De l’encre à l’alcool et de l’aquarelle à l’eau. Voilà avec quoi la Jéromienne Nicole Fouquette et l’Hippolytoise Sonia Vibert ont choisi de peindre les œuvres qu’elles nous présentent dans la salle multifonctionnelle de la bibliothèque jusqu’au 16 septembre.
Nicole Fouquette
Nicole Fouquette a commencé à peindre il y a plus de trente ans. Au cours des années, elle a exploré différents médiums : d’abord l’huile puis l’aquarelle, ensuite l’acrylique et la linogravure. Elle nous présente maintenant ses peintures à l’encre à l’alcool, un type de peinture fluide qui gagne en popularité. Nicole travaille avec des encres à l’alcool et de l’alcool à 99 %. Son style aussi s’est modifié au fil des ans. Ses tableaux à l’huile et à l’aquarelle étaient très figuratifs. Avec l’acrylique, c’est devenu plus vaporeux, explique-t-elle. Avec l’encre à l’alcool, elle s’est tournée vers la peinture intuitive.
L’abstrait lui a fait découvrir une liberté de mouvement et une spontanéité qu’elle adore. Mais elle mentionne que ça ne l’empêche pas de voir des personnages dans ses toiles. « Je suis allée aux îles de la Madeleine, explique-t-elle. Je photographiais des falaises. Rendue chez moi, j’ai mis ça sur ordinateur. J’ai sorti une feuille et j’ai découvert huit personnages! » Elle expose d’ailleurs des peintures dans lesquelles il est possible de découvrir plusieurs paréidolies.1 Mais ce n’est jamais volontaire, précise l’artiste. « Lorsqu’on a accroché Dans la caverne, un ami y a vu un petit personnage rouge. En riant, il m’a dit Où est Charlie ? »
Lorsqu’elle peint, Nicole se laisse d’abord guider par les textures. Puis la couleur. Une étape qui, révèle-t-elle, l’emmène ailleurs. Et la consistance fluide de l’encre à l’alcool lui permet de faire des amalgames et des superpositions. Dans les œuvres qu’elle nous présente, les couleurs vives éclatent sous forme d’ondulations, de spirales, de cercles, de taches, de marbrures et d’autres motifs. On y découvre la légèreté de l’encre en mouvement!
Sonia Vibert
Sonia Vibert a commencé toute jeune à faire de la peinture. « J’ai toujours eu un pinceau ou un crayon dans les mains », dit-elle. Ensuite la vie professionnelle l’en a éloignée. Puis, il y a trois ans, « j’ai eu cet éclair de génie de retrouver mes pinceaux. Je n’ai pas d’atelier. J’ai donc choisi de peindre à l’aquarelle pour des raisons pratico-pratiques. C’est très rapide de s’installer, de se désinstaller et de nettoyer ».
Ce passe-temps a pris de plus en plus d’importance dans sa vie. « C’est un moyen personnel et authentique de m’exprimer. C’est comme une voix, une signature. Depuis que j’ai retrouvé cette voix-là, je ne pourrais plus m’en passer. » Sonia confie qu’elle a été élevée à Sept-Îles, sur le bord de la plage et en forêt. La nature l’inspire. Elle a pu retrouver cette relation intime avec elle, ici à Saint-Hippolyte. Plusieurs de ses tableaux sont directement inspirés du lac de l’Achigan et du lac Connelly. Elle aime le minimalisme : peu de gestes pour un maximum d’effets. Elle suggère des formes et elle crée une atmosphère en traçant le moins de traits possible. L’aquarelle lui permet d’obtenir un rendu un peu flou en une seule couche de peinture. Pour elle, la lumière est fondamentale, comme le yin et le yang. Sonia la fait briller sur l’eau, le ciel, les arbres, ce qui les fait émerger de la toile. Sa peinture, épurée, devient aérienne. Sa transparence lui confère, tout en finesse, une délicatesse apaisante.
Médiums
On nous présente souvent des peintures à l’acrylique et à l’huile. Peu d’occasions nous sont offertes de découvrir des œuvres qui utilisent l’encre à l’alcool et l’aquarelle. Le talent de ces deux artistes, combiné au médium qu’elles ont choisi d’utiliser, réussissent à ouvrir de nouvelles avenues à la création.
- Paréidolie : tendance instinctive à trouver des formes familières, humaines et animales, dans des peintures abstraites.