J’ai une amie qui demeure directement sur les rives de la rivière des Mille-Îles à Sainte-Rose. Elle n’est pas seulement ornithologue, elle aime aussi nourrir les oiseaux dans le but de leur donner une chance lorsque surviennent les changements de saisons. Tout près de la bande riveraine, elle place ça et là des graines au sol. Plusieurs espèces de canards barboteurs visitent ainsi son terrain. Les Canards colverts et les Canards branchus sont très souvent présents. On les entend caqueter lorsqu’ils circulent afin de pouvoir saisir quelques graines au passage.
Arrivée de la neige
C’est le jeudi 9 novembre 2023 que la neige est arrivée à Laval. C’est durant cette journée qu’un oiseau vraiment peu commun, un mâle Canard mandarin, s’est arrêté à cet endroit et y est demeuré pendant trois semaines.
Originaire d’Asie
Regardons de plus près d’où vient ce canard et quelles sont ses caractéristiques. Le Canard mandarin (Aix galericulata) fait partie du même genre que le Canard branchu (Aix sponsa). Tout comme son cousin branchu, le Canard mandarin est arboricole. Il niche dans les arbres et peut se contenter de nichoirs installés par l’humain le long des cours d’eau. Mais le mandarin ne niche pas au Québec et il n’y a pas d’hybridation connue entre lui et le branchu. En fait, le mandarin est vraiment très rare au Québec. Originaire d’Asie, ce canard niche au Japon, en Chine et à l’est de la Russie.
Sans doute à cause de sa grande beauté, il fut introduit en Europe occidentale il y a plusieurs années, certains au début du XXe siècle. Selon David Allen Sibley, une petite population de cette espèce est maintenant établie dans le comté de Sonoma en Californie. Sibley précise que des individus de cette espèce peuvent être observés à peu près n’importe où en Amérique du Nord. Le Canard mandarin vu à Laval en novembre s’est peut-être échappé d’une ferme d’élevage. Il est peu probable qu’il provienne du Québec. Les lois du MAPAQ sont très sévères et les oiseaux d’élevage ne sont pas élevés en liberté à cause des probabilités que survienne la grippe aviaire.
Une grande beauté
Regardons de plus près cet oiseau. Comment peut-on le reconnaître? Le Canard mandarin est un peu plus petit que le Canard branchu. Les femelles de ces deux espèces se ressemblent beaucoup. Toutes deux possèdent une « lunette » blanche et des flancs tachetés. Le mâle adulte mandarin ne peut être confondu avec aucun autre oiseau. Son bec est rouge vermeil et une large bande blanche part du haut de l’œil et se termine à l’arrière de la huppe. De plus, il possède des favoris orangés qui semblent avoir été brossés ou peignés. À l’arrière du dos se trouvent deux structures rousses qui ont la même forme que la feuille d’un ginkgo. Ces « voiles » sont retroussées et sont arborées fièrement par le mandarin mâle. Sur le talus herbeux de cette résidence de Sainte-Rose, le Canard mandarin circulait aux côtés d’autres canards et ne semblait pas du tout intimidé d’être seul de son espèce.
Départ précipité
À la fin du mois de novembre, il a fait très froid et les abords de la rivière des Mille-Îles ont gelé. Le Canard mandarin a donc quitté les lieux et a dû descendre plus au sud, là où les eaux ne sont pas encore gelées, là où les cieux sont plus cléments.
Pour en connaître davantage, voir le texte de Pierre André intitulé : Un canard mandarin à Laval 16 avril 2021. natureenvironnementblog.ca/2021/04/16/un-canard-mandarin-a-laval