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Duo Philippe Gagné et David Jacques : le baroque à son apogée

Prenez un guitariste chevronné, adjoignez-lui un ténor réputé. Si la bonne fortune vous sourit, vous assisterez à une représentation du duo Philippe Gagné et David Jacques. Ils étaient à Prévost le 29 janvier, présentés par Amal’Gamme.

 

Tous deux se connaissent depuis 25 ans. Ils ont combiné leurs talents pour jouer en duo à maintes reprises. Le spectacle Caramba! proposait un répertoire baroque des 18e et 19e siècles : des pièces autant espagnoles que sud-américaines.

 

Philippe Gagné

Toutes les chansons du programme ont été interprétées en espagnol. Les artistes avaient eu la bonne idée de remettre aux spectateurs un feuillet avec, côte à côte, les paroles des chansons en espagnol et en français. « On a pensé que ce serait très pertinent, pour vous, d’avoir les traductions des textes parce que, à l’occasion, vous allez voir Philippe gesticuler. Comme ça, vous allez savoir un peu de quoi il parle! », a plaisanté David Jacques.

 

Tous les textes tournaient autour d’un seul sentiment, l’amour : l’amour déclaré, l’amour contrarié, l’amour tourmenté ou désespéré, l’amour incompris, l’amour rejeté, l’amour éphémère ou éternel. Philippe Gagné a exprimé avec justesse toutes les ardeurs et les nuances de la passion amoureuse.

 

Il a indiqué que, pour lui, chanter représente plus qu’une simple production vocale, que c’est un don de soi. Il en a fait la preuve ce soir-là. Ses notes pures et intenses enrobaient la salle. Il est parvenu à transmettre toute une gamme d’émotions au public. Les changements d’intonation ainsi que la modulation de son timbre de voix mettaient en relief sa grande sensibilité.

 

David Jacques

David Jacques présente une de ses guitares.

Le public a profité du jeu du guitariste David Jacques, mais aussi de ses larges connaissances des guitares anciennes. Il en possède d’ailleurs une impressionnante collection. Il a donné le ton à la soirée en déclarant « les seules et uniques, les pures et dures et des vraies espagnoles sur la scène aujourd’hui, ce sont mes deux guitares! » Déjà, il les mettait à l’honneur. On a ensuite pu ressentir tout le respect qu’il leur prodiguait à la façon dont il les a maniées et caressées par son jeu. Il a expliqué leurs origines et leurs caractéristiques. Sa manière de raconter, ponctuée d’anecdotes, a charmé l’assistance autant que l’ont fait ses interprétations musicales.

 

 

La première date de 1832, une originale faite par Luis Panormo. C’est ce luthier qui a popularisé la guitare espagnole en Europe au 19e siècle, détrônant la guitare romantique qu’on utilisait jusque-là. La deuxième a été construite en 1887 par Antonio de Torres. Celui qu’on décrit comme le plus grand luthier de tous les temps en Espagne. Il est le créateur du modèle de guitare qui porte aujourd’hui le nom de guitare classique. Chacune possède sa propre sonorité. Il les a mises en valeur à tour de rôle en choisissant un répertoire caractéristique. « Parce que chacune a une histoire à raconter! », a-t-il précisé.

 

David Jacques est un musicien virtuose, reconnu dans certains milieux comme une sommité mondiale de la guitare ancienne. Qui mieux que lui pouvait en dévoiler toutes les richesses ? Ce soir-là, il a captivé le public en interprétant avec doigté des pièces baroques inédites, d’abord oubliées, puis redécouvertes dans les archives.

 

Parenthèse

Alors que dehors sévissait une tempête de neige, une éclaircie s’installait dans la salle. Un autre climat, une autre époque.

Photos : Lyne boulet