Durant la période migratoire, il arrive que nous nous trouvions à l’extérieur, témoins privilégiés du passage d’un attroupement d’oiseaux au-dessus de nos têtes. Ces instants peuvent se produire aussi bien à l’automne qu’au printemps. Et certains oiseaux claironnent avec entrain et détermination, ce qui nous permet de bien les voir.

 

De la famille des Gruidés

Voir des Grues du Canada dans le ciel printanier est un spectacle saisissant. Si on regarde rapidement, ces oiseaux ressemblent au Grand Héron en plein vol, mais ils ne replient pas le cou une fois dans les airs. De plus, ils font souvent quelques pas de course sur le sol avant de s’envoler comme s’ils avaient besoin de prendre leur élan. La Grue du Canada pèse 5 kg (c’est deux fois plus que le poids du Grand Héron!) et mesure 1,2 m tandis que son envergure est de 1,8 à 2,1 m. On reconnait cet oiseau par la couleur grisâtre de son plumage, par sa joue pâle, sa calotte rouge et son bec fort et foncé.

 

Tout près de Picton, Ontario

Je connais un endroit en Ontario, tout près de Picton, où niche immanquablement la Grue du Canada. L’endroit se nomme Beaver Meadow.1 C’est un grand marais peu profond, ceinturé d’arbustes et de quenouilles où plusieurs espèces d’oiseaux aquatiques peuvent être vus au temps de la nidification en mai. J’y retournerai cette année et aurai la chance de contempler cet oiseau que j’affectionne particulièrement. La sous-espèce présente en Ontario et au Québec est la variété plus petite de la Grue du Canada (appelée en anglais Lesser ou Northern). Parfois, en plein été, on remarque que ces oiseaux ont les plumes du dos et du ventre rousses. Ceci est dû à leur alimentation. Comme les grues fouillent la vase de leur bec afin d’y retirer des pousses de plantes, des insectes et des mollusques, l’eau parfois ferreuse tache leur plumage d’une couleur ocre.

 

De plus en plus présente au Québec

Au Québec, la Grue du Canada est de plus en plus observée. Elle est surtout abondante beaucoup plus au nord, en Abitibi, au Témiscamingue jusqu’aux abords de la baie James. Cette espèce niche dans la toundra, les tourbières et les grands marais peu profonds. On pense qu’il y aurait 75 000 individus de Grues du Canada dans l’Est canadien qui, pour la plupart, vivraient en Ontario. D’après le Deuxième Atlas des oiseaux nicheurs du Québec, entre 1984 et 1989, aucune nidification probable de la Grue du Canada n’a été répertoriée dans la province. Et entre 2010 et 2014, 103 nidifications probables ont été enregistrées! Et l’espèce atteint maintenant la région du Lac-Saint-Jean vers l’est… C’est donc dire que les effectifs de la Grue du Canada continueront d’augmenter dans les années à venir.

 

Migration automnale

Après avoir emprunté leur route migratoire en octobre ou en novembre, les Grues du Canada iront s’installer plus au sud, soit aux États-Unis ou au nord du Mexique. En hiver, elles se nourriront de grains qui jonchent le sol dans les champs cultivés. C’est à la fin de février que les Grues du Canada se rassembleront et elles demeureront ensemble tout le mois de mars. C’est aussi à ce moment de l’année que les couples se formeront.

 

Et avant la remontée vers le nord…

Les sous-espèces qui migrent vers le nord se réuniront au Nebraska, sur une distance de 128 km le long de la rivière Platte.2 Une des caractéristiques les plus impressionnantes des grues, c’est la pariade amoureuse du couple qui a lieu dans cette halte riveraine du Nebraska. Cette pariade est agrémentée de salutations entre mâles et femelles, de danses gracieuses et de vocalises gutturales formées de notes roulées et claironnantes que l’on pourrait traduire par Karroo! Ces manifestations souderont les liens du couple qui sera lié pour la vie. À la fin de mars ou au début d’avril, la remontée vers le nord, vers le Canada ou l’Alaska, commencera. Les couples retourneront dans leur lieu de prédilection et choisiront l’emplacement du nid.

 

Le choix d’un nid

Les couples de grues arriveront en Ontario ou au Québec en avril ou dans la première semaine de mai. Ils choisiront l’emplacement du nid. Ils l’installeront sur un monticule directement sur le sol ou sur un îlot flottant. Ils y ajouteront quelques branches ou des tiges de plantes et tout sera prêt pour y pondre les œufs. En fait, parfois la Grue du Canada n’en pond qu’un seul, sinon au plus deux œufs. Les jeunes arboreront un plumage différent de celui des adultes. Ils auront la tête et le cou de couleur cannelle et le dos brun-gris. Dès leur sortie de l’œuf, ils pourront déjà courir ou bien nager.

 

  1. Beaver Meadow Conservation Area est un site à explorer tout près de Picton. On pourrait traduire Beaver Meadow par Prairie au Castor
  2. La ville de Kearney, au Nebraska, est considérée comme étant la capitale nationale de la Grue du Canada. Voilà un endroit que j’aimerais bien visiter un jour…