C’est connu : le commerce de détail, et particulièrement les micro entreprises, espèrent toujours pouvoir engranger des surplus dans la période faste des Fêtes de fin d’année. C’est parce qu’un monstre terrifiant nous attends au tournant et j’ai nommé « Janvier ».
Janvier nous glace le sang, nous fait faire des cauchemars, nous pousse vers d’abyssales réflexions quant aux objectifs financiers, aux projets d’expansion de l’entreprise et à la restructuration conseillée par le comptable. Janvier est froid, sans émotion, exténué et vide. Il souffle son haleine de frima sur un inventaire incertain, il s’installe bien droit devant la porte des magasins et fait fuir nos chers clients dans le Sud. Ou il leur susurre le montant de leurs dettes. Il leur rappelle leurs excès de décembre et tout cela, sans aucune considération pour le petit, tout petit commerçant qui grelotte.
Dans une bonne gestion, les coffres devraient être suffisamment pleins pour palier aux mois de vache maigre des débuts d’année. Mais bien sûr. Sauf que. Sauf qu’en décembre 2023, ce n’était pas aussi festif que souhaité. L’esprit de Noël s’est fait attendre jusqu’à la dernière minute et m’a appelé à la prudence. En ce qui me concerne, je crois ne pas avoir fait de dépenses immodérées pour la boutique. Au moment où j’écris ces lignes, j’entrevois encore une lueur d’espoir que la semaine de Noël soit fructueuse. Parce que sinon. Sinon…
Sinon Janvier aura eu raison des moindres économies et je me demanderai si je dois continuer à tenir mon café, à servir à manger, à sélectionner les produits chez les artisans pour que tout au long de l’année vous puissiez vous régaler. Ce n’est pas de la magie. C’est directement relié : pas de client, pas de vente, pas de Chez Hippolyte Café&Boutique. Et cette équation vaut pour tous les commerçants de la région, tous les restaurants, tous les artisans.
En même temps, demeurant solidaire avec tous les grévistes, empathique envers tous ceux qui ont moins de moyens, totalement et éperdument de tout cœur avec ces petites familles qui vont se serrer la ceinture pour réduire leur dette et équilibrer leur budget, je ne peux que me tourner vers mon petit bonheur et soupirer.
Soupirer d’un sentiment du devoir accompli. J’ai trouvé que ma boutique était magnifique. J’ai aimé chaque produit vendu, fière de sa qualité. J’ai fait travaillé cinq belles jeunes employées, leur permettant d’acquérir de l’expérience en plus d’un petit salaire. On a chanté, on a ri, on a mangé, on a échangé avec nos précieux clients.
Alors vous savez quoi? Janvier ne me fait plus peur. Qu’il ailler terroriser Amazon (on peut bien rêver!). Moi je vais vous accueillir en 2024, avec un sourire, un café et un sandwich.
De la musique qui vous fait voyager dans le temps.
Et avec beaucoup, beaucoup de bonne humeur.