Les mammifères ont été classés en plusieurs ordres d’après leurs caractéristiques fondamentales. L’ordre des Insectivores comprend au Québec six espèces de musaraignes et deux espèces de taupes.

 

Ces animaux, souvent de petite taille, possèdent un museau effilé, des pattes assez courtes qui présentent cinq doigts griffus. Ces mammifères bas sur pattes marchent en apposant la plante du pied au sol. Ce sont donc des plantigrades. Les taupes se distinguent des musaraignes par leurs pattes antérieures vraiment plus larges et qui sont adaptées au fouissage. Chez les six espèces de musaraignes présentes au Québec, nous regarderons de façon plus spécifique la Grande Musaraigne qui est un des petits mammifères les plus abondants dans l’est du Canada.

 

Observée dans la neige

Au tout début de février, en marchant le long du chemin enneigé, j’ai eu la chance d’observer assez étonnamment une Grande Musaraigne qui circulait le long de la congère. Peut-être était-elle à la recherche de l’entrée de son tunnel souterrain… J’ai pu bien voir ses caractéristiques et ai même pu la photographier. Elle avait un pelage noir assez fourni et lustré, des pattes rosées et un museau allongé. Ses petits yeux foncés étaient à peine perceptibles. De plus, sa queue était relativement courte (environ 3 cm) et de couleur foncée. Elle me semblait bien sympathique et très apparente, toute noire sur un fond de neige. Sa longueur totale était d’environ 12 cm.

 

Odeur et venin

Ce mammifère est actif tout au long de l’année et peut sortir de ses caches en plein jour comme durant la nuit. Même si sa vue n’est pas très développée, son sens du toucher et son ouïe le sont évidemment plus. La Grande Musaraigne sécrète une odeur forte à l’aide de ses glandes latérales. Cette odeur que certaines personnes qualifieraient de nauséabonde est discernable près de ses tunnels. Elle aiderait à l’éloigner de certains de ses prédateurs. Par contre, elle sera souvent la proie du renard et des oiseaux de proie diurnes et nocturnes. Il m’est déjà arrivé de voir dans les serres d’une Chouette rayée une Grande Musaraigne que l’oiseau venait de capturer. De plus, la salive de la Grande Musaraigne est toxique. Elle contient un venin et lorsqu’elle mord une de ses proies, elle peut la paralyser et la tuer. Ce venin lui permet donc de s’attaquer à des proies bien plus grandes qu’elle comme à certaines souris et aux campagnols. Il faut être prudent si on désire manipuler une Grande Musaraigne. Bien que sa morsure ne soit pas dangereuse pour l’humain, elle peut néanmoins être douloureuse.

 

Insectivore

Comme elle fait partie de l’ordre des Insectivores, la Grande Musaraigne se nourrit surtout d’insectes. Elle est aussi friande de vers, d’araignées et d’escargots. Elle peut également s’attaquer à d’autres espèces de musaraignes qui sont plus petites qu’elle.

 

Reproduction

À la fin de l’hiver, les musaraignes adultes s’accouplent, et ce, généralement en mars. La portée est de quatre à six jeunes. Ces derniers naîtront en avril et grandiront rapidement. Les femelles nées au printemps pourront se reproduire dès l’automne de la même année. Selon certains auteurs, les femelles ne se reproduiraient qu’au début de leur deuxième été. Comme le cycle de vie de la Grande Musaraigne évolue rapidement dans le temps, il est important de préciser que ce mammifère à l’état adulte et en milieu naturel ne vit rarement plus de 18 mois.

 

La nature fait souvent bien les choses. Nous n’avons pas à intervenir davantage. Simplement prendre le temps d’observer ce qui existe pour ensuite se réjouir de cette diversité incroyable. C’est ainsi que la vie se manifeste à nous.