C’est le 27 mai que l’unique Daniel Lavoie est monté sur la scène du Théâtre Gilles-Vigneault. La salle comble, démontrait bien que l’univers musical de cet auteur-compositeur- interprète et musicien est toujours très apprécié. Afin de souligner les 40 ans de l’album Tension Attention, l’artiste revient après une absence de six ans et ce pour le plus grand plaisir de tous.
Sylvie Paquette en première partie
Auteure-compositrice et interprète Sylvie Paquette nous offre quelques-unes de ses compositions extraites de son dernier album Je resterai tout près. Depuis près de 30 ans elle évolue sur la scène québécoise et ce 7 ième album a vu le jour l’an dernier. À travers ses textes parsemés de poésie on perçoit une belle sensibilité et sa voix nous charme tout autant. En introduction elle nous offre Tam-Tam tiré de l’album du même nom (2007) et elle nous mentionne que c’est Daniel Bélanger qui en a signé la réalisation. Durant sa prestation on ressent l’aisance de Sylvie sur la scène tant par ses propos teintés d’humour que l’échange qu’elle établit avec le public. Elle nous dit « Je suis l’apéro du show » et effectivement on a bien envie d’entendre la suite. Avec Je resterai tout près (2022) ainsi que Le projecteur (2022) Sylvie nous offre une touchante interprétation puisque cette dernière composition fait référence à la perte d’un être cher nous confie-elle. En 2016 avec son album Terre Originelle elle s’est inspirée des écrits de la grande poète Anne Hébert qui aurait plus de 100 ans cette année. Quelques autres titres furent présentés, mais avec Ton visage de l’unique Jean-Pierre Ferland et que Sylvie a endisqué, elle nous offre une magnifique interprétation guitare et voix. Des applaudissements bien mérités témoignent du plaisir d’avoir fait une incursion dans l’univers musical de cette artiste.
Attention …voici Daniel Lavoie !
Les spectateurs accueillent chaleureusement Daniel Lavoie qui avance d’un pas aussi noble que sa plume. En guise d’ouverture il nous offre J’ai quitté mon île apparaissant sur son premier album (1975) et qui est devenu un merveilleux classique. Les paroles de sa prochaine chanson le disent bien, il est né et il a grandi sur les plaines du Manitoba alors avec Jours de plaine (1990) on se remémore ce beau texte. Il se fait un plaisir de nous présenter ses choristes Karine Pion et Émilie Pompa ainsi que ses fabuleux musiciens avec Jean-François Groulx au piano et à la direction musicale, Paul Brochu à la batterie, Mathieu Désy à la contrebasse et Laurent Guardo aux percussions. Un piano supplémentaire n’attend plus que Daniel remue ses doigts pour La Danse du Smatte et le public ravi appui le rythme effréné de ce succès de 1979 suivi de Boule qui roule de la même année. Il nous mentionne qu’il avait environ 24 ans lorsqu’il a composé Dans le temps des animaux et pourtant cela est assez actuel. Lors de la représentation, des faisceaux lumineux et colorés éclairent l’ensemble du théâtre, afin de mettre encore plus de l’avant les créations de Daniel. Il nous mentionne « pour moi c’est la musique avant tout. La prochaine chanson je l’ai écrite il y a près de 40 ans » et dès les premières notes on reconnaît Que cherche-t-elle ?
L’appel de la musique
« C’est la musique qui m’a choisi » voilà quelques sages paroles de l’artiste accompli qu’est Daniel Lavoie. Quand il poursuit au piano avec l’inoubliable Je voudrais voir New York, la salle l’accompagne avec un plaisir évident. Avec Où la route mène paru sur un album compilation en 2008, il laisse un espace-temps à chacun de ses musiciens afin qu’à tour de rôle ils nous démontrent leur savoir-faire. La voix de l’artiste toujours aussi riche et juste reprend ses droits avec Qui sait ? Par la suite, Daniel nous charme avec Belle (1998-99) son Esmeralda, celle pour qui il personnifiait Frollo ce célèbre archidiacre que l’on retrouvait dans la grande comédie musicale Notre-Dame de Paris, inspirée du roman de Victor Hugo. Ce grand écrivain français a bouleversé la vie de Daniel et de bien d’autres personnes nous précise-t-il. La voix de ses choristes se joignent à lui en alternance pour la partie féminine de la chanson. Il est à noter que Notre-Dame de Paris est en tournée pour son 25 ième anniversaire. En 1995 il nous chantait Je pensais pas et ce soir après nous l’avoir interprété il s’adresse au public en disant « je suis fier que certaines de mes chansons se rendent jusqu’à vos cœurs ». En 1984 l’album Tension Attention (1983) a remporté plusieurs prix dont trois Félix. La fébrilité est encore au rendez-vous 40 ans plus tard quand Daniel nous offre Tension Attention tout en faisant danser les notes de son piano. Les spectateurs font figure de chorale en l’accompagnant vers la magnifique Ils s’aiment qui résonne toujours en nous en ces temps houleux. L’artiste nous raconte que durant son enfance il avait un oncle fermier qui écoutait la musique de Jimmie Rodgers. La pandémie lui donna envie de créer un style country-folk influencé par les années 30, alors il concocta Scrub Oak-The Dog and The Moon, un album anglophone dont il nous donne un avant-gout ce soir.
Un spectacle à chérir
Plusieurs autres titres furent au programme de cette belle soirée. Voir un spectacle de Daniel Lavoie est une occasion sans pareille de se laisser bercer et émouvoir par ses belles mélodies et de partager son univers musical. Afin de boucler la boucle il nous chante quelques phrases de J’ai quitté mon île. Mais il ne nous quitte pas immédiatement car suite à une ovation de plusieurs minutes, il a la générosité de nous présenter trois dernières compositions. Daniel souligne Les Productions Martin Leclerc et la mise en scène de Michel Poirier qui sont responsables de sa présence parmi nous. Ce soir les spectateurs garderont le souvenir d’un artiste francophone parmi les plus appréciés, dont le raffinement n’a d’égal que le talent.
Pour infos : lavoiedaniel.com
www.theatregillesvigneault.com
Crédit photos : Courtoisie
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