C’est le 12 août que la scène extérieure du Centre de plein air Roger-Cabana accueillera l’auteur-compositeur et interprète Vincent Vallières. Dès 21 h, l’artiste viendra à la rencontre des gens afin de partager ses plus belles créations avec nous.
Avec sa guitare et son band, il saura sûrement nous offrir une soirée mémorable. Plusieurs activités et présentations sont au programme durant cette journée qui débute à 17 h où toute la famille est conviée afin de se divertir.
Une entrevue avec un artiste engagé
Quelques semaines avant ce traditionnel Pic-Nic en Musique, j’ai pu m’entretenir avec Vincent qui est la tête d’affiche de cet évènement. Notre échange m’a permis d’en apprendre un peu plus sur cet artiste engagé, mais aussi de connaître ses impressions avant sa venue dans notre région hippolytoise. C’est un plaisir d’offrir à nos lecteurs cette entrevue qu’il m’a gentiment accordée.
M.T. Vincent, lors du Pic-Nic en Musique, tu viendras clôturer les festivités. Est-ce ta première visite dans nos belles Laurentides ?
V.V. Non, au fil des années j’ai souvent joué dans les Laurentides. Mais à Saint-Hippolyte, c’est la première fois.
M.T. Personnellement, j’ai déjà eu le plaisir de te voir en spectacle et à l’opposé de ce qu’on entend sur les ondes, le son du rock y est plus présent… lors du Pic-Nic, iras-tu vers ce style musical ?
V.V. Il y a plusieurs balades que le public connaît, mais il y a aussi beaucoup de chansons rock qui ont jalonné mon parcours et que nous mettrons de l’avant avec beaucoup de plaisir avec mes cinq musiciens et musiciennes sur la scène.
M.T. Est-ce que de te produire sur une scène extérieure, c’est plus grisant que d’être sur la scène d’un théâtre ?
V.V. Honnêtement, non. C’est différent, mais c’est toujours vraiment agréable de chanter dehors par les beaux soirs d’été. Même s’il ne fait pas toujours beau ces temps-ci (rires), on va se croiser les doigts. C’est quelque chose que j’apprécie de chanter devant beaucoup de gens qui viennent nous écouter et qui chantent avec nous. Mais je ne peux pas dire que je préfère cela à l’intimité d’un spectacle en salle, j’aime les deux.
M.T. Le 12 août, lors de ta venue parmi nous, je présume que tu nous offriras quelques titres de ton dernier album Toute beauté n’est pas perdue paru en 2021 ?
V.V. Oui, évidemment qu’on présente des chansons de ce disque-là, dont plusieurs ont joué à la radio et le public les connaît. Et aussi, on remonte dans le temps à travers les différents disques que j’ai produits. Mes plus vieilles chansons qu’on joue remontent à 2003, mais j’ai commencé ma carrière en 1999. Il y a une partie du grand public qui m’a découvert en 2009, mais avant cela, mes disques précédents se sont vendus de 30 à 40 000 copies, ce qui était de très bons chiffres de vente à cette époque. Je faisais peut-être moins de télé, donc les gens me connaissaient moins à ce moment-là.
M.T. Sur ce dernier album, on y retrouve la magnifique Elle n’entend plus battre son cœur et à son écoute, on y ressent bien la fragilité de l’équilibre émotionnel qui habite le personnage et c’est aussi un sentiment très actuel. Qu’est-ce qui t’a inspiré cette composition ?
V.V. C’est inspiré par des gens très proches autour de moi qui ont vécu ce genre de difficultés, soit des ruptures ou des moments de doutes importants. Parfois, au milieu de la vie, on se demande : est-ce que je suis vraiment à la place où j’ai envie d’être, etc. ?
M.T. Quand on écoute ton album Toute beauté n’est pas perdue, on constate que le titre justifie tes chansons et qu’à travers elles, il y a de l’espoir pour les situations difficiles de la vie. Dirais-tu que tout est relié ?
V.V. Oui, le volet de présenter des personnages qui vivent des réalités moins évidentes c’est une chose, mais je trouve important de laisser poindre une lumière au bout du tunnel. D’où l’idée du titre de l’album et de la structure des chansons. Car la période que l’on traverse collectivement n’est pas évidente tant au niveau personnel, social et écologique et ils sont interreliés. On voit aussi que cela change notre quotidien, et malgré tout cela ,il faut être capable d’être bien ensemble et je pense que la musique peut être ce moteur-là qui rassemble les gens.
M.T. À l’écoute de Heille Vallières, tiré du même album, on a l’impression que tu te dévoiles plus ou que tu es plus vulnérable. Parle-moi un peu de cette composition.
V.V. Oui, c’est vrai. Cela recoupe un peu la question de la précédente chanson quand je l’ai écrite. Est-ce que j’ai encore du plaisir à faire ce que je fais, est-ce que je suis encore prêt à tout donner, à tout investir ? Avoir une tribune est un privilège et non un droit acquis.
M.T. Donc tu te questionnais ?
V.V. Oui, beaucoup dans les dernières années par rapport à la pertinence du travail, aux idées que j’amenais. Cela ne m’a jamais empêché de progresser et il est sain d’avoir ces réflexions. De penser que l’on mérite ce que l’on a, que c’est normal, etc., cela peut s’avérer embarrassant de penser cela. Il n’y a rien de normal dans cette chance que j’ai depuis 20 ans de vivre de ma musique. Je me répète, mais c’est une grande chance et un privilège et en échange, il faut l’honorer.
