Dernièrement, j’ai visionné une vidéo de monsieur Christian Duval, co-propriétaire chez Garage Charlesbourg Certi-pro1, et j’ai eu envie de partager avec vous certains des points énoncés. On y parlait des idées reçues et de l’engouement pour l’électricité comme source d’énergie et ça m’a amenée à creuser un peu plus sur le sujet. Voici donc quelques mythes reliés à ce qu’on appelle l’« énergie verte ».
L’électricité n’est pas une source d’énergie
Tout d’abord, une première idée à clarifier : l’électricité n’est pas une « source d’énergie »2. Appelée aussi énergie « primaire », une source d’énergie est en fait disponible et utilisable telle quelle dans la nature. C’est le cas du pétrole, du charbon, du gaz naturel, de l’uranium, du vent, de l’hydraulique, de la biomasse, du rayonnement solaire et de la géothermie. Les éclairs ou l’électricité statique, les exemples d’électricité dite « naturelle », ne peuvent pas être exploités dans cet état. L’électricité est plutôt une énergie « secondaire », le résultat de la transformation d’une énergie primaire. L’électricité, c’est donc un vecteur d’énergie. Elle peut être transportée sur de longues distances, mais on ne peut pas l’emmagasiner pour plus tard, c’est pourquoi elle voyage dans un réseau électrique pour être convertie en lumière, chaleur ou applications mécaniques selon nos besoins.
Les sources d’énergie électrique
D’où vient donc l’électricité ? Au Canada en 2019, l’électricité provenait principalement de l’énergie hydraulique ou marémotrice (60 %). Le reste était réparti comme suit : uranium (15 %), gaz naturel (11 %), charbon (7 %), éolien (5 %), biomasse et géothermie (1 %), pétrole (0,6 %) et solaire (0,3 %)3. En fait, elle émane soit d’une énergie fossile, limitée ou renouvelable. Les énergies fossiles (ou hydrocarbures) proviennent des matières organiques emmagasinées sous terre. Le pétrole, le charbon et le gaz se forment si lentement qu’une fois épuisées, ces réserves ne pourront pas être remplacées. L’uranium, quant à lui, ne peut être considéré comme fossile de par sa composition, et même si on le trouve en quantité assez abondante sur Terre, il est difficile à exploiter financièrement, donc limité et non renouvelable.4
Les six catégories d’énergie renouvelable suivantes sont quant à elles intarissables ou se reforment rapidement :
- L’énergie solaire
- L’énergie éolienne
- L’énergie hydraulique ou hydroélectrique
- L’énergie biomasse
- L’énergie du sol (géothermie)
- Les énergies marines (mouvement des marées, des vagues, des courants marins ainsi que les écarts de température des fonds et de la surface de la mer).
On cite souvent ces sources d’énergie comme « propres ». Qu’en est-il de l’électricité ?
Une énergie verte ?
Puisque l’électricité n’est pas une source d’énergie, on doit d’abord vérifier d’où elle provient. C’est la source qui détermine si l’énergie est propre ou non. Une énergie est qualifiée de « propre » ou « verte » si son utilisation n’émet que d’infimes quantités de polluants comparativement aux autres sources. Nous avons vu qu’au Canada, l’électricité que nous consommons provient en grande partie de l’énergie hydraulique, mais également de combustibles fossiles ou limités comme l’uranium, le gaz naturel et le charbon. Puisqu’ils émettent des gaz à effet de serre (GES) lorsqu’on les brûle ou génèrent des déchets nucléaires dans le cas de l’uranium, l’électricité résultant de ceux-ci ne peut donc pas être qualifiée de « verte ». Les énergies renouvelables comme l’hydroélectricité engendrent moins de gaz à effet de serre et de polluants que les hydrocarbures. Par contre, une énergie renouvelable ne veut pas dire propre : même si elle se reforme rapidement, elle peut générer des déchets et causer du tort à l’environnement.
En effet, comme monsieur Duval nous le fait remarquer dans sa vidéo, une centrale hydroélectrique, c’est très polluant! Des écosystèmes complets ont été dévastés pendant des décennies pour construire les énormes barrages, sans oublier le transport de matériaux sur des milliers de kilomètres et les arbres abattus pour installer le réseau de câblage… Mais le pire, ce sont les gigantesques bassins de rétention qui sont nécessaires pour faire fonctionner la centrale. Leur mise en place détruit des milieux de vie, change le climat et tue des espèces animales, mais également la végétation, ce qui engendre une pourriture organique dans l’eau et crée du méthane. Ces réservoirs deviennent donc des émetteurs de gaz à effet de serre, en concentration 35 fois plus élevée que le CO2!
En résumé
À la lumière de tout cela, peut-on dire que l’électricité est « propre » ? Je ne crois pas, malheureusement. Par contre, privilégier l’utilisation des énergies renouvelables est quand même une solution qui peut apporter une amélioration, avec le temps. Il faut juste réaliser que ça ne changera pas le monde de façon révolutionnaire en réglant tous les problèmes…
Sources :
https://mtaterre.fr/dossiers/sur-la-route-de-lelectricite/
1 https://www.facebook.com/watch/?v=527372739134828
2 https://www.connaissancedesenergies.org/idees-recues-energies/lelectricite-est-une-source-denergie
3.https://www.cer-rec.gc.ca/fr/donnees-analyse/marches-energetiques/profils-energetiques-provinces-territoires/profils-energetiques-provinces-territoires-canada.html