Ils se sont vus pour la première fois à 18 ans, à l’occasion de leur premier cours de philosophie au cégep. Ils se sont aimés, un coup de foudre. Ils ont étudié ensemble, ont effectué des travaux en équipe, ont assisté à des pièces de théâtre. Ils se sont apprivoisés petit à petit. Ils se sont encouragés, aidés, ils ont découvert qu’à deux, étudier était plus facile, la vie était plus agréable et le bonheur plus présent.

 

Pendant les vacances de Noël, ils ont visité leurs parents, leurs frères et sœurs et ils ont fraternisé avec la famille étendue, cousins et amis. Ils ont échangé avec les huit grands-parents. Tous des gens heureux qui ont su donner un sens à leur vie et ont occupé leur place dans la société. Ils ont écouté les ancêtres qui leur ont démontré nos valeurs fondamentales, celles qui nous ont permis de survivre en Amérique depuis 400 ans. Ils ont réalisé que pour être heureux dans la vie, la voie est simple. Il faut se guider sur la science et étudier les idées de Charles Darwin sur l’évolution, expliquées dans leur 2e cours de philosophie. La vie apparaît sur Gaia, notre planète Terre pour les Grecs, il y a 3,5 milliards d’années. Depuis, tous les êtres vivants, des coraux aux colibris, aux chevaliers cuivrés, ont comme première tâche de survivre, sinon la vie n’existerait plus sur Terre.

 

Les trois étapes de la vie

Survivre est la première étape à franchir pour tous les êtres vivants. Pour nous les humains, qui sommes selon Aristote « des animaux politiques », il faut gagner sa vie en se disant qu’il n’y a pas de sot métier et qu’il faut travailler à la sueur de son front! La deuxième étape consiste à faire « le nécessaire » pour perpétuer l’espèce – c’est « le meilleur » de l’engagement du mariage, rêvant « d’une grande-table entourée d’enfants ». Il faut se coordonner, élever les enfants, les éduquer – rôle fondamental des parents – leur apprendre le respect, la politesse, le savoir-vivre. Ensuite, il faut espérer et avouons-le, être chanceux, que sa progéniture soit instruite – rôle inhérent de l’école et des professeurs. La prochaine étape est une période plus dispendieuse. Les fiançailles et les mariages des enfants avec de grosses fêtes pour permettre à la famille élargie de se rencontrer autrement que lors de funérailles. Ensuite, le couple, dans la fleur de l’âge, bien établi, l’hypothèque payée, a passé à la prochaine étape. La retraite a sonné et les jeunes parents ont eu besoin d’aidants naturels : ils sont donc devenus gardiens de petits-enfants. Ça n’a pas arrêté, mais c’est quand même agréable.

 

Quelquefois, la maladie frappe

Comme c’est mon cas depuis 2004. Récemment, à l’occasion d’une récidive d’un cancer des lymphomes, mon hématologue m’a suggéré un nouveau traitement américain, le CAR-T, super efficace. Mais puisqu’il est encore à l’état expérimental, les effets secondaires sont peu connus. Il est donc obligatoire que je sois surveillé 24/24 durant deux mois. Il m’a fait comprendre en termes voilés que je dois être accompagné constamment, que je ne peux être laissé seul, trop dangereux. Heureusement, avec Linda, nous formons un vieux couple depuis 53 ans. Aujourd’hui, nous vivons « le pire » de notre engagement. Je suis tout de même chanceux, grâce à son aide, le cancer est en rémission.