M.T. Oui, c’est une chance que tu as Vincent, mais tu as le talent…
V.V. C’est un mélange des deux, mais ce qui définit notre place dans le temps, c’est la trace qu’on laisse, l’énergie qu’on y met. Pour moi, c’est ce qui fait la différence.
M.T. Avec À hauteur d’homme que tu nous offrais en 2017, on ressent bien que tu es un gars de famille. Dirais-tu que les paroles nous rappellent que de savoir d’où l’on vient nous aide à nous définir en tant que personne ?
V.V. Oui effectivement ! C’est quelque chose qui est venu plus tard dans mon cheminement musical de parler de mes racines. Ce genre de chanson est une façon de rendre hommage à ceux qui m’ont entouré et qui ont contribué à bâtir la personne que je suis devenue et que je continue à devenir.
M.T. Sur ton album Fabriquer L’aube paru en 2013, on y entend entre autres Lili et quelques années plus tard, on te voit l’interpréter avec ta fille Lili. Comme papa, tu as dû être émotif de partager ce moment-là avec elle ?
V.V. Oui. En fait au moment de l’écriture de cette chanson, elle était toute petite, aujourd’hui, c’est une jeune adulte et quand on a chanté cela ensemble, ce n’est pas un moment que j’espérais ou que j’attendais. C’est comme un cadeau que la vie m’a donné que mes enfants aiment écouter de la musique et en jouer. Ce n’est pas quelque chose que l’on pousse, cela vient naturellement. Au-delà d’en faire un métier avec la musique, on peut exprimer toutes les émotions, du bonheur, de la peur ou du malaise, etc., cela devient une zone intéressante pour plonger à l’intérieur de soi et apprendre qui on est. Durant mon adolescence, j’ai passé beaucoup de temps à jouer de la guitare et à chanter et je crois que cela a eu un effet thérapeutique.
Quelques questions en rafale pour Vincent
M.T. Qu’est-ce qui te rend heureux ?
V.V. Écouter de la musique, lire, passer du temps avec ma famille et les amis.
M.T. La musique qui t’apaise ?
V.V. Il y en a beaucoup, mais celle qui m’apaise le plus c’est celle de Leonard Cohen, comme celle sur son album You Want It Darker. C’est un grand disque qui parle simplement de choses très importantes.
M.T. Ton auteur ou autrice préférée ?
V.V. Cette année j’ai découvert l’autrice Dominique Fortier. J’aime beaucoup sa plume et sa sensibilité.
M.T. Que souhaites-tu pour tes enfants ?
V.V. De mener une vie pleine et de suivre leur instinct et de profiter de chaque étape.
M.T. Ce qui te rend le plus fier ?
V.V. C’est une bonne question… je suis content d’avoir réussi à garder une sorte d’équilibre dans tout ce que j’aime dans la vie et d’avoir préservé ma famille, mes enfants.
M.T. Si tu avais un seul souhait à réaliser…
V.V. Je n’ai pas vraiment de souhait, j’aime bien les choses concrètes. Ce que je fais est intimement lié à la personne que je suis, pour moi c’est poursuivre la route de l’artisan.
M.T. Ce qui te dérange ?
V.V. Mon incapacité ou la difficulté que j’ai à changer. Il faut changer des habitudes d’un point de vue individuel et collectif, ce n’est pas quelque chose qui est simple.
M.T. Quelle est la chanson que tu aurais aimé écrire ?
V.V. Encore là, je reviendrai à Cohen ou bien à Dylan. Parmi les très grandes chansons, pour n’en nommer qu’une, je dirais We All Shine On (Instant Karma) de John Lennon.
M.T. Quels sont tes projets ?
V.V. Je fais des spectacles cet été et je vais me remettre à l’écriture cet automne.
M.T. As-tu hâte de venir dans notre ville, de rencontrer les Hippolytois ?
V.V. Oui j’ai hâte, quand j’étais plus jeune un de mes oncles avait un chalet à Saint-Hippolyte et on faisait du ski de fond. C’est une des régions où je n’ai pas tant d’habitudes, car je viens de l’Estrie, ce sera donc encore plus intéressant d’y aller.
C’est un rendez-vous !
Je remercie Vincent pour ce bel échange empreint d’authenticité. L’édition 2023 du Pic-Nic en Musique sera bonifiée par sa présence en compagnie de son band composé de :
Michel-Olivier Gasse à la basse, Amélie
Mandeville à la basse, guitare, percussions et voix, Sheenah Ko aux claviers et voix, Vincent Carré à la batterie et André Papanicolaou à la guitare. En conclusion, je ne pouvais passer sous silence ce méga succès que Vincent nous offrait en 2009 avec On va s’aimer encore qui est dans notre mémoire collective. Il m’a confirmé qu’il a toujours envie de la jouer et ce, avec beaucoup de plaisir. Si en tant qu’artiste il se considère chanceux que le public l’apprécie autant, en parallèle on peut affirmer que sa présence et son talent font de lui qu’on va l’aimer encore et pour longtemps !
Pour infos : vincentvallieres.com