu de la vie communautaire et de loisirs de Saint-Hippolyte est parti en fumée dans le cadre d’une formation pour les pompiers.
Plusieurs membres du conseil municipal étaient présents, dont le maire Bruno Laroche, ainsi que le conseiller responsable de la sécurité publique, Patrice Goyer, aussi officier du service incendie de Saint-Jérôme, et le conseiller responsable des dossiers d’environnement et de communication, Bruno Allard. Ces deux dernier avaient revêtu l’habit de combat pour l’occasion. Une trentaine de citoyens s’étaient aussi rassemblés à l’écart du site pour assister à l’exercice. C’est le choix de la méthode de démolition qui a soulevé le plus de questions.
Quand l’incendie devient un exercice
La méthode habituelle pour détruire ce bâtiment aurait nécessité le travail de machinerie lourde, le va-et-vient de plusieurs camions et l’enfouissement de la totalité des matériaux, engendrant des frais incompressibles. Il a plutôt été décidé de profiter de cette occasion unique pour former les pompiers. Et comme les services incendies de Sainte-Sophie et de Saint-Colomban ont aussi participé à la formation, le coût de l’opération est pratiquement nul, précise le conseiller Bruno Allard.
« Le bâtiment était idéal pour ce genre d’exercice. Il était dans un endroit dégagé, assez loin de tout arbre ou autre immeuble, mais aussi près de la rue et comportait quelques agrandissements successifs utiles à la formation. De plus, l’humidité laissée par le temps pluvieux des derniers jours et le vent qui s’est calmé au milieu de l’après-midi réduisaient presque à néant le risque de propagation », a confirmé le directeur des services incendie de Saint-Hippolyte, Welley Bigras jr.
Il n’y a pas de fumée sans feu
La journée de formation a commencé en avant-midi à l’intérieur du bâtiment afin d’utiliser différentes techniques d’évacuation de la fumée et de ventilation. Par la suite, les douze équipes, composées chacune de trois pompiers et d’un officier, ont exécuté une panoplie de tactiques d’extinction. « Aujourd’hui, les pompiers sont formés par l’École nationale de pompiers du Québec et les méthodes d’extinctions se font avec le moins d’eau possible pour réduire les dégâts. Mais il est nécessaire de pratiquer dans un endroit contrôlé pour développer ces habiletés », ajoute M. Bigras.
Alors que les pompiers doivent se concentrer sur l’extinction d’un incendie le plus rapidement possible lors d’une intervention, ce genre d’exercice leur donne l’occasion d’observer la propagation d’un incendie et d’essayer différentes techniques sans conséquences fâcheuses. C’est aussi le moment idéal pour mettre en œuvre tous les points de la norme d’intervention de la National Fire Protection Administration (NFPA 1403) qui détaille les éléments d’une intervention.
Un incendie « écologique »
Pour sa mise à feu, le pavillon Roger-Cabana avait préalablement été dépourvu de matériaux dont la combustion aurait été dommageable à l’environnement ou qui auraient pu causer un risque d’explosion. Il avait aussi été déconnecté du réseau électrique afin de respecter les nombreuses normes environnementales, en sécurité et en combat d’incendie.
Pour la phase finale de la formation, un feu a été allumé à l’intérieur vers 15 h 25. Sans accélérant et dans un environnement rendu humide par les interventions précédentes, la fumée a malgré tout gagné tout le bâtiment rapidement. Seulement quinze minutes plus tard, les flammes commencent à percer le toit et se propagent à toute la structure. À 16 h 15, le revêtement extérieur détruit par le feu a laissé voir la structure de brique de l’ancien garage municipal. Durant ce temps, plusieurs pompiers prennent des notes ou pratiquent des techniques de contrôle d’incendie, notamment pour éviter que des tisons s’envolent. La chaleur est tout de même intense et un bouclier d’eau est utilisé pour protéger le camion-citerne. L’extinction finale commence à 17 h 15, permettant encore aux pompiers de parfaire leurs méthodes d’intervention.
Les pompiers poursuivent leur formation par le contrôle des points chauds à l’aide d’une caméra thermique. Les restes de l’immeuble seront démolis par une pelle mécanique. L’exercice se conclut par une réunion de rétroaction, où chaque élément est décortiqué afin d’en tirer les meilleurs enseignements. « Je suis très satisfait de cette journée qui s’est déroulée exactement comme on le souhaitait. Les objectifs qu’on s’était fixés sont atteints », conclut le directeur des services incendie de Saint-Hippolyte.
Beaucoup de souvenirs partis en fumée
« Je suis conscient que les gens peuvent être nostalgiques, mais ce bâtiment ne répondait plus aux normes ni aux besoins de la communauté. Il fallait le démolir pour faire place au nouvel édifice plus spacieux, mieux éclairé et plus fonctionnel qui sera terminé très bientôt. Cet exercice s’avère donc une façon unique de faire d’une pierre deux coups en faisant des économies sur le budget alloué à la démolition et en formant les pompiers qui pourront intervenir plus efficacement lors d’incendies », souligne le maire, Bruno Laroche. C’est ainsi que se termine l’aventure du pavillon Roger-Cabana, aussi connu sous le nom de Bivouac, qui faisait partie de la vie de Saint-Hippolyte depuis 1977, mais ceci est une autre histoire… L’emplacement du pavillon Roger-Cabana sera nettoyé et aménagé en parc de stationnement et en espace vert devant le nouvel édifice dont l’inauguration devrait avoir lieu en juin 2018.