Entretien avec Claudette Domingue et Jocelyne Perras-Thibault
La petite histoire de la fondation du journal pourrait bien débuter avec la rencontre réunissant Guy Thibault, professeur de géographie au secondaire et Alain Labelle, qui travaillait en 1982 pour la Municipalité. M. Thibault avait besoin de cartes topographiques de la région qu’Alain Labelle est venu lui porter un samedi à la maison.
Jocelyne Perras-Thibault
Jocelyne Perras-Thibault, l’épouse de Guy, était alors sur place. Elle en profite pour poser quelques questions à Alain concernant la vie citoyenne de Saint-Hippolyte. Elle avait remarqué qu’il était difficile de savoir ce qui s’organisait dans la municipalité. Elle demande à Alain Labelle, bien spontanément, « que se passe-t-il à Saint-Hippolyte? » Alain Labelle lui répond qu’il existe plusieurs groupes et associations qui organisent des activités. Jocelyne lui demande alors : « où est-ce annoncé? » Alain a alors compris que le transfert d’information n’était pas adéquat ou n’était fait que de bouche à oreille… C’est alors qu’Alain en a parlé à Claude Vadeboncoeur, le directeur des loisirs. C’est là que l’idée du journal a germé dans leur esprit. Quelque temps plus tard, Alain mentionne à Jocelyne : « Écoute, on aimerait partir un journal, es tu intéressée de te joindre à l’équipe? » Par ses questions qui allaient droit au but, Jocelyne Perras-Thibault a joué un rôle clé dans la création du journal communautaire.
Claudette Domingue
Pendant ce temps, Claudette Domingue était résidente du lac Bleu. Lorsqu’un événement était prévu, comme un méchoui ou une épluchette de blé d’Inde, elle faisait le tour du lac en cognant aux portes afin d’inviter les familles. Avec des enfants à la maison, il devenait important de s’organiser, de créer des activités. Claudette excellait dans l’art de planifier et de mettre sur pied des événements. Elle se retroussait les manches et ne reculait devant rien pour réaliser des projets. Comment généraliser l’information à communiquer dans la municipalité sans avoir uniquement recours au bouche-à-oreille? La réponse à cette question, c’était de créer un outil médiatique qui assurerait le lien entre tous les citoyens de Saint-Hippolyte.
Ligne de départ
Nous sommes en décembre 1982 au 2274, boulevard des Hauteurs. Il fait un temps glacial. C’est là que se réunirent pour la toute première fois les artisans de la création du journal communautaire de Saint-Hippolyte. Étaient présents à cette rencontre Charles Charron et François Nolasco, conseillers municipaux, Claude Vadeboncoeur, directeur des loisirs ainsi que Claudette Domingue, Jocelyne Perras-Thibault, Alain Labelle et Monique Beauchamp. Tout était à bâtir, toutes les étapes étaient à planifier. Pourtant, l’énergie positive était déjà bien vive et présente.
Les jeudis soirs chez Monique Beauchamp
« Lorsque nous avons démarré le journal, il fallait tout faire. Nous allions souvent chez Monique Beauchamp le jeudi soir », explique Claudette. De son côté, Jocelyne se rendait en poste restante pour recueillir les textes manuscrits des citoyens qu’elle prenait le temps de taper à double interligne en respectant les marges. Il fallait même mesurer l’espace, car l’imprimeur Publicompo de Saint-Jérôme ajoutait certaines contraintes. Lorsque l’épreuve était finalisée, Claudette partait de l’hôpital, son lieu de travail, pour aller porter le document chez l’imprimeur. Parfois, elle dépassait légèrement le temps alloué pour son dîner… Il faut dire que Le Sentier n’était pas le plus gros contrat de Publicompo… On la faisait parfois attendre…
Un facteur bien utile
Lorsque le journal était prêt, c’est André Bourdeau, le facteur, qui se rendait à Saint-Jérôme pour récupérer toutes les copies du journal. Il s’occupait ensuite de le livrer chez les résidents permanents et dans les commerces. Une «carte d’affaires» coûtait, au tout début, 25 $ par mois. Les commerçants en achetaient, car cela augmentait leur visibilité. Ces montants servaient (et servent toujours) à financer les coûts reliés à la production du journal.
« On avait tellement hâte de voir le journal lorsqu’il sortait », nous confie Jocelyne. Chaque bénévole apportait son grain de sel. Les citoyens pouvaient contribuer en notant sur papier leurs anecdotes, leurs textes. C’est le cas d’Émile Beauchamp qui écrivait sur l’histoire d’autrefois et sur les jeunes hockeyeurs de la région, car il entraînait une équipe.
Impressions
Jocelyne et Claudette ne tarissent pas d’éloges pour notre journal communautaire : « Le Sentier a mis de la vie dans notre milieu. Il nous a rapprochés. Il nous a permis d’assister à des activités soit culturelles soit sportives. Il a fait naître quelque chose de mieux. Comme c’est un média écrit, c’est encore super important aujourd’hui. Quand j’ai besoin d’un service, je fais référence au Sentier. Je préfère appeler des gens de Saint-Hippolyte », nous dit Claudette.
« Le journal nous plaît beaucoup. Il faut le conserver ainsi», poursuit Jocelyne. « Ce qui est dans l’ordinateur, ce n’est pas suffisant, nous rappelle Claudette. Le Sentier peut être déposé et repris plus tard, un peu comme un musicien qui laisse son instrument sorti », nous relate Claudette.
Les témoignages de Claudette Domingue et de Jocelyne Perras-Thibault sont tellement pertinents. Ils nous font revenir sur l’énergie qui animait jadis cette équipe de pionniers. Leur engagement était héroïque surtout qu’elles travaillaient toutes deux à temps complet, Jocelyne comme secrétaire scolaire et Claudette, comme technologue en imagerie médicale. Leur précieux apport durant les deux premières années du journal a été remarqué. Merci à Claudette et à Jocelyne d’avoir tracé la route de notre journal communautaire!
Et aujourd’hui ?
Dans cet article, nous parlons beaucoup d’hier. Mais que font nos deux pionnières du Sentier aujourd’hui? Jocelyne Perras-Thibault est retraitée
du réseau de l’éducation québécois depuis 2005. Avec son mari Guy, elle profite pleinement de sa vie dans son coin de paradis hippolytois. Elle occupe aussi le rôle de bénévole à la bibliothèque de Saint-Hippolyte.Claudette Domingue est retraitée du réseau de la santé québécois depuis1997. Par l’art, elle continue de s’engager dans des causes actuelles qui lui tiennent à coeur. Elle est une artistegraveur professionnelle qui fait partie de l’Atelier de l’Île de Val-David. Elle vit toujours à Saint-Hippolyte.